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Un strike du pouvoir élimine d'un coup dix candidats à la présidentielle
Publié dans Business News le 06 - 08 - 2024

La présidentielle du 6 octobre 2024 en Tunisie sera maussade après l'élimination, d'un coup et par des moyens détournés, de dix prétendants à la présidentielle. Difficile, après cela, de parler d'un scrutin démocratique, intègre et transparent.

La journée du lundi 5 août 2024 restera dans les annales de l'Histoire noire de la Tunisie. Alors que les Bangladais fêtaient la démission et la fuite de leur Première ministre, la dictatrice Sheïkh Hasina, les Tunisiens regardaient ébahis comment le régime de Kaïs Saïed a éliminé dix candidats à la présidentielle d'un coup. Faute de sondages d'opinion récents et au vu de l'interdiction stricte de publier des sondages en cette période électorale, il est impossible de dire quelles sont les chances réelles de ces dix candidats éliminés par le pouvoir. Cela n'empêche pas qu'ils croyaient fermement en leurs chances d'accéder au second tour et, peut-être, éliminer le président sortant Kaïs Saïed qui s'est accaparé tous les pouvoirs un certain 25 juillet 2021.
Les préparatifs pour la présidentielle allaient bon train et tous les candidats se préparaient à remettre leurs candidatures et les pièces demandées à l'instance électorale (Isie) avant le dernier délai fixé au mardi 6 août.
Lundi 5 août, en début de matinée, c'est Kaïs Saïed qui s'est présenté à l'instance électorale à bord d'une voiture privée, comme pour montrer que le candidat qu'il est aujourd'hui n'utilise pas les moyens de l'Etat à des fins personnelles. Il avait quelques boites d'archives contenant les parrainages de citoyens. Légalement, il faut dix parrainages d'élus ou dix mille parrainages de citoyens. Le candidat Saïed a opté pour la seconde formule. Il n'en a pas apporté dix mille, mais 242.000 d'après ses déclarations. Un peu comme pour dire qu'il jouit d'une réelle popularité. Chiffre aussitôt tourné en dérision sur les réseaux sociaux dans les milieux de l'opposition. Pour obtenir les 242.000 feuilles de parrainages, il faut l'équivalent de 484 rames de papier. Si chaque boite d'archive contient deux rames de papiers, il faut donc 242 boites en tout et un pick-up pour les ramener. Or, d'après les présents, le président de la République et ses accompagnateurs n'avaient pas plus d'une dizaine de boites transportées dans des berlines ordinaires. Peu importe, ces considérations arithmétiques n'intéressent que ceux qui cherchent à se moquer du régime, en s'arrêtant sur des futilités.

Les moqueries ont tout de suite laissé place aux premières inquiétudes un peu avant midi quand le candidat Karim Gharbi, rappeur connu sous le nom de K2Rhym, a annoncé que le ministère de l'Intérieur lui a refusé son bulletin numéro 3 (B3, casier judiciaire). Il présente, dans une publication Faacebook, la lettre de refus. Sans ce B3, point de participation possible. Bon à signaler, le B3 n'était pas requis lors des précédentes présidentielles. C'est une trouvaille du régime de Kaïs Saïed et elle est absurde puisque l'Etat exige du candidat un document que seul l'Etat peut fournir. Peu importe l'absurdité de la chose, l'Isie refuse toute candidature sans ce B3. En refusant de fournir le document à Karim Gharbi, le ministère de l'Intérieur l'empêche, de facto, de candidater. Le ministère de l'Intérieur ne s'est même pas donné la peine de motiver son refus.
Vers 16 heures, l'amiral à la retraite de l'armée nationale, Kamel Akrout, fait part de la même déconvenue. Lui aussi, le ministère de l'Intérieur lui a refusé son B3, au motif que la case « fonction » de sa carte d'identité n'est pas actualisée. Une case absurde qui devait disparaitre dans les futures cartes d'identité. Peu importe l'absurdité de la chose, l'Isie refusera la candidature de Kamel Akrout.
Vers 18 heures, c'est au tour de Imed Daïmi, ancien chef de cabinet de l'ex président de la République Moncef Marzouki, de crier au scandale. Lui aussi, le ministère de l'Intérieur lui a refusé le B3. Il a bien réussi à réunir les dix mille parrainages nécessaires, mais ils ne lui serviront à rien tant qu'il n'a pas le document du ministère de l'Intérieur nouvellement exigé par l'Isie.
Quelques minutes plus tard, Mondher Zenaïdi, plusieurs fois ministre sous Ben Ali, diffuse une vidéo dans laquelle il annonce avoir réuni vingt mille parrainages. Sauf que lui aussi, il n'a pas le document de son casier judiciaire. En dépit des promesses fermes formulées par le département, il n'a pas pu l'obtenir. Pire, on lui a ri au nez en lui envoyant une enveloppe vide, alors qu'elle était censée contenir le document requis.

