Concert autour des œuvres de Claude Debussy de la pianiste française Elodie Vignon, présenté mercredi dernier dans le cadre de la 24e édition de l'Octobre musical à l'Acropolium de Carthage. Mercredi dernier, le piano, épousant magistralement la scène, a magnifiquement résonné au prestigieux cadre de l'Acropolium de Carhtage. Puis l'apparition, tout en finesse et en élégance d'Elodie Vignon, constitue le prolongement de la musique qu'elle s'est engagée à servir en cette douce soirée d'automne. La pianiste française de naissance et belge d'adoption a présenté le programme de la soirée dont les œuvres sont essentiellement tirées du répertoire de Claude Debussy, l'une des plus grandes figures de la musique française, et dont on célèbre le centenaire cette année (1918-2018). La pianiste, au teint diaphane et aux allures d'héroïne romantique, a pris place devant son piano et envisagé les premières pages d'un des chefs-d'œuvre de Debussy dans une douceur et une sensibilité presque déconcertantes. Rien d'étonnant, puisque cette spécialiste de Debussy s'est consacrée au piano dès l'âge de 4 ans. Elodie Vignon étudiera ensuite aux conservatoires de Lyon et Dijon, terminant son cursus en mai 2001 avec une médaille d'or. Ensuite, Elodie Vignon part en Belgique où elle intègre le Conservatoire de Bruxelles et décroche son master en 2007. Elodie enchaîne les succès avec un autre master en musique de chambre qu'elle obtiendra au même Conservatoire de Bruxelles, en 2009. Parallèlement, Elodie Vignon étudie à Utrecht, enregistre un premier cd et se distinguera avec les félicitations du jury. Depuis septembre 2010, la brillante pianiste est artiste en résidence de la fondation Bell'arte, fondée et dirigée par Nelson Delle-Vigne, et présidée par Philippe Entremont. Elodie Vignon est également une enseignante reconnue, et spécialiste de la méthode Suzuki, dont elle est l'une des chevilles ouvrières en Belgique. Le ton global de la soirée était de la même teneur, poétique, tendre et soyeux. Interprétées avec ardeur et sens de la construction, les 12 études de Debussy ont été livrées de manière savoureuse, donnant lieu à un lyrisme jubilatoire qui ne laisse pas indifférent. Les «Etudes» de Debussy forment en effet le dernier recueil pour piano composé en 1915 par le compositeur, atteint d'un cancer qui l'emportera quelques mois plus tard. «Ce sont des pièces très courtes. Et pourtant, Debussy installe dans chacune d'elles une atmosphère unique, en éveillant tous nos sens avec très peu de musique. Même sans connaître le contexte dramatique de leur naissance, elles distillent une grande émotion. J'y sens des odeurs, j'entends le vent dans les feuilles, j'y vois autant de couleurs que dans une exposition de tableaux...», avoue la pianiste dont les compositions de Debussy, riches en contrastes et en expressivité, lui allaient comme un gant. Elle nous a délivré des phrases musicales précises à fleur de clavier, réussissant un formidable équilibre sonore, une lecture musicale empreinte d'un grand lyrisme. La générosité d'Elodie Vignon est tout aussi remarquable dans sa lecture et sa volonté de partager toute émotion avec le public, malheureusement peu nombreux ce soir-là, offrant tout au long du concert un son chaleureux et toujours suave, livrant des lignes chantantes et finement ciselées. A chaque phrase son élan, sa couleur, son intention. En intense dialogue avec son instrument, la virtuose met également à jour l'exquise beauté et les différents aspects des œuvres de Frédéric Chopin, Listzt et Fauré. L'extase se poursuit avec ces lectures douces et vaporeuses où à chaque moment correspondaient une sonorité et une inspiration particulières, le tout produisant un effet d'une intensité et d'une beauté remarquables. Salvateur, le piano d'Elodie nous enveloppe. Le temps cesse de couler. On vivait un état de grâce !