Les préparatifs en prévision de la 30e session du Sommet de la Ligue des Etats arabes qui se tiendra à Tunis le 31 mars sont entrés dans leur dernier quart d'heure. La Tunisie compte sur l'organisation d'une session exceptionnelle qui verra la participation de la majorité écrasante des rois et chefs d'Etat arabes. On table sur 6.000 invités dont un millier représenteront la délégation saoudienne. La qualité de la délégation saoudienne attendue à Tunis, qui sera conduite par le Roi Salmen Ibn Abdelaziz, témoigne de la solidité des rapports qui unissent la Tunisie à l'Arabie Saoudite, relations qui ont connu un nouvel essor à la suite de l'élection du président Béji Caïd Essebsi à la présidence de la République et aux visites réussies qu'il a effectuées à Riyad. Et au-delà de la confiance des pays arabes quant à la réussite de la Tunisie à faire du sommet de dimanche prochain un tournant dans le processus de l'action arabe commune, ce sont bien les dossiers que les participants auront à examiner qui importent le plus. Il n'échappe à personne que la délicatesse de la situation par laquelle passe le monde arabe exige d'accorder un intérêt particulier à des dossiers comme ceux de la crise interlibyenne, de la Syrie, de la guerre civile qui ravage le Yémen, des tiraillements entre les pays du Golfe et l'Iran, de la cause palestinienne et du dossier du Soudan. La Syrie attendra encore Et bien avant que les travaux du sommet ne démarrent, s'est posée la question suivante : la Syrie participera-t-elle au rendez-vous de Tunis? La Tunisie a-t-elle pris la décision d'inviter le président Bachar Al Assad à prendre part au sommet ? La réponse ne s'est pas fait attendre dans la mesure où Khemaïes Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, a tenu, à plusieurs reprises, à lever toute équivoque à propos de cette question en soulignant : «La Tunisie n'a pas le droit d'inviter Damas au sommet de Tunis tant que la décision de geler l'adhésion de la Syrie au conseil de la Ligue des Etats arabes n'a pas été prise par le conseil qui l'a instaurée en 2012». Donc, les choses sont claires : le sommet de Tunis ne verra pas la participation officielle de la Syrie mais les participants décideront sûrement du retour de Damas à la maison arabe, à l'occasion du prochain sommet en tant que membre à part entière. Reste maintenant le dossier libyen. Plusieurs observateurs estiment qu'il est temps de le résoudre pacifiquement. «Une solution politique de la crise interlibyenne est possible avec le soutien du gouvernement libyen en place et l'aval des parties libyennes en conflit, convaincues, désormais, de la nécessité de parachever l'étape transitoire et d'organiser des élections présidentielle et législatives libres et transparentes», assure-t-on du côté de la Ligue des Etats arabes. Et même si les dossiers libyen ou yéménite sont arrivés à occuper le devant de la scène arabe, plusieurs analystes sont toujours convaincus que «la Palestine est encore la clé de la paix et de la stabilité dans la région arabe». L'ambassadeur de Palestine à Tunis, Hael Al-Fahoum, exprime son souhait que «le sommet de Tunis restaure la concorde arabe et consacre le principe cardinal, à savoir que la sécurité, le développement et la complémentarité de la nation arabe dépendent du règlement de la question palestinienne». Il ajoute : «Le sommet enverra un message fort à toutes les forces régionales et internationales selon lequel la résolution de la question palestinienne est la clé si vous voulez sortir des divergences, de la guerre et de la destruction». La guerre et la destruction sont, en effet, le lot quotidien du peuple yéménite englué dans une guerre civile fratricide qui dure depuis plusieurs années et qui appelle à une solution urgente, «une solution qui ne peut être qu'arabo-arabe, loin des interférences étrangères et des immixtions amies», soulignent plusieurs experts. Reste maintenant à jauger les possibilités des leaders arabes à rompre avec leurs anciennes habitudes et à assurer au sommet de Tunis le succès attendu. «Le choix de notre pays pour abriter le sommet censé réconcilier les Arabes après tant d'années de rupture et de tensions témoigne d'une confiance profonde et méritée en sa capacité à rassembler tous les Arabes quels que soient les conflits qui les opposent et à leur offrir l'opportunité de parler, de dialoguer et de s'entendre sur l'essentiel», soulignent les observateurs. Le Sommet de Tunis est voué à un succès annoncé grâce à l'engagement de la Tunisie à en faire dimanche prochain un moment historique qui sonnera la réconciliation interarabe et jettera les jalons d'une action arabe commune pérenne.