Vert flétri (Akhdar yabès) est un film qui représente une nouvelle génération de cinéastes égyptiens qui n'ont pas peur d'innover. Le film est d'une facture très particulière. Pas de musique, une caméra qui colle au personnage principal, celui d'une femme (Imane) et elle ne la lâche que pour focaliser une Egypte vieillotte et délabrée sillonnée par un tramway qui semble vivre ses dernières heures sur des rails qui n'arrêtent pas de crier à chaque fois qu'il les traverse. Vert flétri ou «withered green» est le premier long métrage d'un jeune égyptien, Mohamed Hamad, qui n'arrête pas de faire le tour des festivals les plus prestigieux d'Europe comme Locarno film festival. Un film poignant tiré d'une histoire réelle et qui traite d'un problème féminin longtemps resté tabou. En voici le synopsis : «Jeune femme traditionnelle et conservatrice, Imane a dû s'occuper de Noha, sa sœur cadette, à la mort de leurs parents. Lorsque cette dernière reçoit une proposition de mariage, Imane doit demander à leurs oncles de rencontrer le marié et sa famille, puisque la coutume des sociétés arabes en requiert la présence. Cependant, une découverte choquante la pousse à faire fi de toutes ces veilles coutumes auxquelles elle tient malgré tout». Dans ce film régence, règne un silence imperturbable, pesant, terrifiant. Une tension qui nous mène jusqu'a cette découverte terrifiante que les sociétés arabes et occidentales taisent le plus souvent. Mais toute cette tension dramatique et tout ce silence qui ne présagent rien de bon sont soutenus par le jeu de l'actrice Heba Ali choisie dans la rue au hasard par le réalisateur. Un parti pris, d'ailleurs, car tous les acteurs n'ont jamais imaginé un jour être devant une caméra. C'était l'objectif dès le départ. C'était sa décision de tourner ce film avec des personnes qui n'avaient jamais été devant une caméra. «Il y a une raison derrière ce choix, déclare le réalisateur. Si j'avais par exemple pris des acteurs qui ont déjà joué dans certains films auparavant, les personnages n'auraient pas été crédibles car on se les serait représentés dans d'autres scènes venant d'autres films. Mon rêve est de travailler avec des gens qui n'ont jamais joué, pour vraiment aller chercher une vérité. C'est une sensation spécifique car on va vers la réalité. Ce sont des acteurs sans formation. Ce qui ajoute au film de la crédibilité, de la fraîcheur (innovation) et la libre orientation du jeu des acteurs. Les acteurs, parce qu'ils n'avaient reçu aucune formation, créaient de la surprise, ajoutaient du vrai dans chaque scène. Leur jeu était libre». Un film qui n'est pas encore programmé en Egypte et que son réalisateur aimerait tout de même projeter au public de son pays... Tout entier.