L'ancien ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, Abid Briki, a donné ce vendredi 3 mars 2017, une conférence de presse durant laquelle il a longuement expliqué les raisons l'ayant poussé à démissionner. M. Briki a tout d'abord rappelé, que quand le travail du gouvernement a démarré, l'un des secrétaires d'Etat auprès du chef du gouvernement, évoquant la loi de finances 2017, a dit : « le combat était désormais avec l'UGTT », « successivement cette même personnes a demandé : pourquoi avons-nous nommé des syndicalistes au sein du gouvernement ? ». (Sous-entendant que maintenant que des ministres issus du milieu syndical étaient au gouvernement, l'UGTT devrait être plus docile).
L'ancien syndicaliste a également rappelé que le but des réformes réside dans la recherche des équilibres financiers face à la crise. « Nous avons alors commencé l'élaboration de la loi de finances que nous considérions comme une première étape dans la résolution de la situation. Une étape que je considère aujourd'hui comme une réussite, car nous avions trouvé les mécanismes pour redresser partiellement le déséquilibre financier ». M. Briki ajoute qu'à son arrivé au ministère, il avait trouvé de nombreux accords signés par le gouvernement sortant, chose qui a créé des tensions et des blocages. « Le gouvernement est alors devenu un gouvernement de gestion des affaires courantes de l'Etat et le programme qui a été préalablement annoncé n'a pas pu déboucher sur un plan de travail effectif ».
Après avoir longuement exposé sa vision concernant les mécanismes qui devront être adoptés pour pouvoir réformer, Abid Briki a parlé de la vision du gouvernement concernant les banques publiques : « Au gouvernement, on parlait de les faire fusionner. Le dossier des entreprises publiques qui était du ressort de mon ministère m'a été enlevé. Je n'avais plus alors que la tutelle des organes de contrôle, dont on m'a également dessaisi par la suite, pour les intégrer comme le reste d'ailleurs de mes prérogatives, à la présidence du gouvernement ! Le ministère n'avait plus lieu d'être ».
La conférence de presse a été conclue avec l'épineux dossier de la corruption. A la presse M. Briki a expliqué qu'il est en possession de documents qui quantifient les dus accumulés par quelques grands importateurs vis-à-vis de l'Etat. « Pour vous faire une idée de l'ampleur du dossier, je vous révèle qu'un de ces dossiers qui concerne une seule personne, la somme due est de : 211MD » a-t-il dit avant d'ajouter : « J'ai proposé alors au chef du gouvernement, de geler leurs activités d'import. Il m'a répondu que l'idée était judicieuse. Mais rien n'a été entrepris. Il faut dire que cette mesure de gel n'est pas mienne, mais une décision prise en Juin 2016 par Habib Essid. Sauf que des jours après le conseil ministériel, au cours duquel cette mesure a été officiellement proposée, Habib Essid était limogé ! Les marchandises de ces importateurs, de grand noms, provenaient de Turquie ». Cette conférence de presse qui n'a pas été reprise en directe par les chaines de télévisions locales à pris l'allure d'un plaidoyer exposant les défaillances multiples dont souffre le gouvernement.