D'importants progrès ont été accomplis en matière de syndicalisation, de négociations collectives et de droits au profit des femmes travailleuses en Tunisie. Pourtant, chaque jour lève le voile sur un autre aspect du visage hideux de quelques patrons dans le secteur privé qui profitent de la main-d'œuvre féminine dans des emplois majoritairement précaires, peu qualifiés, peu rémunérés et aux faibles perspectives de promotion. De plus, ces femmes continuent d'être confrontées, sur le lieu de travail en tant que travailleuses, à plusieurs types de violences, allant du harcèlement à l'agression physique. Une violence qui s'étend encore trop souvent au-delà du lieu de travail, dans la famille, les communautés et la société. L'incident — qui a eu lieu dans une usine off-shore délocalisée dans la région d'El Baten (Kairouan Nord), où un patron italien a agressé des travailleuses, dont une femme enceinte —, a eu l'effet d'une onde de choc. Certes, une enquête a été diligentée et l'agression a été dénoncée par toutes les organisations, et le parquet du Tribunal de première instance de Kairouan se penche sur l'affaire. Il n'empêche que si la violence dévaste déjà la vie de plusieurs milliers de femmes chez elles, cette agression met en exergue l'extrême vulnérabilité des femmes en milieu professionnel et la situation dramatique qu'elles vivent au quotidien. Il est vrai que nous avons besoin d'investisseurs pour rallumer les moteurs de la croissance, mais pas d'esclavagistes qui maltraitent leurs employés et sévissent à leur guise, faisant fi des droits des travailleurs. Il est grand temps de dénoncer ces pratiques et de prendre des mesures décisives pour mettre fin aux violences commises sur les femmes à cause de leur statut de femmes et de syndicalistes. Outre les mesures dissuasives, il s'agit aussi de prendre d'autres mesures spécifiques aux femmes travailleuses qui couvrent des aspects tels que l'assistance médicale, le suivi psychologique, la protection sociale, la réinsertion dans la société, y compris l'accès à un emploi décent.