La connaissance et le recyclage sont des mots clés et essentiels dans la formation des entraîneurs et des joueurs. La formation n'est pas un maître mot dans notre pseudo-professionnalisme. Allez demander à nos entraîneurs s‘ils se recyclent ou pas ? Rares sont ceux qui le font par conviction. Les plus ambitieux vous diront que la formation est primordiale dans la carrière d'un coach. Il faut être à l'écoute du monde. Le football change constamment, notamment la méthode de préparation et les schémas tactiques. Les entraîneurs doivent par conséquent être à jour. Les anciens, ceux de l'ancienne école, comme Ahmed Mghirbi par exemple, allaient se mettre à jour à tout moment. Ils payaient leurs participations et leurs voyages de leur propre poche. Aujourd'hui, les choses ont changé. Le recyclage ne fait peut-être pas l'unanimité. C'est sans doute une question de temps et de moyens. Notre compétition est devenue au fil des ans une équation difficile à résoudre. Les entraîneurs n'arrivent plus à accomplir leur tâche quotidienne qui dépasse parfois les limites tant les problèmes à résoudre sont nombreux et dépassent quelquefois le volet sportif (problèmes financiers et grèves des joueurs). Ils ont pratiquement la tête ailleurs et ne se soucient guère de leur formation. Franchement, nos entraîneurs sont devenus des oiseaux migrateurs. Ils sautent d'un club à l'autre pour rester au-devant de la scène. Ce manque de stabilité ne leur permet pas de se mettre à jour. Toutefois, il y a la méthode internet. Il suffit simplement de se connecter pour connaître les nouvelles sans passer le moindre examen. Est-ce suffisant ? Jadis, les entraîneurs allaient s'instruire dans les grands clubs européens comme l'Inter de Milan par exemple qui organise des rendez-vous annuels de recyclage. Le monde a changé et la façon de penser des jeunes entraîneurs d'aujourd'hui également. Le perfectionnisme n'existe plus. On se contente de faire son travail, sans plus. Et ce sont certainement les clubs qui en pâtissent. L'ambition est un mot qui n'existe pas dans le lexique de nos entraîneurs, même ceux qui sont au chômage. Allez dire à ces derniers s'ils participent à des cycles de formation, ils vous riront au nez. Encore une question de moyens sans doute. Notre professionnalisme est totalement erroné et ne s'appuie pas sur des bases solides. Quid des centres de formation ? Quand on parle de formation, on doit obligatoirement évoquer les centres de formation des clubs essentiellement. Rares sont les équipes de l'élite qui disposent de centres équipés. Dans la capitale par exemple, le Club Africain et l'Espérance Sportive de Tunis ont bâti des hôtels pour héberger les jeunes footballeurs en formation. Si celui des «Sang et Or» est opérationnel, celui du Club Africain est pratiquement en ruine. Cela pour l'infrastructure. Volet sportif à présent, à qui sont confiés les jeunes footballeurs aujourd'hui? C'est une mode en Tunisie, et on ne sait pas si la tendance va disparaître un jour, que de confier les jeunes aux anciens joueurs du club. C'est une forme de reconnaissance qui n'a plus sa raison d'être. Le professionnalisme est une affaire de connaissances et de diplômes. On doit être tout le temps sur la brèche. C'est pourquoi tout est à refaire dans notre professionnalisme. Il faut d'abord donner un moyen de subsistance à nos clubs pour s'autogérer et s'autofinancer. Malheureusement, la tutelle tarde à lâcher prise et à donner leur indépendance aux clubs. Il faut par la suite instaurer de nouveaux règlements pour inciter les clubs à la formation. Pourquoi ne pas aller jusqu'à obliger les clubs à disposer d'un centre de formation et à aligner chaque saison deux à trois jeunes avec les seniors. Ces centres deviendront par la force des choses une source d'autofinancement. Le plus difficile est de mettre la première pierre de l'édifice. Ayons le courage de le faire.