Les problèmes que vit le football et le bras de fer qui oppose la fédération concernée à la TV nationale ont fini par faire passer au second plan le reste de l'actualité. On s'est très peu inquiété des résultats enregistrés au Mondial d'athlétisme où nos représentants ont été quelconques en dépit des moyens mis à la disposition d'un certain nombre d'entre eux. Posera-t-on le pourquoi de cette fausse note et demandera-t-on des comptes ? Au Mondial de natation, des interrogations ont couvert les échos parvenus à propos des «résultats» enregistrés. Nous sommes complètement dépassés et l'hirondelle qui faisait le printemps est au seuil de la retraite. Quoi qu'on dise, il y a un début et une fin à tout. C'est la loi de la nature. Certains n‘en sont pas convaincus et c'est malheureux de courir derrière les mirages. Le Mondial d'escrime a quand même été positif et nous avions soulevé en temps utile le manque d'attention et d'à propos qui ont accompagné cette discipline. Il n'y a qu'à revenir sur la conférence de presse tenue en l'honneur de la jeune Besbès pour retrouver sa magistrale intervention qui pourrait servir de remontrance pour tous ceux qui n'ont pas joué pleinement leur rôle ou l'ont joué sans grande conviction. Le handball : un sport incompris Il est incompris par ceux qui eux-mêmes n'ont pas saisi l'importance et l'impact de cette puissante pyramide, ce socle que constitue ce sport en Tunisie depuis bien longtemps. La plupart des observateurs avertis ont toujours considéré que le handball était le seul sport collectif représentatif du pays. Et ils ont parfaitement raison. Cette qualification est méritée en raison des performances enregistrées, des éléments d'élite fournis et qui évoluent au sein d'équipes de renommée mondiale ou ceux qui ont été naturalisés pour défendre le drapeau d'autres nations, n'ayant pas trouvé de place au sein du sept représentatif national. Son mérite et non des moindres, c'est aussi la facilité avec laquelle il régénère ses lignes en dépit des départs, des absences ou tout simplement des indisponibilités. Cela dénote une richesse qui n'est nullement surfaite et que peu de nations sont en mesure de détenir. Le meilleur exemple de cette régénération, l'équipe qui a effectué le déplacement en Corée du Sud et qui a été remarquable. En dépit de l'absence des « professionnels » opérant en Europe et cela représente toute une équipe sinon plus, elle a fait bonne figure, permettant au passage l'apparition ou la renaissance de nouveaux éléments capables de venir prêter main-forte à l'équipe type. D'ailleurs, nous doutons que ce terme « d'équipe type » est valable lorsqu'on sait que le niveau des éléments formant le groupe élargi de l'équipe est si proche l'un de l'autre. Le handball est bien ce sport qui se régénère grâce à l'amour que lui vouent les jeunes scolaires et universitaires et surtout à la qualité des techniciens qui opèrent sur tout le territoire tunisien. Des techniciens qui, d'ailleurs, font la joie et contribuent à l'émancipation et à la promotion du handball de bien des pays du Golfe qui ont une préférence notable pour les entraîneurs tunisiens. Si le Qatar a atteint ce niveau mondial (avec bon nombre de joueurs naturalisés bien sûr), il doit sa notoriété et son expansion à des techniciens tunisiens qui ont tout mis en place. Personne n'oubliera les efforts de Béjaoui et du regretté Bohli dans cette relance qui a fait d'un sport pratiqué en scolaire, à petite échelle, une discipline ciblée et internationalement classée. Un véritable sport ciblé C'est dire que le handball n'est pas une discipline que l'on doit traiter comme une autre. Les sélections des jeunes qui se sont illustrées, la sélection senior qui est allée en Corée du Sud, représentent un échantillon de la richesse de ce sport. Nos adversaires au niveau des sélections des jeunes ne croiront jamais que ces jeunes se changent dans des vestiaires mal équipés, ne trouvent que rarement une douche, que leurs équipements proviennent des rebuts des seniors, que leurs dirigeants puisent dans leurs poches pour leur permettre de s'épanouir, et que leur préparation «internationale» est réduite au minimum. Certes, ce n'est pas le lot des équipes d'élite (elles sont deux ou trois) mais en général, ce sont de remarquables générations spontanées qui viennent sans crier gare, au bonheur de tous ceux qui les trouvent tout prêts à l'emploi pour renforcer le potentiel national. Les responsables, qui leur consentiront un large sourire pour les remercier, l'ont-ils compris ? Nous en doutons. Aussi bien en amont qu'en aval, on traîne les pieds pour donner encore davantage de moyens à ce sport incompris, dont les dirigeants et techniciens battent les couloirs des sponsors pour arracher des subsides à l'effet de répondre à des engagements ponctuels. Ce sport mérite un tout autre traitement. Qu'on le veuille ou non, c'est le seul sport collectif du pays capable de se hisser sur une marche de podium, du moins de figurer dans le top cinq des nations les plus performantes. La Tunisie, avec une préparation digne de ce nom,pourrait réaliser des miracles et reconquérir en un rien de temps sa quatrième place mondiale ! Qui pourrait avoir la charité de le souffler à l'oreille de qui de droit.