S'ouvrir aux stadiers, c'est bien. Mais cela exige un profil et une formation particuliers C'est en 1990 que le Conseil de l'Europe a recommandé l'utilisation d'un corps autre que celui de la Police pour faire régner l'ordre et assurer la sécurité dans " l'enceinte réservée aux spectateurs". Le but était d'éviter de mettre la Police à contribution surtout dans les matches de coupes européennes et d'écarter toute provocation pouvant émaner d'un côté ou de l'autre. C'est ainsi que les stadiers ont été créés et formés pour "aider" les organisateurs dans l'application des règlements tout en assurant la sécurité des spectateurs. Une fonction qui vient compléter l'action de la Police, sans jamais la remplacer. En effet, la Police est toujours là, mais tel que l'a précisé l'attaché de presse du ministère de l'Intérieur, à l'issue d'une émission télévisée, elle commence par filtrer le public en aval, se positionne à l'extérieur du stade, le long de la main courante entourant la plateforme de l'aire de jeu. Elle est toujours prête à intervenir dans les cas extrêmes d'entrave à l'application des lois ou pour assister le stadier si besoin est. Mais la plupart du temps, c'est le stadier qui fait tout le travail. Un travail qui peut être comparé à ...celui d'un placeur dans un théâtre, un cinéma, ou n'importe quel autre spectacle. Et comme le football est spectacle… Les stadiers inspectent le stade avant, pendant et après le match, accueillent le public déjà filtré par la police, contrôlent les billets d'accès, orientent, renseignent et veillent à la sécurité des spectateurs dans le stade. Ce travail se fait à l'entrée comme à la sortie, qu'ils préparent en ouvrant au moment voulu les portes. Certaines équipes en accord avec l'adversaire du jour peuvent se faire accompagner par des stadiers pour veiller à leur propre public et ainsi aider l'organisateur (le club recevant). L'uniforme du stadier est facilement repérable aussi bien par la Police que par les organisateurs ou le public. Un public qui apprend à côtoyer le stadier, sachant qu'il est là pour simplement "organiser" le bon déroulement d'une rencontre. Dans de nombreux pays, les stadiers opèrent de manière bénévole. Ce sont dès lors des personnes attirées par l'aspect sportif et c'est une façon pour eux d'aider leurs clubs. Sinon ce sont des vacataires qui perçoivent un dû à la fin de la rencontre. Un corps de stadiers peut être formé par les deux échantillonnages. Les stadiers sont recrutés, puis formés, parmi les jeunes supporters, les étudiants, les employés en congé, les anciens agents de la sécurité ou de gardiennage, les anciens pompiers,etc. Leur profil correspondant à celui d'un agent de sécurité dont l'expérience est liée à la sécurité événementielle. Ils sont souvent plus expérimentés pour gérer la foule et l'agressivité qui parfois émerge à la faveur des rencontres footballistiques. Le vécu et les acquis de certains stadiers, l'expérience qui se développe débouche sur une culture générale des manifestations de masse qui devient très précieuse. La formation repose sur des éléments pratiques et psychologiques. Le stadier doit être à même de connaître le cadre juridique de ses interventions (ce n'est pas un policier!). Il doit reconnaître les objets interdits, savoir agir au sein du dispositif général mis en place, la technique de palpation de sécurité, l'inspection visuelle et la fouille des bagages à main. Il conservera en toutes occasions une nécessaire neutralité. C'est aussi un secouriste qui connaît les gestes de survie, qui maîtrise les méthodes de self-défense et qui est imbu des techniques de description et de signalement d'un individu. Il est quand même à remarquer que depuis 1990, ce sont les stadiers qui veillent à l'organisation des rencontres sportives partout en Europe et presque partout dans le monde. C'est là un argument important qui devrait inciter les clubs à former leurs corps de stadiers. Pour les institutions dont la spécialité est le gardiennage, cela représente un nouveau créneau. Il ne fait aucun doute que les clubs qui voudraient former leurs propres stadiers, récupéreront les dépenses engagées à la faveur d'un meilleur contrôle qui donnera forcément de meilleures recettes. Signalons que le Club Africain, à part le match joué face à l'Armée rwandaise, avait tenté cette expérience, il y a quatre ou cinq ans, mais qu'il a été contraint de l'abandonner en raison de refus de réciprocité de la part des clubs auprès desquels il se rendait en déplacement. Pour la FTF et pour les clubs, il est temps de se pencher sur cette question et de combler intelligemment cette période creuse pour former ces stadiers au lieu d'engager des paris sur le sexe des anges.