ARIHA, Cisjordanie (Agences) — Le Président russe Dmitri Medvedev a réaffirmé hier que la Russie avait reconnu un Etat palestinien indépendant en 1988 et que Moscou n'avait pas changé de position en dépit de l'éclatement de l'Union soviétique. Mais Medvedev, qui effectuait sa première visite en Cisjordanie occupée en tant que chef d'Etat, n'a pas explicitement annoncé que la Fédération de Russie reconnaissait l'indépendance palestinienne. "Nous nous souvenons que la Russie a été l'un des premiers Etats au monde à reconnaître l'Etat de Palestine en 1988", a dit son hôte, Mahmoud Abbas, lors d'une conférence de presse à Ariha. "La Russie a choisi il y a longtemps maintenant (...) Nous soutenions et nous soutiendrons le droit inaliénable du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Al-Qods-Est pour capitale", lui a répondu Medvedev. L'Union soviétique a reconnu un Etat palestinien en 1988, peu de temps après la déclaration d'indépendance de Yasser Arafat, accueillie très favorablement par le bloc communiste et les pays du Tiers-Monde mais qui n'a eu que peu d'impact sur les réalités politiques et diplomatiques. En parallèle, dans un geste symbolique, les Palestiniens ont hissé leur drapeau sur leur mission diplomatique à Washington pour la première fois hier, alors qu'ils continuent à faire pression pour obtenir une reconnaissance internationale. Cela complique les efforts de l'administration Obama visant à relancer le processus de paix au Proche-Orient. Lors d'une brève cérémonie, le drapeau rouge, vert, blanc et noir a été hissé devant le bâtiment de la délégation générale de l'OLP. Le responsable de la délégation a souhaité que ce geste aide les Palestiniens à recevoir davantage de soutien pour leur indépendance, avec ou sans un accord de paix avec Israël. Les Etats-Unis disent depuis longtemps qu'ils ne reconnaîtront pas un Etat palestinien sans la conclusion d'un accord, mais plusieurs pays l'ont déjà fait et les Palestiniens veulent obtenir un soutien plus important pour présenter leur dossier à l'ONU en septembre. Mais ces deux derniers mois, plusieurs pays latino-américains, dont le Brésil et l'Argentine, ont officiellement reconnu l'indépendance de l'Etat palestinien. De son côté, Benjamin Netanyahu a récompensé hier Ehud Barak de sa rupture avec le Parti travailliste en offrant des portefeuilles à quatre de ses alliés au sein du gouvernement israélien. Le ministre de la Défense a quitté son parti avec fracas avant-hier et annoncé la création d'une formation parlementaire baptisée Atzmaut (Indépendance) avec cinq de ses fidèles. Un accord de coalition a été immédiatement conclu entre la droite et Atzmaut. Ehud Barak, ancien général et soldat israélien le plus décoré, conserve son portefeuille de la Défense et quatre membres de son nouveau parti se voient offrir des fonctions ministérielles. Le cinquième obtient la présidence d'une commission parlementaire. Cette rupture au sein de la gauche israélienne est interprétée par Benjamin Netanyahu comme un signe de nature à renforcer la stabilité de son gouvernement de coalition dans lequel sont représentés les ultra-orthodoxes du Parti Shas. Le Likoud (droite) ne peut que se réjouir car ses adversaires travaillistes sortent affaiblis de cet épisode: Ehud Barak a entraîné à sa suite cinq des 13 élus que compte le parti à la Knesset. Malgré cette scission, le gouvernement d'union y conserve une confortable majorité, avec 66 députés sur 120 élus. Surtout, il se recentre sur ses bases traditionnelles à droite de l'échiquier politique. Le Parti travailliste a gouverné Israël de la fondation de l'Etat en 1948 jusqu'en 1977, avant de jouer un rôle important tant dans l'opposition que dans le gouvernement. Mais son soutien populaire s'est érodé au cours des dix dernières années en raison de l'échec connu par les grandes figures travaillistes, Yitzhak Rabin et Shimon Pérès, à faire aboutir le processus de paix dans les années 90. Ehud Barak a servi comme chef de gouvernement entre 1999 et 2001 avant d'être battu aux élections. Sa décision de rejoindre la large coalition proposée par Netanyahu au lendemain des législatives de 2009 lui a valu un rejet de la part de nombreux militants travaillistes. Les commentaires de la presse hier sont peu amènes envers lui. Le quotidien Haaretz parle "d'acte répugnant" tandis que Maariv juge que Barak a "anéanti ce qu'il restait de confiance dans le processus de pays et détruit le Parti travailliste".