S'agit-il d'une porte que certains défoncent par à-coups, ou plutôt d'une simple tendance qui va vite passer de mode ? Depuis quelques saisons, le Club Sportif Sfaxien a admis dans son staff technique non seulement un head coach étranger, mais aussi quelques membres de nationalité étrangère dans ce staff. En cette intersaison, non content d'engager un head coach étranger, le Club Africain a laissé libre cours à son technicien italien Marco Simone de choisir la composition de son staff qui est cent pour cent étranger: L'adjoint Andrea Ligori est italien. Le préparateur physique Patrick Lagane est français. Quant à l'entraîneur des gardiens de but, Stéphane Porato, il est également français. Certes, le football est universel. Il a de plus en plus tendance à gommer les barrières et les frontières des nationalités. On peut avancer tous les arguments imaginables. Toutefois, notre pays a ses traditions en matière de formation des cadres sportifs. L'Institut national des sports a, depuis l'aube de l'Indépendance, apporté à la Tunisie une grande réputation en matière de formation. Il en produit à la pelle, et de grande qualité. Plusieurs pays africains y ont délégué leurs étudiants qui allaient prendre les rênes du sport dans leurs propres contrées. Notre cadre technique exerce partout, notamment au Golfe où il a sorti des générations entières de grands sportifs. Sa compétence et son dévouement sont reconnus par tous. Des lois contraignantes Il faut considérer de surcroît que notre pays souffre d'un lourd déficit d'embauches. Des centaines de cadres sont au chômage et attendent leur tour. Si chaque club va s'amuser à engager un staff technique cent pour cent étranger, bonjour les dégâts. On sera alors au même point que bien des nations qui n'ont pas résolu leur grave déficit du cadre technique. Un entraîneur en chef étranger, cela suffit déjà ! Le sport est un secteur à haute employabilité. Nos clubs sont libres de faire le choix qui leur convient. Néanmoins, ils ont aussi des responsabilités. Et ce n'est guère une insulte de leur demander de participer à l'effort national pour absorber le chômage autant que cela se peut. L'association des entraîneurs tunisiens a sans doute un rôle dans la défense du cadre technique tunisien. Une prise de position ferme de sa part rappellerait les clubs à leurs devoirs en matière d'employabilité, y compris dans le foot professionnel. La priorité absolue doit rester au cadre technique tunisien. S'il le faut en adoptant des textes dans une assemblée générale fédérale qui feraient office de loi contraignante. Avant que la tentation d'un staff cent pour cent étranger ne s'installe durablement.