Les réactions s'enchaînent et les réseaux sociaux s'emballent aussitôt. Ici et là, on crie au scandale, car ces quatre éliminations de candidats, pour des raisons bureaucratiques futiles, signifient que l'on a volé aux Tunisiens la possibilité de voter pour des candidats sérieux qui pourraient les faire sortir du marasme que leur impose Kaïs Saïed par sa gouvernance désastreuse.
« Que signifie cela ? De quoi avez-vous peur ? Des urnes ? Pourquoi organiser des élections ? À quoi servent ces dépenses ? Qu'on dépense l'argent pour des hôpitaux, des écoles ou des projets pour les jeunes... Pourquoi organiser ces élections ? », a réagi Karim Gharbi.
« Aujourd'hui, nous sommes face à un retour à grands pas vers l'autocratie, écrit Kamel Akrout. Ceci a commencé à se concrétiser avant l'entame de la campagne électorale et par l'exclusion de plusieurs symboles politiques expérimentés et ayant du poids... Ces pratiques se sont poursuivies jusqu'à aujourd'hui et par la complexité des conditions de candidature ne prenant pas en considération l'égalité des chances et comme si elles avaient été mises en place afin d'exclure des candidats et de les priver de leur droit constitutionnel de candidater ».
Estimant que les chances d'une transition pacifique des pouvoirs étaient, à soixante jours de la présidentielle, non garanties et que la question a été déjà tranchée en faveur d'un seul candidat, Kamel Akrout a décidé de ce fait de ne pas déposer son dossier de candidature.
« La volonté d'exclusion est claire, surtout qu'ils savent que nous avons réuni les parrainages et que le dossier est complet et prêt à être déposé », écrit dans un communiqué Imed Daïmi. Il ajoute avoir envoyé une notification au ministère par voie d'huissier notaire afin de demander à ce que la loi soit respectée et son bulletin numéro 3 délivré avant mardi 6 août, à 10 heures du matin, sous peine de poursuites judiciaires. Une notification que le ministère a refusé de réceptionner, ajoute-t-il.

« C'est un scandale d'Etat et un nouvel épisode de manipulation du processus électoral mettant en jeu le pays, afin qu'une personne incompétente puisse se maintenir à la tête de l'Etat en excluant tous ses adversaires. Il essaye par tous les moyens de tuer l'espoir d'un changement dans l'esprit des gens. Le changement viendra incontestablement et toutes les tentatives de blocage échoueront à le faire disparaitre », s'est indigné Imed Daïmi.
« Malgré le soutien et la confiance du peuple et de ses représentants, la direction aux ordres de Kaïs Saïed a refusé de me délivrer le bulletin numéro 3, recourant aux pratiques les plus viles, déclare Mondher Zenaïdi dans une vidéo. Ceci ne m'a pas dissuadé de candidater, avec un dossier contenant toutes les violations et les entraves qui resteront une honte pour ceux qui les ont pratiquées. J'ai confiance en la justice administrative ».

