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Qui paiera la facture du rôle social de l'Etat ?
Publié dans Business News le 16 - 10 - 2024

C'est une rengaine que l'on entend depuis des mois de la part de la présidence de la République, reprise en chœur, évidemment, par le gouvernement et par les élus des différentes chambres : l'Etat doit retrouver son rôle social et l'assurer de la meilleure des manières. Les méchants comploteurs, antipatriotes et autres coupables habituels ont tout fait pour empêcher l'Etat de jouer son rôle social et, maintenant, l'heure est venue pour le rétablir. Quel beau programme ! Sur le papier du moins…

Ainsi donc en 2024, le président de la République, fraichement réélu à plus de 90%, veut que l'Etat joue son rôle social. Une idée très populaire qui renoue avec les périodes historiques où l'on pensait que tout allait bien. Une imparable nostalgie emporte de larges pans de la société vers les années 70-80 où tout se passait bien. Donc, l'idée de renouer avec cela séduit beaucoup, y compris Kaïs Saïed lui-même que l'on a vu, une fois, évoquer les entreprises publiques par un prisme qui a cinquante ans. Mais admettons, c'est le choix du président et le choix de la majorité qui a voté pour lui. Ce choix consiste en le fait que l'Etat s'occupe de pratiquement tout : l'éducation doit rester gratuite et il doit y avoir des écoles, collèges et lycées un peu partout et qu'ils soient en bon état avec un corps éducatif qualifié qui ne donne pas de cours particuliers, la santé aussi doit rester pratiquement gratuite avec des médecins qualifiés qui ne vont pas à l'étranger et une infrastructure qui ressemble à celle des séries télévisées, le transport doit rester abordable pour les citoyens et les bus doivent être nombreux, propres et ponctuels, sans parler de métros, de TGV et autres. L'Etat doit aussi veiller à ce que les prix ne soient pas trop chers pour le pauvre citoyen tunisien, c'est pour ça qu'il nous faut un office du commerce pour gérer le sucre, le café et autres produits, il doit également y avoir un office de l'huile d'olive, des céréales et même un office des fourrages ! Le Tunisien est aussi nostalgique de l'Etat qui bâtissait des maisons et qui les vendait à bas prix. L'Etat doit aussi s'occuper des médicaments et de leur approvisionnement, il doit s'occuper d'assurer les retraites à travers les caisses sociales. L'Etatt doit également s'occuper de la compensation de dizaines de produits tout en assurant leur approvisionnement au plus grand nombre à des prix dérisoires. L'Etat doit, évidemment, s'occuper de notre sécurité et de l'infrastructure de base tout en honorant scrupuleusement ses dettes et en respectant toutes les échéances. L'Etat doit aussi maintenir à flot les entreprises publiques et ne surtout pas songer à les privatiser car ce sont des « trésors nationaux ».
Mais la vraie question esquivée par tout le monde est : qui paiera la facture du rôle social de l'Etat ? Les politiciens, en Tunisie et de par le monde, sont très doués pour nous dire comment dépenser l'argent du contribuable, mais rares sont ceux qui nous disent comment l'Etat peut gagner plus d'argent. Chaque Etat a deux principales sources de revenus : la taxation et l'emprunt. C'est encore plus vrai dans le cas de la Tunisie puisque les « trésors nationaux » évoqués tantôt coûtent plus d'argent qu'ils n'en rapportent.
Pour ce qui est de la taxation, nous sommes déjà à des niveaux astronomiques concernant aussi bien les individus que les entreprises. Il serait totalement inenvisageable d'augmenter encore plus la pression fiscale sur un secteur privé qui paye, depuis plusieurs années, un Etat qui l'entrave plus qu'il ne l'aide. On s'est même mis à vanter la « résilience » des entreprises tunisiennes comme si l'on se demandait secrètement : comment vous faites pour exister encore ? Nous parlons d'un Etat qui taxe l'exploitation, qui taxe le bénéfice et qui taxe même les dividendes ! Très encourageant pour lancer un projet n'est-ce pas ? De l'autre côté, entre 40% et 45% du PIB tunisien se fait dans les activités parallèles. Problème récurrent auquel aucun gouvernement n'a trouvé de solution, même ceux de la « guerre de libération nationale ». C'est tellement plus facile de presser les entreprises en règle comme des citrons et de mettre quelques hommes d'affaires en prison.
Pour ce qui est de l'emprunt nous avons fermé, par une décision souveraine du président de la République, la porte de l'emprunt du Fonds monétaire international. Nous avions peur qu'il nous impose des choses que nous nous sommes mis à faire tous seuls par la suite. Mais en réalité, le rythme de l'emprunt étranger a continué sur sa lancée avec la rengaine selon laquelle il faut diriger l'emprunt étranger vers l'investissement au lieu de la consommation. Autrement dit, rien n'a changé concernant ce côté, à part le taux d'intérêt de nos emprunts extérieurs. Concernant l'emprunt intérieur, l'Etat a fait main basse sur les liquidités en empruntant à tour de bras auprès des banques de la place, à qui on reproche ensuite de ne pas financer suffisamment l'économie tunisienne. L'Etat tunisien a même franchi le Rubicon en empruntant directement auprès de la Banque centrale de Tunisie et réservant la somme de 7 milliards de dinars. Tout cela sans parler de l'effet d'éviction qui touche les entreprises et des risques que cela fait peser que les banques tunisiennes et l'ensemble du système monétaire. Là aussi, si l'on veut être sérieux, on ne peut plus augmenter l'emprunt intérieur qui se trouve déjà à des niveaux alarmants.

Certains avanceront que combattre la corruption et améliorer la gouvernance pourront nous permettre de dégager des recettes supplémentaires. Ce n'est pas faux, certes. Mais cela ne suffira jamais pour financer tout ce que l'on demande à l'Etat de faire. Les entreprises ne peuvent plus payer plus de taxes, les portes de l'emprunt extérieur sont fermées et l'emprunt intérieur ne peut plus être augmenté, que faire ? Selon le projet de loi de finances 2025, il semble bien que l'Etat va, encore une fois, piocher dans les poches des personnes physiques et des entreprises, notamment à travers la révision du barème d'imposition. L'Etat veut récolter plus d'argent, quitte à risquer de casser la machine économique. Pour embellir encore plus le tableau, selon le même projet, l'Etat compte emprunter 22 milliards de dinars sur le marché monétaire intérieur, soit près du double de ce qu'il aura emprunté en 2024, avec tous les risques que cela fait encourir au système monétaire tunisien. Encore une fois, le plus important, c'est de récolter de l'argent pour l'Etat, peu importent les conséquences.


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