Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères et chef nidaiste, particulièrement visé Lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, à son siège à Tunis, le Congrès pour la République (CPR), dont l'ex-locataire de Carthage, Dr Moncef Marzouki, est le père fondateur, a fait assumer au gouvernement, particulièrement au ministre des Affaires étrangères, M. Taïeb Baccouche (Nida Tounès) l'entière responsabilité des dérives diplomatiques qui auraient pesé lourd sur les efforts de lutte antiterroriste. Ainsi, cette question, à dimension plurielle et débattue sous différents angles, a été, cette fois-ci, abordée dans son rapport avec la politique extérieure de la Tunisie. Pour entrer dans le vif du sujet, Mme Ikbal Msadaâ, porte-parole du parti, a, d'emblée, félicité l'armée nationale à l'occasion de son 59e anniversaire, faisant l'éloge de son rôle dans cette guerre asymétrique contre un ennemi aussi invisible que redoutable. L'hommage rendu à nos forces armées l'a amenée à lancer des critiques virulentes contre la politique étrangère, pointant du doigt son chef nidaiste, M. Baccouhe, à cause de ses récentes positions diplomatiques qui n'ont pas été du goût du CPR. Selon sa porte-parole, les dernières décisions portant sur la fermeture du consulat de Tunisie à Tripoli et l'extradition du dirigeant de «Fajr Libya», Walid Kleib, en contrepartie de la libération de nos dix diplomates kidnappés, manquent de flair politique. Elle les a jugées arbitraires et prises dans l'improvisation et la précipitation. Son parti a, ainsi, déclaré avoir partagé la même position que d'autres partis politiques se prétendant de l'opposition. Ces derniers n'ont pas manqué de manifester leur rejet de ce qu'ils qualifient souvent d'échec politique dans la gestion des affaires extérieures du pays. Les Cpristes vont jusqu'à demander à Taïeb Baccouche, chef de la diplomatie tunisienne, de présenter, sans attendre, sa démission. Alors que l'extradition de Kleib, à titre indicatif, a été effectuée sur décision judiciaire et que la justice est censée être autonome et indépendante. Sauf que la fermeture du consulat tunisien à Tripoli reste une affaire à part. Politique indécise Et pourtant, les dirigeants du CPR y voient un faux pas qui aurait ses retombées sur la stratégie de lutte contre le terrorisme, d'autant plus que des menaces imminentes semblent sérieuses pendant ce mois de ramadan. Au point que le chef du gouvernement, Habib Essid, a appelé les forces militaires et sécuritaires à redoubler de vigilance et d'être sur leur garde contre tout éventuel danger terroriste. Cette alerte a renforcé auprès du CPR les convictions de devoir prendre les choses au sérieux et trancher sur la révocation du ministre des Affaires étrangères, le considérant comme facteur handicapant pour l'Etat dans sa guerre antiterroriste. Car, aux dires de la porte-parole, sa politique tremblante et indécise ne sert point la diplomatie tunisienne. Et d'ajouter que la Tunisie n'a plus de rôle à jouer dans la médiation en Libye afin de parvenir au bout du conflit politique dans ce pays voisin. Pire encore, l'on voit que les négociations de conciliation telles que menées dans la région demeurent du ressort de parties tierces non officielles. Allusion faite, ici, à certains hommes d'affaires intrus sur la scène nationale à la recherche d'une nouvelle virginité. Et de revenir sur la fermeture du consulat de Tunisie à Tripoli regrettant que la politique extérieure tunisienne n'ait pas fait preuve d'intégrité, usant du deux poids deux mesures en faveur du gouvernement reconnu de Tobrouk. Le CPR, le terrorisme et l'Algérie De même, l'initiative d'alliance militaire avec l'Otan sans y être membre majeur n'aurait pas été, selon lui, sans impact sur les relations de voisinage qui nous lient avec l'Algérie. Cette position aux connotations politiques prêtant à plusieurs lectures a poussé le CPR a tiré la sonnette d'alarme, plaidant pour le retour à la raison. L'objectif est de baliser la voie à une lutte acharnée contre le terrorisme, où l'on pourrait bénéficier de l'appui militaro-sécuritaire de nos frères algériens. Après avoir critiqué le rôle joué par Mohsen Marzouk dans le sérail de Carthage, bien que désigné déjà officiellement secrétaire général de Nida Tounès, Tarek Kahlaoui, membre du bureau politique du CRP, a interpellé l'intervention du chef du gouvernement, appelant à la tenue, le plus tôt possible, d'une conférence de grande envergure pour la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. En conclusion, il a insisté pour glisser une information selon laquelle l'ancien président de la République, Moncef Marzouki, a reçu des menaces israéliennes pour avoir participé à la caravane «Liberté» actuellement en escale à Athènes, en Grèce, venant de Gaza, où des aides ont été acheminées.