L'ancien élu et expert en gouvernance et développement régional, Hatem Mliki, était l'invité, vendredi 28 juillet 2023, de Walid Berhouma, dans l'émission L'express diffusée sur Express FM. Réagissant aux propos tenus hier par le président de la République concernant la pénurie de pain subventionné dans le pays, Hatem Mliki a eu ces mots : « Le Président pense que les gens qui ont des entreprises qu'ils doivent faire fonctionner, les boulangers notamment, sont des commandos qui doivent se sacrifier (…) on ne les paye pas, on n'aborde pas le problème sous l'angle qu'il faut et on s'attaque à eux et à un détail insignifiant de la crise, qu'on ferme tout alors, qu'on ouvre des boulangeries étatiques et qu'on en finisse ! ». « Kaïs Saïed est en campagne, il se porte candidat et veut se maintenir au poste, il fait donc tout pour cela et aborde tous les problèmes du pays d'un point de vue politique se disant systématiquement la victime d'un complot. Il instrumentalise toutes les crises dans ce sens », a-t-il affirmé. Commentant les propos également tenus par le chef de l'Etat sur l'administration, il a souligné que Kaïs Saïed pointe aujourd'hui l'administration après avoir pointé les partis, les politiciens et tant d'autres, un peu comme un général qui finira par désigner comploteuse sa propre armée. « Kaïs Saïed finira par se retourner contre son propre peuple après avoir épuisé tous ceux qu'il a désigné comme ses ennemis. La Tunisie souffre depuis près de vingt ans d'une absence de vision et de l'inexistence de la compétence dans la gestion des affaires du pays (…) nous sommes dans une optique de conflit et quand chaque mois on s'attaque à un secteur cela rend impossible toute réforme », a souligné Hatem Mliki. Le président de la République, s'était entretenu hier avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden et la ministre des Finances, Sihem Nemsia, au siège du gouvernement à la Kasbah, pour revenir sur plusieurs questions d'ordre économique et social. Le président de la République a appelé à la révision des nominations au sein des administrations, considérant que l'administration ne peut être un outil pour l'exécution des agendas politiques. Dans ce contexte, il a noté que certains ont été nommés sans même avoir les diplômes nécessaires. Il a aussi abordé la question du pain, assurant qu'il s'agit d'une ligne rouge. il a indiqué que le problème réside dans la classification des boulangeries. « Cela fait qu'il y a du pain pour les riches et un autre pour les pauvres. Il n'y a qu'un seul pain pour tous les Tunisiens. On dirait qu'il s'agit d'une manière détournée pour lever la subvention des céréales. Cette situation ne peut plus durer. Il faut prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à tout cela et arrêter la vente du pain "non classé". Il y a des réseaux de trafic qui opèrent pour profiter de la situation. Les riches trouvent leur pain, tandis que les pauvres ne le trouvent pas. Pourtant, ce sont les pauvres qui payent les impôts pour subventionner le pain des riches », a affirmé le président. Et de poursuivre : « On revient toujours à cette histoire de classification. À l'étranger, ils nous classent, et nous, nous classons le pain. Toutefois, la crise est internationale, bien qu'elle soit provoquée. Le problème, en réalité, concerne le stockage des céréales et non leur distribution, mais cela est une autre paire de manche ».