Des parties de la Douane et du ministère des Affaires locales et de l'Environnement sont impliquées dans l'affaire d'import des déchets italiens et ont facilité leur entrée en Tunisie. C'est ce qu'a affirmé, ce mardi 15 décembre 2020, le président de la Commission parlementaire de la réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, Badreddine Gammoudi.
Invité de Hamza Belloumi dans son émission La Matinale sur Shems Fm, M. Gammoudi a indiqué que depuis quelques semaines, ils suivaient l'affaire avec le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, notamment en se rendant au port de Sousse et en discutant avec toutes les parties prenantes. Il a précisé que le Comité de Contrôle Général des Finances relevant du ministère des Finances avait présenté la veille son rapport et qu'en parallèle, une enquête judiciaire avait été ouverte.
« Nous étions sûrs que ce crime ne pouvait avoir lieu sans la compromission de plusieurs agents au sein du ministère de l'Environnement et de la douane. Il y a eu d'importantes violations aux lois de la douane et aux procédures du ministère de l'Environnement qui ont facilité et permis cet import interdit. Le Contrôle Général des Finances a prouvé ceci, en précisant chaque partie prenante avec ses coordonnées exactes (noms et postes). L'opération d'escroquerie opérée par la société a été identifiée : elle a été faite avec l'aide de parties prenantes au sein des institutions précitées. Les responsabilités ont été déterminées et le directeur général de l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged) limogé n'était pas impliqué dans l'affaire », a-t-il soutenu.
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Et de marteler : « Selon les rapports, les violations de la société sont claires. Les parties au sein du ministère des Affaires locales et de l'Environnement qui ont facilité l'opération, dont certains n'avaient pas le rang pour intervenir dans ce dossier, ont été identifiées. Idem pour les agents de la douane au port de Sousse qui ont essayé d'étouffer l'affaire mais qui ont été aussi identifiés ». Pire, le président de la commission parlementaire pense que les parties impliquées de la douane ont voulu se protéger en déballant l'affaire aux médias. Pour lui, l'Anged est une boite noire et un lieu de corruption impliqué dans plusieurs affaires de corruption et il est temps de trouver une solution radicale.
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En ce qui concerne le retour des déchets, Badreddine Gammoudi a estimé que cela dépendrait de la volonté politique en Tunisie. « Moi je considère que la présence de ces déchets ménagers en Tunisie est une insulte à tout Tunisien outre le fait qu'elle soit en contradiction avec les lois internationales. Ceci dit, je n'ai ressenti aucun sérieux ou demande de la partie tunisienne officielle pour le retour de ces déchets domestiques, malgré nos demandes en tant que commission », a-t-il admis. Il a en outre révélé que leur collègue député Mehdi Karbaï, qui est résident en Italie, avait contacté les autorités italiennes qui se sont dites prêtes à coopérer mais qu'il n'y avait aucune partie en Tunisie avec laquelle elles pouvaient traiter (le gérant de la société ayant fui, l'avocat ayant laissé tomber l'affaire, les autorités officielles ne suivant pas l'affaire, même pas l'ambassade et le consulat de Tunisie en Italie). Il a également noté que le chef du gouvernement Hichem Mechichi, actuellement en visite en Italie, n'abordera pas ce sujet. A lire également Nomination à la tête de l'Anged