Malgré une centralisation apparente, les autorités nationales peinent à imposer une vision globale pour résoudre les problèmes structurels Institutionnellement, la gouvernance de l'eau en Tunisie comprend une instance consultative, qui est le Conseil National de l'Eau; des instances en charge des politiques, à savoir les ministères de l'Agriculture, de la Santé publique, de l'Equipement et de l'Economie ; et enfin des opérateurs qui sont : la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux (Sonede), responsable, depuis sa création, en 1968, des services de l'eau potable ; l'Office National de l'Assainissement (Onas) qui a en charge, depuis sa fondation en 1974, les services d'assainissement en milieu urbain ; et les Groupements de Développement Agricoles (GDA) qui sont des organismes d'utilité publique regroupant propriétaires et utilisateurs en milieu rural, chargés par l'Etat de gérer les ressources naturelles de la localité, dont l'eau. Si le secteur de l'eau a fait preuve depuis sa constitution et jusqu'à une date récente de performances hors du commun dans la région, avec un taux de desserte et une qualité de services inégalés pour un prix bas, il donne, depuis quelques années, des signes d'essoufflement : dégradation des indicateurs de performance, détérioration continue des infrastructures et des services (coupures à répétition), difficultés croissantes de financement, le tout amplifié par la raréfaction des ressources en eau, ce qui rend les investissements à entreprendre pour répondre à la demande plus coûteux, surtout lorsqu'il s'agit de ressources non conventionnelles (eaux usées, traitées ; eaux saumâtres, dessalées; eaux de recharge artificielle des nappes souterraines). Malgré une centralisation apparente, les autorités nationales peinent à imposer une vision globale pour résoudre les problèmes structurels du secteur, et ce, malgré la formulation, en 1998, d'une stratégie du secteur à l'horizon 2030. Il faut espérer que la nouvelle stratégie, en cours de préparation, sur la situation à l'horizon 2050, sera plus efficiente. En fait, rétablir d'une manière durable l'équilibre entre l'eau vue comme source de vie et l'eau comme ressource qu'on doit préserver et sauvegarder reste un grand défi. Ce dernier ne pourrait être relevé que si on adoptait une gestion intégrée des ressources en eau (Gire), qui impliquerait, entre autres, une approche participative associant planificateurs, décideurs politiques et usagers ; une modélisation d'optimisation région par région ; une refonte du cadre législatif (révision du code des eaux), un changement de culture administrative pour favoriser l'accès à l'information et consolider la stratégie de communication ; une plus grande implication du secteur privé, etc. NB. : La gouvernance de l'eau fera l'objet d'un séminaire, organisé par le Forum de l'Académie politique et la fondation Konrad Adenauer Stiftung le 24 octobre à Korba.