Mastouri Gammoudi regrette que le syndicat soit contraint chaque fois d'observer une grève, d'abord pour la signature d'accords, puis pour la mise en application de ceux-ci. Lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de l'Ugtt, le secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement de base, Mastouri Gammoudi, a annoncé que plusieurs syndicats d'enseignement ont décidé d'organiser au cours de la semaine prochaine une journée de mobilisation dont la forme n'a pas encore été précisée, pour défendre la dignité des enseignants. Une décision qui intervient à la suite de ce que Mastouri Gammoudi a qualifié de « procrastination » au sujet de l'action de la présidence du gouvernement ». Le syndicat a expliqué en effet que plusieurs accords ont été signés entre la partie syndicale et le gouvernement, sauf que ceux-ci tardent à être avalisés par le chef du gouvernement. Mastouri Gammoudi reproche essentiellement à la présidence du gouvernement la non-application de deux points, dont la question de la retraite des instituteurs ainsi que la non-publication des amendements du décret 520 du 24 juin 2015, relatif au parcours professionnel des instituteurs. « L'accord qui concerne la retraite prévoit que ceux qui ont atteint 55 ans et cumulé 35 ans de service peuvent prétendre à la retraite, explique-t-il. Or j'ai actuellement 510 demandes de ce type que j'ai transmis à la présidence du gouvernement, mais silence radio ». Le syndicaliste regrette en même temps qu'ils soient contraints chaque fois d'observer une grève, d'abord pour la signature d'accords, puis pour la mise en application de ceux-ci. Alerte contre la violence à l'égard des enseignants Sur un tout autre plan, le syndicat tire la sonnette d'alarme quant à l'amplification d'un phénomène devenu quotidien dans les écoles tunisiennes, à savoir la banalisation de la violence à l'égard du corps enseignant. A ce titre, le SG du syndicat révèle des chiffres consternants. Au cours du premier trimestre de l'année scolaire, 35 cas d'agressions plus ou moins graves ont été signalés à Gafsa, 30 à Tunis, 50 à Ben Arous, 30 à Kairouan, 110 à la Manouba et 20 à Gabès. Des chiffres qui, pour certains, englobent des dégradations d'équipements scolaires. Le SG du syndicat cite comme exemple un directeur d'école à M'hamdia (Ben Arous) qu'un parent d'élève a tiré par sa cravate sur plusieurs mètres dans la cour de l'école. « Et je peux vous en citer d'autres », dit-il. Les syndicats signataires du communiqué daté du 8 février exige l'élaboration d'une loi « criminalisant les agressions contre le corps enseignant ». Ils demandent en outre que le ministère de l'Education se charge désormais des dépenses occasionnées par toute procédure engagée par un fonctionnaire éducatif agressé. Les syndicats accusent cependant le ministre de l'Education Néji Jalloul de favoriser un climat d'insécurité à l'école en diabolisant tout mouvement d'enseignants et à travers des propos irresponsables qui entament le statut des enseignants, comme lorsqu'il dit que les enseignants sont des locataires et que les élèves sont les propriétaires. Mastouri Gammoudi va jusqu'à prétendre que « le gouvernement et le ministère de l'Education favorisent le pourrissement de l'école publique et favorisent en contrepartie l'enseignement privé. Si rien n'est fait pour rétablir l'ordre, alors dans quelques années, l'accès à l'enseignement sera réservé aux nantis », ajoute-t-il. Afin de protéger les établissements scolaires de ce fléau qui risque de se propager, les syndicats d'enseignement demandent à ce qu'ils soient surveillés par la police à l'extérieur. Une protection « sous forme de patrouilles régulières », suggèrent-ils. Commentant enfin l'idée du nouvel horaire proposé par le ministère de l'Education qui ferait que la journée débute à partir de 6h du matin, le SG du Syndicat général de l'enseignement de base n'a qu'une seule réponse : « Si M. le ministre à d'autres enseignants qu'il veut faire travailler à 6h, qu'il le fasse, en ce qui nous concerne, nous nous tiendrons à l'horaire socialement admissible ».