Par Cdt Larbi ZARROUK Dans son dernier numéro 2533, Paris-Match a publié les photos des familles Ben Ali, Trabelsi et Matri, prises en 2008, 2009 et 2010. On y voit le faste et l'opulence des membres du clan maudit : Leïla, la «coiffeuse de Carthage» transformée en la Farah Diba d'Iran des années 60. L'ex-première dame se permettait le luxe d'emprunter l'avion présidentiel (?!) appartenant à la compagnie nationale Tunisair, pour rejoindre avec son fils une station d'hiver très huppée ou en été Saint-Tropez. Dans cette même revue, on voit aussi le dictateur offrant un tigre à son fils pour ses 3 ans (alors que les titis de Sidi Bouzid, Thala,…rêvent de beefteak qu'on offre à ce félin). Une autre photo et c'est l'anniversaire de ce fils en 2008. Cette fête de la «nativité» a coûté, cadeau immobilier compris, l'équivalent en deniers d'une prise en charge de 100 étudiants durant 5 années d'études. Le commun des mortels poserait cette question à Paris-Match: «Pourquoi maintenant ?» La raison est pourtant claire comme l'eau de roche, la revue a été payée gracieusement et grassement par ce pouvoir-brigand pour enterrer ces souvenirs. Ajoutons à cela les influences de certaines personnalités françaises qui venaient assouvir leurs vices de ce côté de la Grande Bleue. Le tour étant alors joué, motus et bouche cousue. Tout un «beau monde» a été l'ami de Ben Ali. Mitterrand, ce socialiste de façade, a reçu le raïs en grande pompe. Le gaulliste Chirac, en bon enfant, a pris la défense du tyran. Répondant à des journalistes inquiets de la férocité de ce régime : «C'est vrai, Ben Ali a un comportement musclé mais en Tunisie, la pauvreté régresse. On ne peut pas en dire autant en France». Il est vrai que Chirac, tel le père Fourass, du haut de sa tour, n'a vu que les hauteurs de Sidi Bou Saïd et les plages de Hammamet, à des milliers d'années-lumière de Kasserine et Gafsa… Que dire alors de Sarko, ce Paris (fils de Priam) français, convaincu par les propos de Frédéric Mitterrand, que le bénalisme est une forme d'humanisme ? Sarkozy, lorgnant la «Carla» tunisienne, a demandé à la crédule Michèle-Alliot Marie de proposer l'envoi de flics pour défendre l'«Hélène» de Tunis. C'est encore heureux que MAM n'a pas proposé la guillotine révolutionnaire. La France n'est pas la seule en Europe à s'être peu souciée des souffrances des Tunisiens. C'est aussi le cas des Etats-Unis, berceau de la démocratie, qui pour motif d'islamophobie (pourtant Ben Ali, après sa fuite s'est réfugié chez les wahabites), ont ignoré les câbles en provenance de leur ambassade à Tunis, qui dénoncent les dérives mafieuses et criminelles du clan Ben Ali-Trabelsi. Les locataires de la Maison-Blanche et du département d'Etat, par leur silence, se sont indirectement associés aux délits de ces voleurs, en ignorant, entre autres, ce mémo de leur ambassadeur en date du 13 juin 2008, qui disait explicitement «corruption en Tunisie, ce qui est à vous, est à moi». Toutes les émotions artificielles et les justifications-balivernes exposées devant les caméras de télévision ne ramèneront pas à la vie nos martyrs tombés au champ d'honneur. Occident, si vous voulez expier vos fautes, contribuez aujourd'hui à l'instauration en Tunisie d'une politique démocratique, juste et transparente, sans calculs ni arrière-pensées. Soutenez aussi notre économie pour le bien de l'ensemble de notre peuple, du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Un coup de pouce historique de l'Europe et des USA est la seule issue pour assurer la paix, la stabilité et l'égalité sur les rives occidentale et orientale de la Méditerranée. Le mensuel littéraire Lire a fait paraître ce mois-ci une photographie d'Ernest Hemingway, avec ce sous-titre : «Il y a cinquante ans, un géant disparaissait». A ta mort, Ben Ali, on dira: «Un minus a disparu». Eh oui, l'histoire ne pardonne pas !…