C'est un conflit d'intérêts auquel on assiste ces derniers jours. Certains clubs sont inquiets pour leurs internationaux. Ce n'est pas vraiment que l'intérêt de l'équipe de Tunisie sous toutes ses déclinaisons: A, des joueurs locaux, olympique... soit en contradiction avec celui des clubs. Au contraire, ces derniers sont la locomotive qui pousse les sélections représentatives qui puisent leurs ressources au sein des cellules vivantes que demeurent les associations. Toutefois, avec l'enchevêtrement des échéances officielles pour telle sélection et de la phase précompétitive pour telle autre, des joueurs ne savent plus où donner de la tête. Depuis son arrivée, le coach national Henry Kasperczak a décrété l'interpénétration entre l'équipe de Tunisie A et celle olympique. Chaque fois que le besoin s'en fait sentir, il fera appel à des internationaux olympiques. L'initiative est louable et s'inscrit dans la logique de la gestion moderne de l'élite du football national. Peut-être ne vit-on jamais par le passé autant de joueurs olympiques monter en grade et aller renforcer le team national au palier supérieur. Toutefois, on a comme l'impression que cela se fait dans une étonnante confusion, puisque les jeunes joueurs entrent et ressortent du team conduit par Henry Kasperczak comme une parole qui entre par une oreille et ressort par une autre. Yassine Meriah dispute le match amical du Gabon avec l'équipe première. Deux jours plus tard, il renforce la sélection olympique dans ses tests de Rabat, au Maroc, face au Maroc Elites puis à la sélection du Rwanda des joueurs locaux. De retour à Tunis, il réintègre son club mais ne joue pas. Puis repart avec la sélection des joueurs locaux pour la semaine des éliminatoires du Chan. Expulsé face à la Libye où il parut fatigué et loin de son niveau habituel, et par conséquent non qualifié pour disputer le match de dimanche prochain devant le Maroc, il va rejoindre les moins de 23 ans. Saâd Beguir et Slimène Kchok balancent, eux aussi, depuis un certain temps, entre les deux sélections: un jour par-ci, un jour par-là. On ne sait plus avec quelle sélection se trouvent Mehdi Ouedherfi, Ahmed Khalil... Celui-ci se blesse (avec les Olympiques dans le test de mardi dernier perdu face au CS Hammam-Lif) et le voilà céder sa place dans la sélection A au bénéfice du jeune talent de l'Olympique de Sidi Bouzid, Mondher Gasmi, qui arrive tout droit de l'équipe olympique. Le sélectionneur des moins de 23 ans, qui n'a certes pas une échéance immédiate, doit sans doute être le premier à se perdre dans ces «prêts» qui n'en finissent pas. Meriah a pété les plombs Toutefois, les clubs montent au créneau et s'inquiètent pour leurs joueurs. Le cas du Club Sportif Sfaxien pour Yassine Meriah, surexploité, à son sens, lessivé et forcément risquant un jour ou l'autre de sauter les plombs, ce qui a été d'une certaine façon le cas lundi dernier contre la Libye quand il prit deux avertissements en quatre minutes. Le cas aussi du Club Africain pour Ahmed Khalil, blessé mardi dernier dans le test contre le CSHL et qui était déjà arrivé l'autre fois blessé, avant le déplacement des hommes de Maher Kanzari au Maroc. D'ailleurs, on se rappelle de la polémique suscitée par le refus de Kanzari de l'exempter de ce stage et du voyage à Rabat. L'Espérance Sportive de Tunis craint également pour son petit joyau, Saâd Beguir, devenu une pièce maîtresse sur laquelle Kasperczak va sans doute compter dans l'avenir. Pour la santé des joueurs, certains excès de gestion de la part des sélections risque de produire de graves conséquences. Les clubs, eux, se soucient naturellement de leurs intérêts aussi. Ils ont libéré des joueurs en bonne santé, et espèrent les récupérer dans un même état, sauf bien sûr blessures inhérentes à des faits de jeu. Le risque est encore plus fort dans le cas des jeunes joueurs du team U23 qui ne peuvent pas supporter les travaux herculéens quelle que soit leur bonne volonté, le cas le plus frappant étant le pivot (ou arrière central) du CS Sfaxien, Yassine Meriah. Les clubs demandent tout bonnement aux staffs techniques nationaux d'accorder leurs violons. Et de se rappeler que les footballeurs ne sont ni des cobayes ni des surhommes.