Le député et membre du bloc parlementaire « La ligne nationale souveraine », Badreddine Gammoudi a mis l'accent sur la gravité de l'amendement de la Loi n° 96-41 du 10 juin 1996, relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur élimination ayant fait l'objet d'une plénière de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) le 27 décembre 2023. S'exprimant durant cette même plénière, Badreddine Gammoudi a considéré que le texte proposé poussait vers la privatisation de la gestion des déchets ménagers. Il a reproché à la commission parlementaire chargée d'étudier le texte d'avoir fait preuve d'empressement. Il a considéré que cette mesure était contraire à la politique du président de la République, Kaïs Saïed, et encourageait la sous-traitance. « Pourquoi n'y a-t-il pas eu plus de précision dans le texte proposé ? La question que nous devons nous poser est : Qui subira les coûts des relations contractuelles avec le privé sur le long terme ? Ne s'agit-il pas des municipalités ? Ainsi, le citoyen se retrouvera dans l'obligation de subir des augmentations des taxes foncières… Cette proposition a fait l'objet de plusieurs débats en 1996, mais a été abandonnée en raison de son impact négatif… Même les gouvernements d'après 2011 n'ont pas osé faire cela… Le gouvernement du 25-Juillet a l'intention de faire subir au peuple tunisien les conséquences de politiques non-populaires et au service des lobbies et des capitaux influents », a-t-il ajouté. Badreddine Gammoudi a tenu la ministre de l'Environnement, Leila Chikhaoui et le directeur général de l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged), Badreddine Lasmar responsables des conséquences sociales et politiques de la révision de la loi. Il a considéré que cette proposition de loi pourrait être une manœuvre orchestrée par les lobbies visant à soumettre les municipalités. « Madame la ministre, en votre temps, votre département participe officiellement à l'arnaque mondiale cherchant à fuir la responsabilité de protection de la planète Terre… Durant la Cop28 ayant eu lieu à Dubaï et où on avait déroulé le tapis rouge au président de l'entité sioniste, la ministre de l'Environnement a signé un accord avec le département fédéral suisse de l'Environnement, des Transports, de l'Energie et de la Communication, par lequel on autorise l'acquisition des parts tunisiennes dans ses efforts de lutte contre les émissions de carbone… Cet accord autorise la réduction des émissions de carbone en Tunisie au lieu de le faire en Suisse… Au lieu de tenir la Suisse responsable des conséquences et des coûts de la modification de l'industrie nationale suisse et de sa consommation en énergies fossiles, à savoir le gaz, le pétrole, le diesel, l'essence et le charbon, et les substituer par des énergies non polluantes, la Suisse a choisi de tourner le dos à ses obligations en échange d'un soutien financier à la Tunisie… Ce genre d'accord est injuste et inacceptable… J'ai consulté des articles de presse suisses dans lesquels on se moquait de nous… Cet accord pose des règles permettant au secteur privé de financer les projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à condition que ces sommes d'argent soient comptabilisées comme étant des fonds à dépenser dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique… Notre ministère participe officiellement aux arnaques capitalistes », a-t-il dit. Badreddine Gammoudi a indiqué que la Tunisie subissait déjà les conséquences des politiques aggravant le réchauffement climatique et des dépassements commis par les pays européens en matière d'émission de carbone. Selon lui, le ministère de l'Environnement est en train d'encourager cela. Il a considéré que l'attitude de la ministre reflétait la politique du gouvernement actuel. Il a considéré que ce dernier était en opposition au processus du 25-Juillet. Il a considéré que Leila Chikhaoui aurait dû soumettre l'accord à l'aval de l'ARP.
Le député a assuré que le ministère de l'Environnement faisait l'objet de plusieurs dossiers de corruption. Il a évoqué comme preuve de cela l'emprisonnement de plusieurs anciens ministres. « Le ministère n'a rien fait à ce niveau… Nous avons remarqué des nominations résultant de l'amitié liant les personnes concernées à la ministre… Le ministère de l'Environnement bloque toute initiative cherchant à débloquer la situation… Le ministère encourage l'économie de rente alors que le chef de l'Etat incite à la lutte contre les lobbies… Plusieurs autorisations ont été retirées au profit de la concurrence… L'investisseur tunisien ou étranger fuit la création de projet lié à l'environnement en raison de la longueur des procédures et de la bureaucratie », a-t-il déploré. Badreddine Gammoudi a critiqué la politique de Leila Chikhaoui et a estimé qu'elle se contentait d'avoir recours aux mêmes pratiques précédant sa nomination. Il a déploré l'absence d'un nouveau programme lié à la gestion des déchets industriels dangereux. Il l'a accusée d'avoir émis un appel d'offres sur mesure au sujet de la réouverture du centre de traitement des déchets industriels et spéciaux de Jradou. Il a considéré que la réouverture de ce centre était un bond en arrière. Pour ce qui est des déchets sanitaires, le député a déploré l'absence d'un programme dédié à la gestion de celles-ci. Il a, également, indiqué que le ministère a tenté de nommer un directeur général à la tête de l'Anged non qualifié et que l'épouse de ce dernier était chargée de la coopération internationale. Il a estimé que la vacance à la tête de l'Agence Nationale de Protection de l'Environnement résultait des nominations de personnes non-qualifiées. Badreddine Gammoudi a assuré qu'une entreprise basée à Sfax était harcelée par le ministère de l'Environnement sous prétexte du respect des procédures administratives. Il a, aussi, accusé le directeur des ventes de la société étatique Sotulub, de vendre les huiles à une entreprise détenue par son épouse. Il a indiqué que cette Sotulub était déficitaire et causait des pertes de plus de douze millions de dinars. Le député a assuré que l'entreprise vendait les huiles de base à des prix inférieurs à ceux du pétrole brut, faisant d'elle le fournisseur le moins cher du monde. « Je vous ai adressé un courrier à la date du 28 septembre 2023. J'espère que vous l'avez consulté… En voici quelques extraits : Tout un courant cherche, au sein du ministère de l'Environnement, à mettre la main sur tous les pouvoirs pour des buts incompréhensibles… Ceci a porté atteinte à l'image du ministère de l'Environnement et en a fait l'un des départements les plus fuis par les investisseurs… Nous tenons en notre possession toutes les preuves de corruption », s'est-il exclamé. Badreddine Gammoudi a déploré l'absence d'une enquête à ce sujet. Il a, également, critiqué la prestation de la ministre et la préservation des mêmes politiques et stratégies appliquées dans le passé.