Les événements que vit actuellement la Tunisie n'avantagent personne. Autant la chute de l'économie peut être brutale et rapide, autant la reprise risque d'être difficile et longue. En deux jours, la Bourse de Tunis a chuté de plus de 6%. Si les grandes villes touristiques venaient à être touchées, c'est une période noire qui nous attendra et il ne pourra y avoir ni création d'emploi ni croissance. En deux mots, si les troubles continuent, c'est un cauchemar qui nous attend. Et les premiers qui paieront les factures, ce sont nous les Tunisiens et les petites gens en premier lieu. Les appels au calme viennent de tous bords, du haut sommet de l'Etat à nos partenaires étrangers en passant par les partis politiques, les deux chambres parlementaires, les ONGs… C'est que les troubles que vit actuellement la Tunisie n'avantagent aucune partie. Officiellement, le nombre de morts est de 21 personnes, ce qui est déjà énorme. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme, qui détiendrait une liste nominative, ce nombre s'établirait à 35. Chiffre totalement démenti par le gouvernement qui réclame, justement, les noms de ces victimes. Les images provenant des différentes chaînes de télévision, tunisiennes et étrangères, ne font qu'ajouter de l'huile sur le feu et insuffler un climat d'inquiétude généralisée. Et le discours du président de la République, avec toutes les promesses qui y sont contenues, n'a pas calmé les esprits. Dès lundi, plusieurs commerces ont fermé tôt leurs rideaux. A commencer par les grandes surfaces. Mardi 11 janvier 2011, au centre-ville, c'était au tour des cafés et de plusieurs magasins craignant des débordements quelconques. C'est quasiment un état d'urgence qui ne dit pas son nom. Concrètement, pour l'ensemble de ces commerces poussés à baisser les rideaux, cette inquiétude généralisée se répercute négativement sur leur chiffre d'affaires. Et s'ils enregistrent une baisse du chiffre d'affaires, ils risquent de basculer immédiatement dans une spirale négative de déficit. Adieu pour eux la croissance et adieu une quelconque expansion et création d'emplois. La bourse tunisienne, un des thermomètres de l'économie du pays, a enregistré en deux jours une baisse de 6,3%. « La bourse n'aime pas les incidents, la chute est toujours brutale dès qu'il y a une actualité défavorable. Cela s'est observé le 11 septembre 2001 ou encore en octobre 2008 au déclenchement de la crise financière », analyse un intermédiaire boursier interrogé par Business News. A ce rythme, c'est un krach boursier que la Tunisie risquera avec tout ce que cela implique comme répercussions négatives réelles sur l'ensemble de l'économie. Adieu croissance et adieu une quelconque expansion et création d'emplois. Mais il n'y a pas que la Bourse qui voit d'un mauvais œil les troubles. Avec toutes les images crachées par les chaînes étrangères, et le climat d'incertitude qui règne indéniablement dans le pays, les investisseurs étrangers deviennent inquiets. Au lieu de venir en Tunisie, ils iront tout simplement voir ailleurs, un pays plus calme. Pour un industriel européen ou asiatique, la Tunisie ou le Maroc, c'est pareil. Idem pour les touristes. 100% d'entre eux cherchent à passer des vacances dans le calme et la sérénité et n'ont nullement envie de voir des morts, des émeutes ou des incendies ravageant des bâtiments qu'ils soient publics ou privés. Encore moins des policiers partout. Ne parlons pas des chars de l'armée. Si notre tourisme est touché, ce sont les hôteliers, les restaurateurs, les industriels de l'agro-alimentaire, les chauffeurs de taxi et tous ceux qui vivent de près ou de loin du tourisme qui seront touchés. Bon à rappeler, la Tunisie, qui compte dix millions d'habitants, reçoit chaque année sept millions de visiteurs étrangers. Dès lors, on imagine ce que ces 7 millions de touristes injectent dans l'économie du pays. Ici encore, adieu croissance et adieu une quelconque expansion et création d'emplois. Une sonnette d'alarme vient d'être tirée à la Bourse de Tunis avec cette perte de 6,3% en deux jours seulement. Il ne faudrait en aucun cas que les autres secteurs de l'économie (réelle) soient touchés, car ce sont toujours les pauvres gens qui paieraient, en premier lieu, la facture. Quand un hôtelier ou un industriel a des difficultés économiques, il va commencer par licencier son personnel et celui le moins vital en premier lieu. Si l'homme d'affaires a (généralement) les moyens de nourrir les siens et n'a pas de crainte de dormir dehors, il n'en est pas toujours de même pour le travailleur qui peine, déjà, à joindre les deux bouts. Quant au chômeur, si le pays entre dans une spirale négative, il sera condamné à attendre encore plus longtemps un emploi. Quand on détruit un bâtiment public, c'est le contribuable qui devra payer sa reconstruction. Quand on détruit une entreprise privée (comme une banque), c'est le client final qui paiera la reconstruction. A entendre certains militants, certains organismes, on dirait qu'ils espèrent voir un chaos total gagner la Tunisie. Non seulement, ce chaos n'avantagera personne (même pas les libertés dans le pays, au contraire), mais il condamnera les pauvres à s'appauvrir davantage. L'économie de la Tunisie n'est pas basée sur le pétrole et a toujours été fragile, sensible à la moindre secousse internationale. Que dire si cette secousse est nationale ! Que ceux qui aiment la Tunisie ne l'oublient pas ! Nizar Bahloul