Il n'y a plus de doute: les municipales auront lieu à la date prévue. Youssef Chahed a annoncé que le gouvernement honorera dans les délais les engagements qu'il a pris. On attend maintenant les réactions des partis qui appellent encore au report du rendez-vous du 17 décembre prochain Les dés sont définitivement jetés : les élections municipales ne seront pas reportées, elles se dérouleront comme prévu dans les délais fixés par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), c'est-à-dire le dimanche 17 décembre 2017. Hier, Youssef Chahed, chef du gouvernement, est allé voir le président de la République Béji Caïd Essebsi et ils ont décidé de mettre un terme à la polémique qui agite, ces dernières semaines, la scène politique dont l'objectif est de reporter les élections municipales à une date ultérieure conformément aux appels de certains partis politiques qui estiment que «la Tunisie n'est pas prête en vue de cette importante échéance électorale et qu'il «reste beaucoup à faire avant que les Tunisiens ne soient appelés à élire leurs conseillers municipaux pour les cinq prochaines années (2017-2022)». Youssef Chahed a également répondu aux critiques exprimées quotidiennement par les partisans du report des élections municipales. Il a notamment annoncé : «Les chambres régionales du tribunal administratif qui auront à statuer sur les conflits électoraux dans les régions seront installées à temps. Le gouvernement fournira dans les délais les fonds qu'il faut à l'Instance des élections pour qu'elle accomplisse sa mission dans les meilleures conditions. Il s'engage également à publier, dans les délais, les dispositions réglementaires relatives à l'organisation effective des élections municipales». Autrement dit, aussi bien le gouvernement que la présidence de la République honoreront leurs engagements respectifs: La Kasbah installera les juges administratifs dans les régions pour que les candidats qui se sentiront lésés puissent avoir recours à eux à temps et fournira à l'Isie les fonds et la logistique matérielle dont elle a besoin. De son côté, le président de la République publiera, au plus tard, le 9 septembre prochain, le décret présidentiel conviant les électeurs au rendez-vous du 17 décembre 2017. On attend maintenant les autres Maintenant que Carthage et La Kasbah ont pris la décision d'assumer la responsabilité leur incombant pour ce qui est de l'organisation des municipales dans leur délai, on se demande comment les autres partenaires à l'opération électorale vont réagir. Et les autres partenaires sont d'abord l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) appelée à trouver, au plus tard, le 7 septembre prochain un président à l'Isie et à adopter d'ici le 15 octobre prochain, le nouveau code des collectivités locales censé régir les municipales et fixer les prérogatives des futurs conseils municipaux. Ensuite, les partis politiques, principalement ceux qui jusqu'à hier s'activaient pour le report des municipales. Ils ont une responsabilité politique et morale, en premier lieu vis-à-vis de leur base : est-ce qu'ils vont participer aux élections ou est-ce qu'ils vont les boycotter ? Ils doivent se prononcer clairement pour rassurer leurs militants de base qui ne savent plus où donner de la tête et pour éclairer aussi «ces indépendants» qu'ils courtisent pour les encourager à faire partie des «listes citoyennes» qu'ils promettent de présenter, au cas où «les élections seraient reportées». Une décision définitive de la part de ces partis est très importante pour les personnalités dites indépendantes dans les régions. Ces indépendants ne peuvent attendre indéfiniment qu'«Al Joumhouri», «La Tunisie d'abord» ou «Tunisie Al Badael» se prononcent. Ils ne peuvent pas aussi résister très longemps aux sollicitations d'Ennahdha qui a décidé de leur offrir 50% des candidatures qu'elle va présenter le 19 septembre prochain, date de l'ouverture officielle du dépôt des candidatures. Idem pour Nida Tounès qui répète qu'il va présenter des listes purement nidaïstes mais qui peine, en réalité, à dénicher les 7 mille et quelque candidats qui concourront pour occuper les 350 municipalités à travers l'ensemble du pays. Enfin, les associations de la société civile spécialisées dans le suivi du processus électoral, dont en premier lieu l'Atide (l'Association tunisienne d'intégrité et de démocratie des élections), Al Bawsala, Chahed pour le contrôle des élections et Mourakiboune. Ces associations ont déjà participé aux discussions au niveau des commissions parlementaires sur l'élaboration du Code des collectivités locales et ont même soumis aux députés un calendrier détaillé selon lequel ils peuvent examiner et adopter le code en question avant le démarrage des élections municipales. Moëz Bouraoui, ancien-président de l'Atide, a estimé, hier, sur les ondes de Radio Mosaïque, «qu'il est possible d'adopter le Code des collectivités locales d'ici le 15 octobre prochain, que l'élection du nouveau président de l'Isie peut intervenir avant le 7 septembre prochain et que les quelque 380 articles contenus dans le code des collectivités locales ne sont pas tous des articles supposant un débat interminable dans la mesure où 80% de ces mêmes articles sont à caractère purement technique ou réglementaire et peuvent être adoptés rapidement». Il reste que la balle est maintenant dans le camp de Abdelaziz Kotti (la Tunisie d'abord), Mohsen Marzouk (Machrou Tounès), Mehdi Jomâa (Tunisie Badael) qui campent toujours sur leurs positions initiales. Du côté du Front populaire, on préfère pour le moment régler l'affaire de ceux qui ont quitté le parti et veulent maintenant y revenir. Une question attend toujours une réponse: que faut-il faire pour satisfaire les éternels mécontents qui font passer leurs intérêts partisans au détriment des intérêts nationaux ?