"Quels rapports entre l'Etat et le patronat et les salariés pour garantir les droits fondamentaux de tous, dans le cadre d'une économie fondée sur la répartition équitable des dividendes de la croissance", "L'égalité entre l'homme et la femme: quelles dynamiques‑? Quelles parties influentes ? Quelles garanties politiques, institutionnelles et juridiques ?", "La laïcité et la sécularisation institutionnelle", tels sont les trois thèmes fondamentaux abordés par plusieurs experts tunisiens et étrangers, au cours de la deuxième journée de la conférence sur la transition démocratique. L'atelier de travail consacré à la question des rapports entre l'Etat et le patronat et les salariés en tant que garantie des droits fondamentaux des différents intervenants dans le cadre de la répartition équitable des dividendes entre les individus et les régions, se propose d'instaurer un contrat social en Tunisie propre à déterminer les formes et les mécanismes de l'emploi et de la formation, à réglementer la relation entre les intervenants dans le domaine de l'emploi et à réviser les équilibres des caisses sociales. Les experts, participant à cet atelier et relevant de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), de la Fédération internationale des droits de l'Homme et de la Confédération générale de l'emploi (France), outre une pléiade de spécialistes en sciences politiques et juridiques et de militants des droits de l'Homme, ont mis en relief l'importance d'adopter des politiques et des approches innovantes permettant d'édifier une économie tunisienne compétitive, dotée d'une plate-forme diversifiée capable de résorber les demandes additionnelles d'emploi, notamment celles émanant des diplômés de l'enseignement supérieur. Ils ont, également, insisté sur la nécessité de renforcer la place de la femme dans la pyramide de la population active (qui représente actuellement 25%) en harmonie avec les orientations fondamentales qui ont distingué la société tunisienne moderne. Sur un autre plan, force est de relever que deux approches ont prévalu lors du traitement du dossier de la laïcité et de la sécularisation des institutions. Il s'agit de l'approche historique et de l'approche juridique, qui ont été étayées par des historiens, des spécialistes en droit et des militants dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Les intervenants ont évoqué la grande controverse qui existe aujourd'hui en Tunisie entre les élites intellectuelles, politiques et civiles sur la question, compte tenu de sa corrélation étroite avec la détermination de la nature du régime de l'Etat. Les participants à cet atelier ont essayé d'analyser les définitions relatives au concept de sécularité et de laïcité, s'interrogeant sur les contextes historico-culturels et politiques dans lesquels s'inscrivent la question de la laïcité et les spécificités de la sécularité à laquelle aspire la société tunisienne et les élites intellectuelles, de manière à ce qu'elle soit l'un des facteurs inhérents à la consécration de la liberté et de l'égalité dans ses différentes illustrations. Les intervenants ont fait observer que la définition des contours de la relation entre la religion et l'Etat, relève à la fois de la volonté politique et de la volonté du peuple, indiquant que la Tunisie avait connu, en se référant à la Constitution du 1er juin 1959, l'adoption de la tendance laïque, au niveau législatif et institutionnel et, notamment, dans les domaines éducatif et de santé. Bien que les participants au workshop sur l'égalité entre l'homme et la femme aient été unanimes à affirmer que les acquis de la femme tunisienne sont des lignes rouges à ne pas dépasser, tout comme l'avait souligné, jeudi, M. Béji Caïd Essebsi, à l'ouverture des travaux de cette conférence, certaines militantes dans les domaines des droits de l'homme et de la société civile ont exprimé leur crainte quant aux conséquences de la présence grandissante des courants nationalistes et fondamentalistes sur la scène nationale. Elles ont insisté, notamment, sur la nécessité d'établir un distinguo entre la religion en tant que croyance et l'exercice politique et l'organisation des institutions étatiques qui doivent faire référence au droit positif. D'autres questions ont été abordées dans le cadre de cet atelier, s'agissant, notamment, de l'impératif d'insérer dans le texte de la nouvelle Constitution des dispositions prévoyant l'égalité totale entre l'homme et la femme, en tant que garantie pour la consécration de pratiques sociales à même de conforter la présence de la femme dans le marché de l'emploi et de garantir sa présence dans les différents postes de décision et de direction.