En dépit de ces quatre scandales et de la polémique instantanément observée sur les réseaux sociaux, le lundi noir n'est pas fini. Il a gardé son lot de mauvaises surprises pour la fin.
Le candidat Nizar Chaari, directeur du journal Tunivisions et de la fondation éponyme, est déclaré fugitif, recherché par la justice, alors qu'il est en Tunisie, comme l'atteste une vidéo qu'il diffuse immédiatement pour démentir l'information. Il se dépêche au palais de justice où l'attend son procès, dont il n'était même pas informé. On le place dans une geôle, comme n'importe quel criminel, en attendant qu'il soit présenté devant la cour. Après son audition, il est de nouveau incarcéré dans la geôle pour attendre le verdict.
Celui-ci tombe en milieu de soirée vers 22 heures, il est condamné à huit mois de prison ferme, sans mandat de dépôt toutefois, mais assortis d'une interdiction à vie de se présenter à des élections. On l'accuse de falsification de parrainages et octroi de dons pour influencer les électeurs. Ses dénégations ne serviront à rien.
La même cour accorde le même tarif à deux autres candidats Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé et Mohamed Adel Daou. Huit mois de prison sans exécution immédiate, mais avec une interdiction à vie de se présenter à la présidentielle.
Des informations de presse crédibles, que nous n'avons pas pu confirmer, font part de la condamnation de deux autres candidats à la présidentielle aux mêmes peines de prison et d'interdiction de voyage. Il s'agit de Leïla Hammami et du juge Mourad Messaoudi. Vu qu'ils étaient absents tous les deux à leur procès, la peine a été prononcée par contumace avec exécution immédiate et l'émission d'un mandat de recherche. Ont-ils été informés de leur procès ? La réponse est, très probablement, négative puisqu'ils n'ont rien dit à ce sujet. À signaler que Mme Hammami était l'après-midi au siège de l'Isie pour compléter son dossier de candidature. Elle serait informée de son procès, elle serait allée au tribunal plutôt qu'à l'Isie.
En fin de soirée, vers 23 heures, une dixième candidate se trouve dans l'impossibilité de participer à la présidentielle. Il s'agit de Abir Moussi condamnée à deux ans de prison en raison d'une déclaration médiatique dans laquelle elle a critiqué l'Isie.

En bowling, un strike signifie l'action de faire tomber l'ensemble des dix quilles lors du premier lancer de la boule.
En une journée, le pouvoir de Kaïs Saïed a réussi un spectaculaire strike en éliminant de la présidentielle dix candidats d'un coup. Quatre par voie administrative et six par voie judiciaire.
Avant eux, le 18 juillet dernier, la justice a condamné un autre candidat à la présidentielle, Lotfi Mraïhi, aux mêmes peines de huit mois de prison et d'interdiction à vie de se présenter à une élection.
Quelles que soient les chances de ces onze candidats, le pouvoir vient de leur voler la possibilité de se mesurer au véritable baromètre de la démocratie, les élections. Il vient de voler à une (large ?) partie du peuple la possibilité de voter pour l'un de ces onze candidats et, peut-être, lui assurer la route vers la magistrature suprême. Des candidats comme Imed Daïmi, Abdellatif Mekki, Nizar Chaari et Mondher Zenaïdi qui avaient réussi facilement à obtenir les milliers de parrainages, étaient sûrs de passer au second tour et étaient très optimistes pour remporter la présidentielle.
Ces mesures administratives et ces décisions judiciaires les ont privés de ce droit fondamental. Elles bénéficient à un seul et unique candidat, le président sortant Kaïs Saïed.
Ce dernier a beau dire qu'il respecte la démocratie, ce qui s'est passé ce lundi 5 août 2024 n'a rien de démocratique. Ça ne peut pas être une coïncidence que dix candidats à la présidentielle soient exclus de la course le même jour, la veille du dernier délai du dépôt des dossiers.
Sans rivaux sérieux à ses côtés, Kaïs Saïed ira le 6 octobre confiant. Pas sûr qu'il obtienne un grand nombre de voix et pas sûr que le taux de participation soit élevé, mais peu importe. L'essentiel est de remporter la présidentielle quoique disent les médias, les ONG et le peuple.


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