Henri Kasperczak a été, par moments, trop prudent. Certains joueurs, quant à eux, doivent changer d'attitude. Oui, les années ont laissé leurs traces. A son retour, on lui a découvert quelques rides sur le visage. Henri Kaspersczak a pris, certes, un petit coup de vieux. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut le pousser à la retraite. Il est vrai que dans nos têtes, nous sommes restés nostalgiques de la finale de la Coupe d'Afrique des nations de 1996 devant le pays hôte, l'Afrique du Sud. L'empreinte de Kasperczak sautait aux yeux et l'épopée s'est poursuivie avec une qualification et une participation à la phase finale du Mondial français en 1998. Mais 17 ans après, les temps ont changé. En Afrique, il n'y a plus de petites et de grandes nations de football. Car bon nombre de pays ont investi dans le sport roi dont la Mauritanie, notre adversaire en ce deuxième tour des éliminatoires du Mondial russe. Les temps ont changé aussi chez nous. Notre football stagne depuis quelques années déjà et notre team national a même trouvé la difficulté de se qualifier, pas seulement à la phase finale de la Coupe du monde, mais à la CAN aussi. A son retour, le technicien franco-polonais a eu du mal à se réadapter à la nouvelle réalité du football tunisien. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir sillonné les stades tunisiens. La preuve est que l'attaquant marsois Khaled Yahia a eu droit à sa première convocation en équipe nationale. On peut imputer à Kasperczak les résultats des matches. Certes. Mais faut-il-rappeler que la trempe des joueurs des années 90 a disparu. Nous citerons Jelassi, El Ouaer, Baya, Boukadida, Ben Younes, Sellimi, Souayah et le défunt Berrkhissa. Ceux-là étaient les hommes d'Henri Kasperczak en 1996. Parlons à présent de ceux de 2015... Il fallait aller de l'avant Le sélectionneur national a commis une seule erreur de coaching, quand il a opté pour une prudence excessive durant la première mi-temps de jeu. Heureusement qu'il a fini par comprendre que Yassine Meriah était le maillon faible. Le milieu défensif du CSS a raté doublement sa tâche. En perte de repères, Meriah n'a pas contribué à l'entreprise défensive, obligeant l'attaquant Taha Yassine Khénissi à reculer d'un cran pour apporter son concours aux défenseurs. Isolé dans la zone de réparation adverse, ce dernier n'a pas profité de l'incorporation de Moncer qui a rééquilibré l'entrejeu. Contrairement à ses précédentes apparitions en équipe nationale, la prestation de Khénissi face à la Mauritanie a été un flop. Et il n'était pas le seul à passer à côté de la plaque. Le latéral gauche, Ali Maaloul, n'a pas effectué ses montées régulières. C'était aussi le cas du latéral droit Hamza Mathlouthi, avant qu'il ne rectifie le tir vers la fin du match. La Mauritanie est un adversaire qui force le respect. Soit. Il est vrai aussi que nous avons remporté la manche aller. Mais la victoire obtenue ne doit pas cacher les lacunes affichées. Pendant 45 minutes, les Tunisiens ont souffert le martyre. Ils étaient surtout incapables de finir le travail dans les 30 derniers mètres. Sur le plan collectif, notre team national s'est beaucoup mieux comporté lorsqu'il a adopté son style de jeu habituel. Toutefois, certaines carences ont persisté même quand notre équipe nationale dominait au score. Certains joueurs ont continué à traîner les jambes, Yassine Chikhaoui en particulier. Ce dernier doit son but aux efforts collectifs de ses camarades qui l'ont servi sur un plateau. Il ne manquait plus qu'il rate un but tout fait... Bref, si Henri Kasperczak veut aller plus loin avec l'équipe de Tunisie, il doit retourner aux fondamentaux qui ont fait sa réputation dans les années 90. Quant aux joueurs, ils doivent s'inspirer de leurs aînés de l'année 1996, voire des générations plus anciennes qui, elles, avaient le mérite de mouiller le maillot.