• Les expulsés, à tort ou à raison, sont quand même fautifs Le match qui a opposé le Club Africain à son hôte la JS Kabylie, indépendamment de toutes les analyses technico-tactiques qui ont déferlé après la rencontre, appelle deux remarques que nous considérons de première importance. La première a trait au comportement des joueurs clubistes qui a été le moins qu'on puisse dire « héroïque » tel que l'a constaté un observateur étranger (le correspondant de notre confrère l'Equipe). Mais ce n'est pas de cet héroïsme qu'il s'agit. En effet, les joueurs de cette même équipe, que l'on a trouvé il y a à peine quelques semaines «en mauvaise condition», ont tenu le rythme et ont su répartir leur énergie tout au long de cette rencontre épuisante. Ils ont joué avec un moral, une concentration et une conviction qui ont convaincu les plus réticents. En quelques mots, ils ont refusé de donner raison à ceux qui étaient absents. Une équipe, c'est un tout, et à partir de cette logique, il y a toujours un moyen de suppléer à des absences, en acceptant d'aller au charbon. Les expulsés, à tort ou à raison, sont quand même fautifs. Alexis, malgré ses qualités physiques et techniques (qu'en fait-il une fois mis dehors ?), a encore une fois prouvé qu'il est toujours prêt à piéger son club par des réactions désordonnées, qui n'ont rien à voir avec un joueur «professionnel». C'est dommage qu'autant de qualités soient enrobées dans un emballage aussi frêle. On ne peut pas aller très loin en se comportant de cette manière, alors que l'on a senti dès les premières minutes que cela n'allait pas être facile avec cet arbitre. Comment se fait-il qu'il ne l'ait pas ressenti, lui qui était sur le terrain‑? Le cas de Souissi, que nous considérons encore comme le meilleur défenseur du pays à son poste, n'est, lui aussi, pas exempt de reproches. Son expérience nationale et internationale aurait dû lui dicter un meilleur comportement. Il prouve malheureusement qu'il garde encore des réflexes impulsifs, dont tout défenseur de métier se sépare pour éviter des fautes inutiles et…dangereuses. Avec le premier avertissement en poche, il aurait dû regarder à deux fois avant d'intervenir avec autant de fougue. La sortie de ces joueurs a quand même permis de découvrir les qualités cachées de l'équipe de Lechantre et… celles que nous reconnaissons de l'entraîneur clubiste, qui a su remettre sur le terrain, en dépit des conditions irréelles provoquées par l'homme en noir, une équipe de combat. Le Club Africain et ses joueurs ne peuvent plus nous fournir des prestations de moindre qualité. La seconde constatation a trait à l'arbitrage. Avec les prestations de Lhimoudi une semaine auparavant, et celle du triste acteur marocain (l'arbitrage de ces pays frères n'est pas en question), nous devons nous rendre à l'évidence : les problèmes de l'arbitrage ne sont pas seulement tunisiens. D'autres pays sont dans le même cas que nous, et nous devons être plus réalistes sous notre propre toit, avant de tirer des conclusions qui ne mènent à rien. Si l'on exclut la volonté délibérée de faire mal, de prendre ce qui appartient aux uns pour le donner sciemment aux autres par malhonnêteté morale, le problème n'est pas seulement de trouver des arbitres de qualité, mais c'est surtout d'avoir un public, des dirigeants et des joueurs, qui acceptent de reconnaître qu'une défaite ou un partage de points font partie du jeu. C'est plus difficile qu'on ne le pense.