Il y a une prédisposition à dénigrer l'arbitre, mis en cause avant, pendant et après le match On ne peut plus continuer ainsi : c'est ce que disent tous les dirigeants, les entraîneurs, les joueurs et, par-delà, les médias quand il s'agit de la question des arbitres en Tunisie. Le constat est plus que jamais évident. Les arbitres sont contestés par les clubs, les incidents se font nombreux que ce soit en Nationale A ou dans les divisions inférieures où les débordements sont encore plus graves. On en voit de toutes les couleurs. Aujourd'hui, le secteur de l'arbitrage connaît une crise de crédibilité. On n'a plus confiance, à tort ou à raison, dans l'arbitre tunisien. Plus encore : aucun arbitre tunisien ne sera présent dans le premier Mondial africain. Ce n'est qu'un constat amère de la réputation de l'arbitre tunisien à l'étranger. Interférences… Le problème est dû à trois raisons majeures. D'abord, des interférences dans la désignation et dans la gestion des affaires des arbitres. On ne remet pas en question la bonne foi des responsables du secteur, mais on déplore une certaine vulnérabilité. Malgré tous leurs efforts et leur bonne volonté, ces responsables favorisent les intérêts des grands clubs . Promouvoir l'arbitrage ne répond pas toujours à des critères scientifiques. De jeunes arbitres prometteurs ont vite rendu le tablier en l'absence d'un encadrement adéquat. La commission d'arbitrage a besoin d'une restructuration. Pourquoi pas alors de nouveaux visages et par conséquent un nouveau souffle ? Aujourd'hui encore, il y a une base de jeunes arbitres qui a gagné en expérience depuis trois saisons, et sur laquelle on peut bâtir un projet. Mais sommes-nous sûrs d'avoir les hommes qu'il faut aux postes de désignation, sachant que ce sont les mêmes personnes qui gèrent ce dossier depuis des années ? Personnalité La crainte pour des raisons diverses d'appliquer la loi vis-à-vis des fautifs sur le terrain fait aussi débat. Un grand nombre d'arbitres n'arrivent pas à gérer les circonstances du match et ne réagissent pas devant les écarts des joueurs, des entraîneurs et des dirigeants. Malheureusement, peu d'arbitres s'imposent sur un terrain «miné». On tombe alors dans la compensation. Il arrive souvent qu'un joueur ne soit pas sanctionné même s'il se permet d'insulter l'arbitre. Tout cela sans compter l'indifférence devant un jet de projectiles ou tout autre acte de violence. Les dirigeants impliqués Si l'arbitre est mis en doute, c'est que les dirigeants de clubs et les entraîneurs y sont pour beaucoup. On voit rarement un dirigeant avouer ses erreurs, un entraîneur assumer ses responsabilités après une défaite. Il y a une prédisposition à désigner l'arbitre, lui coller par la suite les raisons d'une quelconque défaite. Le jour où nos dirigeants accepteront le principe de la défaite comme faisant partie de la règle du jeu, l'arbitre aura moins de pression. Il est temps de repenser la structure de l'arbitrage en délimitant le territoire de chacun. Naceur Kraïem a beaucoup à faire pour redorer le blason de l'arbitre tunisien dans un environnement de plus en plus difficile à gérer.