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La crise actuelle n'est pas un mythe
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 01 - 2016


Par Hédi DAMI (*)
La bonne volonté des responsables économiques et politiques peut faire sortir notre pays de la crise. Pour cela, il suffit de croire que la crise que connaît notre pays n'est pas un mythe. Certes, elle exige tout de même des actions réfléchies et bien fondées pour amorcer la reprise économique et surtout compter sur nos propres moyens techniques, financiers, notamment humains.
La concertation avec les universitaires de collège A, dans les différents domaines de l'économie, peut apporter de bons résultats et de bonnes propositions. Ils sont mieux placés que les experts du FMI et de la Banque Mondiale pour mettre en place des plans d'action et des stratégies qui contribueront à contrecarrer les effets de la crise et à atténuer ses effets, tout en respectant un ordre de priorités vu les moyens modestes dont on dispose.
L'objectif des représentants des institutions financières internationales dans les pays endettés et qui ont toujours besoin d'argent est strictement mercantile et tout à fait loin des principes moraux. Maintenant, il s'avère de toute évidence que l'économie tunisienne souffre d'une absence d'adaptation aux nouvelles normes de la croissance mondiale dans une société capitaliste fondée sur l'économie du savoir. Cette situation s'explique par la croissance du chômage en général et surtout le chômage des diplômés, un phénomène qui développe la fuite des cerveaux et oriente les jeunes vers des activités terroristes. La faiblesse du PIB par tête d'habitant comparé à celui des pays développés et même à des pays en voie de développement à économie relativement stable.
Cette décadence du PIB par tête dans notre pays est justifiée par la faiblesse de la productivité des salariés et des travailleurs tunisiens. Pour y remédier, il faut tout simplement se mettre sérieusement au travail. Il faut réduire l'absentéisme dans les entreprises et dans les administrations par une politique d'intéressement : pratiquer, s'il le faut, la politique des salaires d'efficiences pour inciter les gens à travailler et pour augmenter la productivité du travail et accroitre les richesses. Les travailleurs doivent comprendre que pour avoir un salaire il faut créer un bien ou un service. On se trouve dans une situation de stagflation et de vieillissement de la population. Actuellement 11% de la population tunisienne est à la retraite. Elle serait de 25% en l'an 2025, ce qui réduirait considérablement les cotisations sociales et diminuerait les recettes de l'Etat qui, pour assurer les investissements à but non lucratif (l'éducation, les soins, l'infrastructure...), serait obligé de s'endetter avec tous les problèmes que cela peut engendrer. En attendant la population réellement active devrait assumer une lourde responsabilité, une charge difficilement supportable. Allonger l'âge de la retraite c'est aussi de la poudre aux jeux. Une expérience a été tentée par le Japon, l'Allemagne, l'Angleterre... et c'était un échec cuisant. Ce qu'il faut c'est augmenter le taux de croissance démographique : il faut mettre des bébés au monde. Ce n'est pas une chose facile. Il faut mettre en place une nouvelle stratégie et une nouvelle politique sociale qui s'appuie sur une nouvelle politique des revenus et surtout sur une nouvelle mentalité des jeunes à qui il manque beaucoup de cohérence dans le monde du travail. Les travailleurs doivent comprendre en effet qu'avoir un salaire et refuser de travailler est un délit. Cela signifie qu'il est impératif de réviser le code du travail pour qu'un salarié même titularisé et qui refuse de travailler puisse se trouver au chômage. L'écart des salaires entre la Tunisie et tous les pays du Golfe encourage le départ des jeunes enseignants dans l'enseignement supérieur à intensifier un mouvement migratoire qui, avec la fuite des cerveaux, fait perdre à la Tunisie un stock important de son capital humain absolument indispensable, théoriquement, au développement économique dans tous les pays du monde et surtout dans les pays en retard de croissance comme la Tunisie.
Il y a à peine cinq ans, le nombre des coopérants tunisiens à l'étranger était à peine 4.800, toutes spécialités confondues. Maintenant, le nombre des experts et des enseignants à l'étranger est de 16384 coopérants. L'Ecole peut devenir une « industrie » exportatrice d'hommes instruits. Le problème se poserait alors en termes d'externalité. Vu les nouvelles relations intergénérationnelles, les bénéfices externes risquent fort bien d'être négatifs pour nous. Pour cela, il suffit de voir les devises qui affluent sur la Tunisie en contrepartie des exportations de la main-d'œuvre. Par l'effet de l'altruisme social, les exportations de la main-d'œuvre non instruite des années 60, 70 et 80 occupaient le troisième rang dans l'apport des devises. Cette situation illustrait de véritables avantages comparatifs entre la Tunisie et le reste du monde. Par contre, quand il s'agit d'experts et de diplômés qui s'installent définitivement en Europe, et souvent par une politique d'incitation, pour certains profils qui manquent dans le pays d'accueil, il s'agit là d'externalités négatives pour la Tunisie et des résultats positifs pour les pays d'accueil. D'autres problèmes qui provoquent la baisse du rendement du travail et perturbent par voie de conséquence le développement économique du pays. Notre économie demeure constamment tributaire de la recherche et de l'innovation pratiquement insignifiantes voire inexistante, dans notre pays.
Il convient donc d'augmenter le budget de la recherche scientifique par rapport au PIB pour déceler d'autres opportunités économiques et sociales. Cela permettrait aussi de doter notre machine productive en facteurs de production, d'augmenter les volumes de la production et de dynamiser les échanges sur les marchés des biens et des services. On a du mal, en effet, à nous insérer dans le nouveau paradigme technologique même avec notre système éducatif qui est très développé malgré nos moyens relativement modestes.
