Par Kamel GHATTAS Les nouvelles qui nous parviennent de Londres, tous les médias sans exception en ont parlé, soulèvent surtout l'aspect régularité et efficacité d'une délégation qui a constamment donné l'impression de savoir où elle allait et ce qu'elle devait faire. Ces résultats réguliers et presque attendus nous intéressent particulièrement car ils tranchent avec ce que l'on est habitué de voir auprès d'autres délégations qui semblent partir à l'aventure. Certes, le fait que les champions handisports opèrent au sein d'une discipline sportive bien particulière, où l'athlète sait ce qu'il vaut et ce qu'il est capable de réaliser, sans tricherie ni manipulations, comptant surtout et avant tout sur ce qu'il a emmagasiné comme préparation et sur sa volonté de dépassement, est une situation bien particulière. L'athlétisme, sport de chronomètre et de toise, n'est pas manipulable. Tout est clair et limpide, et seuls les risques de dopage, et il n'en est nullement question dans ce propos, peuvent déjouer des pronostics établis sur des bases techniques solides et rationnelles. Nos représentants ont impressionné surtout par leur régularité et par leurs grandes dispositions. Ils savaient qu'ils avaient affaire à des champions qui disposaient d'immenses possibilités et qui se préparaient dans des conditions autrement plus efficaces. Les commentaires qui accompagnaient les levées de drapeaux étaient suffisamment éloquents pour démontrer le respect de ceux qui les émettaient vis-à-vis de ces champions, véritables combattants doués d'un instinct de dépassement extraordinaire. Et dans le ton employé, on n'y discernait aucune surprise : la Tunisie figure bel et bien parmi les nations à l'avant-garde et c'est avec une admiration non dissimilée que les commentateurs présentaient ces victoires ou ces classements élogieux. A l'adresse de ceux qui continuent à faire des moues de doute à propos de ces résultats, il faudrait leur rappeler qu'une médaille d'or des Mondiaux ou des compétitions paralympiques est beaucoup plus efficace que des torrents de publicités faites sur les colonnes des journaux ou dans les couloirs des métros du monde entier. En effet, un pays qui consacre des efforts et qui se soucie de cette catégorie de citoyens (et il n'y a rien de péjoratif dans notre exemple !) est un pays qui se respecte et qui se soucie des droits de tous ses citoyens. Bien des pays, autrement mieux nantis, plus riches et plus nombreux, n'ont pas été capables d'en faire autant. Mais... ces louanges, méritées, ne constituent pas le véritable sujet soulevé dans la chronique de cette semaine. L'équipe nationale paralympique est à considérer et à prendre en exemple pour le travail qu'elle fait dans un cercle presque fermé. Voilà une fédération qui possède des gestionnaires et une politique lui permettant de tracer et d'avoir sa propre vision. Le département de tutelle et quelques soutiens extérieurs mettent à sa disposition les moyens et l'infrastructure, des athlètes sérieusement pris en main et motivés et le tour est joué. Les résultats suivent. Pourquoi ne pas mettre les féminines de toutes les disciplines sportives et les scolaires dans cette même situation ? Ces deux creusets du sport national sont-ils condamnés à vivre dans le doute et le manque d'intérêt ? Les scolaires disposent certes d'une... fédération dont on entend peu parler et qui gère un calendrier d'activités dont on ne sait presque rien. Cette discrétion est le mal qui ronge toutes les fédérations qui sont capables de réaliser bien des choses. C'est paradoxal, mais c'est ainsi que va notre sport, qui s'attache à marcher sur la tête. Les féminines, un creuset de championnes qui se sait mais qui se fait bien discret lui aussi, s'ingénient elles aussi à perdre un temps précieux. Avec des moyens et des hommes de la trempe de ceux qui dirigent les grandes équipes féminines du pays (nous ne citerons pas de noms, mais tout le monde les connaît), nous pourrions avoir de meilleurs résultats. Imaginez un « organisme » à mettre en place et qui regrouperait ces responsables qui ont voué, consacré leurs vies aux sports féminins et à qui on mettrait à disposition non pas les miettes parcimonieusement accordées par les actuelles fédérations, mais de vrais moyens et une infrastructure adéquate. Ils feraient des miracles. Le sport féminin et les scolaires (autrement gérés) sont à prendre en main d'une autre manière. Les fédérations qui les gèrent les traitent comme quantité négligeable et c'est aussi injuste qu'inapproprié comme politique. Les hommes et femmes de bonne volonté existent. Il suffit de les motiver et de leur donner les moyens d'une véritable politique d'action. Des fonds, des équipements et surtout des installations que l'on pourrait envisager dans chaque chef-lieu de gouvernorat dans un, deux ou trois établissements scolaires que le ministère de l'Education et son homologue des Sports pourraient s'associer à créer ou à parfaire. Des pôles qui rayonneront sur le reste de notre petit territoire qui peut parfaitement s'adapter à cette option, contrairement à ceux qui sont perdus dans l'immensité de leur pays et qui ne savent comment tirer le maximum de leur nombre. L'exemple de la réussite des paralympiques est réellement à méditer ! K.G.