L'Espérance, après avoir connu des sueurs froides, a su convaincre et gagner Aux grands maux, les grands remèdes. En alignant d'emblée une formation à fine allure, en dépit des absences d'Eneramo, Afful, Msakni, en faisant confiance à de nouveaux jeunes, plus compétitifs et en optant pour des choix tactiques appropriés, en fonction de l'adversaire du jour. En effet, en intégrant l'arrière Banana dans le dispositif défensif avec Hichri, et Korbi à sa place comme pivot et surtout en repositionnant Roger dans le couloir gauche, le coach «sang et or» a mis à l'aise ses joueurs et leur a fait éviter les risques d'erreur de placement et de confusion des rôles. Pratiquement, chaque défenseur savait qui marquer de près, quand effectuer une remontée offensive et que faire pour assurer la couverture et le soutien. De même, en optant pour Saber Khlifa en tant qu'avant de pointe et en chargeant le jeune attaquant Ben Hamouda — meilleur joueur sur le terrain — de ramasser les «secondes balles» et Darragi — en méforme — de les appuyer en phase de relance, Kanzari a donné au compartiment offensif plus de mobilité et de mouvement, surtout en seconde période. Il est à signaler, toutefois, que l'entrejeu «sang et or», constitué de Korbi, de Traoui et surtout de Roger en première période, a trouvé beaucoup de difficultés à contenir la furia des Marsois et annihiler leurs velleités offensives, et a pêché par excès de monopolisation de la balle ou de manque de clairvoyance dans la zone dangereuse. Commentant, en fin de rencontre, la prestation de ses protégés, Maher Kanzari n'a pas caché son entière satisfaction pour le rendement global de son équipe, tout en appelant les supporters «sang et or» à faire preuve de patience et à soutenir leurs favoris, surtout dans les moments difficiles. «Il faut avant tout savourer les trois points de la victoire qui nous permettent de garder notre distance par rapport à l'Etoile. Certes, nous n'avons pas été bons en première mi-temps. Notre milieu de terrain formé de Korbi, Traoui et Roger a manqué de conviction. Heureusement que nous avons rectifié le tir après la reprise. C'est tout à fait naturel que je continue à intégrer des jeunes doués qui devront confirmer leurs qualités au cours des matches dans un grand club tel que l'Espérance. Nous avons eu des difficultés parce que nous savions que l'ASM allait opter pour des contres dangereux. L'essentiel pour nous a été cette victoire qui démontre combien mes joueurs ont fait preuve de caractère et une volonté farouche pour renouer avec les succès». En attendant, force est de constater qu'en marquant deux buts face à l'ASM grâce au jeune Ben Hamouda et Roger qui a aggravé le score après une belle passe du jeune attaquant, l'EST a su renouer avec le succès après son revers à Gabès face à l'ASG lors de la dernière journée. De même, le fait de résister aux assauts marsois prouve, si besoin est, que quand le cœur y est, l'EST est capable de faire preuve d'intelligence tactique et de force de caractère. Côté marsois, les derniers résultats négatifs et l'arrivée du nouvel entraîneur Gérard Buscher semblent avoir pesé lourd sur la tête et les jambes de la plupart des joueurs, notamment les attaquants Letifi, Baker et Gharbi. L'ASM a présenté deux visages différents. La première mi-temps a été bonne. Les Marsois ont été très appliqués tactiquement et ont opté pour les contres. Cette stratégie a failli être payante, mais Naouara et sa défense étaient là pour annihiler les tentatives marsoises. Mais lors de la reprise et en dépit de deux occasoins nettes des visiteurs, les mouvements offensifs sont devenus lents et sans imagination. L'entrejeu n'a pas eu l'ascendant escompté : au niveau des duels et de la récupération de la balle, les Marsois ont confondu vitesse et précipitation. Les deux latéraux Klaï et Touati étaient occupés à surveiller les avants «sang et or» plutôt que de créer le surnombre au milieu du terrain, et étaient affaiblis par une condition physique assez précaire. Avec de tels arguments, un physique ébranlé, un milieu de terrain en manque de clairvoyance et une attaque inexistante, l'ASM ne pouvait pas aller loin. Le nouvel entraîneur Gérard Buscher en était convaincu : «Je ne peux pas faire des réajustements technico-tactiques au bout de trois séances d'entraînement. J'ai seulement indiqué certains principes de jeu et insisté sur le côté mental. Nous avons bien joué pendant une heure en ayant quelques occasions pour marquer, mais nous les avons ratées inexplicablement. On savait que l'EST traversait une mauvaise période, mais, sur la durée, les «Sang et Or» ont su exprimer leur meilleure qualité technique. Il faut dire que nous avons aussi fléchi physiquement. Maintenant, il faut gagner nos matches à domicile».