Autrement dit, notre société civile a du mal à s'adapter à une économie du savoir. Les PME doivent, malgré les conditions économiques internationales défavorables, innover aussi bien les techniques de production que les produits pour avoir une économie flexible qui assure la croissance future. Faute de quoi on risque d'augmenter la faillite des entreprises qui ne peuvent pas tenir tête à la concurrence internationale, d'accroître la flexibilité du marché du travail et le volume du chômage et de marginaliser davantage notre système éducatif, ce qui accentue davantage la crise. Il faut que nos entreprises soient plus compétitives sur le plan international. Il est donc indispensable de consacrer davantage de moyens techniques et financiers pour encourager la recherche scientifique et accroître la productivité du travail. En d'autres termes, la recherche scientifique serait le seul garant de la croissance économique et du bien-être social.
Nous sommes conscients que l'augmentation du budget de la recherche scientifique risque fort bien d'acculer les pouvoirs publics à imposer aux contribuables de nouvelles redevances fiscales, ce qui risque de ralentir la consommation déjà assez faible des personnes physiques et morales : la réalité économique et sociale de notre pays est assez complexe.
L'insertion de la Tunisie dans l'orbite du capitalisme mondial pour une économie moderne et développée privilégie aussi une minorité et marginalise la plus grande partie de la population, ce qui augmente l'exclusion sociale, le vol, la mendicité, le chômage, les trafics illicites difficilement contrôlables...
On table, en effet, sur un véritable développement qui a du mal à se concrétiser. Par contre, ce qui est acquis à l'heure actuelle, c'est de multiples recrudescences sur le plan social : la mondialisation a, certes, accéléré l'innovation technologique, le développement de la biotechnologie, des télécommunications, du CD Rom, du multimédia.... mais elle a renforcé aussi le séparatisme, le chômage, l'exclusion et la ségrégation sociale dans le monde du travail.
Chaque étudiant diplômé doit se mettre à son propre compte, pourtant la formation et les connaissances qu'il a accumulées pendant toute sa vie d'écolier, de lycéen et d'étudiant, c'était dans un lieu public et sans contrepartie. Cela revient à dire que la relation formation-emploi dans le cadre de la mondialisation renforce l'individualisme et donne à l'origine sociale de l'homme une importance capitale qui justifie la loi de la nature.
C'est donc un nouveau style de vie et un nouveau comportement qui induit de grandes transformations dans la vie de chaque citoyen au sein de la famille et dans le domaine du travail. Cette nouvelle physionomie et ce nouveau visage dépouillent la société civile de ses valeurs morales et matérielles au bénéfice d'un capitalisme néolibéral qui transforme aussi notre système éducatif dans ses programmes et dans ses objectifs et introduit la protection sociale dans une autre logique (Cnam, LMD..).
L'octroi des crédits aux jeunes diplômés sans expérience est également une expérience malheureuse : la formation théorique doit être complétée par une formation empirique, c'est-à-dire un recyclage qui faciliterait l'insertion de l'étudiant dans le marché du travail et pour s'y maintenir. D'après l'observation sur le terrain, des centaines d'étudiants inexpérimentés ont fait faillite, et ils ont de sérieux problèmes avec la Banque tunisienne de la solidarité compte non tenu de l'augmentation du volume du chômage. Il est impératif et même urgent de lutter contre la loi qu'impose le système : le favoritisme et la ségrégation sociale. Il faut alors réduire la flexibilité du marché du travail au strict minimum pour une meilleure justice sociale et pour une plus grande égalité des chances pour tous dans un pays qui se veut démocratique. Cela permettrait de redonner un sens aux relations intergénérationnelles, l'école redevient un enjeu social important, redonnerait un sens à l'altruisme social et à la citoyenneté pour le bonheur de tous. Le bien-être social ne s'accomplit qu'avec un travail qui est à la base de la dignité et de l'honneur de l'homme, car un homme au chômage est, par définition, un homme exclu de la société. D'ailleurs, des étudiants diplômés mais d'origine sociale modeste trouvent du mal à accéder à des postes de responsabilité dans les administrations et surtout dans les entreprises. Il s'agit là d'un libéralisme qui prend de l'importance au fil des jours et qui complique davantage les relations entre les hommes comme conséquence directe de la modernisation. Le marché du travail n'obéit plus à la loi du marché. Il fonctionne par des relations personnelles et/ou familiales : une simple translation sociale qui transforme radicalement les relations entre les hommes. En d'autres termes, la flexibilité du marché du travail entraîne d'autres problèmes dans d'autres domaines de l'économie : « La flexicurité », comme par exemple le domaine de l'éducation qui ne peut plus atteindre son noble objectif : assurer à chaque individu un gain de productivité et un gain de revenu.
On a certes beaucoup de travail à faire et de lourdes responsabilités à assumer. Une planification centralisée s'impose dans tous les domaines de l'économie, et il faut se mettre consciencieusement au travail, quitte à employer les grands moyens. Il faut donc tabler sur les bonnes intentions des patriotes qui veulent bien servir le pays pour l'intérêt de tous. De cette façon, la crise cesse d'être un mythe.
(*) (Professeur des universités, docteur d'Etat ès sciences économiques Fseg Sfax)


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