Mohamed Bouanen, président de la Chambre syndicale des patrons de boulangeries relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a été arrêté dans la soirée de mercredi 16 août 2023. L'arrestation a été effectuée par les agents de la Brigade centrale des crimes financiers de la Garde nationale d'El Aouina, confirme une source syndicale à Business News. Les motifs de cette arrestation restent inconnus, mais son arrestationintervient en plein dans la crise du pain. Il y a quelques semaines, le président de la République, Kaïs Saïed avait considéré le pain comme une ligne rouge et avait indiqué que le problème réside dans la classification des boulangeries. « Cela fait qu'il y a du pain pour les riches et un autre pour les pauvres. Il n'y a qu'un seul pain pour tous les Tunisiens. On dirait qu'il s'agit d'une manière détournée pour lever la subvention des céréales. Cette situation ne peut plus durer. Il faut prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à tout cela et arrêter la vente du pain "non classé". Il y a des réseaux de trafic qui opèrent pour profiter de la situation. Les riches trouvent leur pain, tandis que les pauvres ne le trouvent pas. Pourtant, ce sont les pauvres qui payent les impôts pour subventionner le pain des riches », avait-il indiqué. Kaïs Saïed avait poursuivi son discours en affirmant : « On revient toujours à cette histoire de classification. À l'étranger, ils nous classent, et nous, nous classons le pain. Toutefois, la crise est internationale, bien qu'elle soit provoquée. Le problème, en réalité, concerne le stockage des céréales et non leur distribution, mais cela est une autre paire de manche ». Puis un arrêté ministériel de la ministre du Commerce datant du 1er août a vu le jour actant la suspension immédiate de la vente de la farine fine PS-7 et de la semoule au profit des boulangeries non classées dites boulangeries modernes. « Cette procédure est conforme à la réglementation en vigueur et relève des attributions du ministère (…) elle est appliquée auprès de tous les professionnels des secteurs qui utilisent les produits subventionnés si des manquements sont observés ou dans le cas d'arrêts d'activité circonstanciels ou définitifs. Il s'agit de préserver les produits subventionnés et d'éviter toute manipulation éventuelle de leurs usages et de leur destination », a souligné le ministère. Le résultat ne s'est pas fait attendre, quelque 1500 boulangeries ont été condamnées à fermer et 18 mille employés. Le président de la République ne cessait de répéter depuis le début de la crise que ce sont les cartels et les lobbies qui se cachent derrière pour nuir au peuple. La chasse aux "spéculateurs" est ainsi lancé dans le secteur du pain.