Les partis politiques auront-ils gain de cause ? Les municipales pourraient se tenir à la date qu'ils choisiront eux-mêmes, même si l'Isie s'accroche toujours au 25 mars 2018 Les élections municipales auront lieu le 25 mars 2018 au cas où les partis politiques avaliseraient cette date proposée par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) dont le conseil de direction, dirigé toujours par un président par intérim, estime que les quelque cinq mois qui nous séparent encore de fin mars prochain sont suffisants pour que le rendez-vous électoral municipal se déroule dans les conditions exigées de transparence, de clarté et surtout d'intégrité. Mais avant d'arriver au jour J (le 25 mars prochain ou une autre date), les Tunisiens, plus précisément les 17% des électeurs qui iront voter (comme le montre le dernier sondage d'opinion réalisé par l'Institut américain républicain de démocratie), se demandent pourquoi et comment les partis politiques tunisiens, à l'exception d'Ennahdha qui a déjà dressé les listes de ses candidats, ont-ils réussi à faire reporter les municipales prévues le 17 décembre 2017 à une date que personne ne connaît, dont en premier lieu ceux qui prétendent détenir les ficelles de l'opération démocratique en Tunisie. Et en premier lieu de ces politiciens qui font croire quotidiennement aux Tunisiens que rien ne se fait dans le pays sans leur approbation. Les nidaistes répétaient que les listes de leurs candidats aux municipales étaient déjà prêtes dans les 350 municipalités qui auront besoin de plus de 7.500 conseillers municipaux pour refonctionner au cours des cinq prochaines années (2017-2022 et maintenant ce sera 2018-2023). On attend les journées parlementaires à Ennahdha Du côté d'Ennahdha, l'eau ne coule plus de source comme auparavant et les mécontents de la mainmise exercée par Rached Ghannouchi sur la gestion quotidienne du parti et la définition de ses grands choix ne sont plus prêts à se taire et ils font entendre de plus en plus leurs voix au risque de menacer sérieusement la cohésion, la sérénité et surtout la discipline qui faisaient la force du parti. Aujourd'hui, Mohamed Ben Salem, Monia Brahim, Samir Dilou, Abdellatif El Mekki et même Béchir Lazzem ont rompu le silence et veulent que les choses changent, à commencer par la présidence du groupe parlementaire où Noureddine B'hiri n'est plus le favori traditionnel contre qui personne n'entre en compétition. Face au vent de la sédition qui couve au sein d'Ennahdha, il est normal que le parti accepte sans broncher le report des municipales «qu'il assurait avoir de réelles chances de gagner dans la mesure où il était le seul parti à s'y préparer sérieusement au point d'avoir déjà arrêté les listes de ses candidats». «Aujourd'hui, font remarquer plusieurs analystes, il consacre son énergie bien qu'il refuse toujours de le reconnaître, à calmer le jeu au sein de ses propres troupes et qu'importe si les municipales sont reportées au 25 mars 2018 ou à une autre date, l'essentiel est que le parti retrouve sa cohésion. Et ce sont les journées parlementaires du parti prévues pour très bientôt qui décideront du nouveau visage qu'Ennahdha offrira aux Tunisiens, en premier lieu à ses militants au cours de la prochaine session du Parlement». L'opposition dénonce mais cache ses divisions Du côté de l'opposition, notamment du Front populaire, on développe malheureusement un double langage. On dénonce avec véhémence «le complot ourdi par Nida Tounès et Ennahdha pour priver les Tunisiens des municipales du 17 décembre 2017 en bloquant l'élection du nouveau président de l'Isie». Seulement, on fait table rase des dissensions entre les partis composant le Front et qui font qu'il n'est pas prêt à affronter les municipales comme il le prétendait. Les déclarations de Mongi Rahoui et de Zouhaier Maghzaoui, conjuguées à l'annonce par Abid Briki de son intention de rassembler «la gauche constructive dans un grand parti qui montrera que la gauche tunisienne, celle qui construit et agit, assumera sa responsabilité historique dans l'édification de la Tunisie démocratique», prouvent que Hamma Hammami et ses camarades ont pour le moment d'autres dossiers plus urgents que celui des municipales. Ettakatol, qui revient sur la scène avec une nouvelle direction, Al Joumhouri qui s'active via les interventions de son secrétaire général Issam Chebbi, le Courant démocratique dont le secrétaire général Ghazi Chaouachi ne rate aucune occasion pour menacer les Tunisiens du proche retour de Ben Ali, et enfin Slim Riahi qui cherche à retrouver difficilement les faveurs du palais de Carthage, n'étaient pas — qu'ils aient le courage de le reconnaître ou qu'ils persistent à soutenir le contraire — prêts à affronter les municipales au cas où leur date initiale du 17 décembre prochain serait maintenue.