La sociologue Rania Ghouaiel a indiqué qu'une étude sociologique intitulée « Violence et obscénité à l'encontre des femmes dans l'espace routier » s'est déroulée durant deux années en Tunisie et avait pour échantillon 3.500 Tunisiens et Tunisiennes répartis sur l'intégralité du territoire national. Il s'agit de 1.500 conducteurs de voiture, 1.000 conducteurs de moto et 1.000 piétons. Invitée le 18 mai 2023 à « Sbeh El Ward » de Hatem Ben Amara sur Jawhara FM, Rania Ghouaiel a indiqué que le livre issu de l'étude a abordé quatre axes : social, psychologique, légal et philosophique. L'étude est une œuvre commune de Rania Ghouaiel, Jawhar Jammoussi, Mouna Tayachi et Amira Gadour. Rania Ghouaiel a indiqué que le livre comprenait un ensemble de proverbes et de citations. Celles-ci transmettent de fausses informations et des stéréotypes concernant les femmes. Il s'agit de pensées transmises entre les générations transformées, par la suite, en pratiques quotidiennes. Elle a révélé que la violence à l'égard de la femme dans l'espace routier était plus courante dans les espaces urbains. Dans ces zones-là, les citoyens ne se connaissent pas contrairement aux zones rurales. Le fait de connaître la personne ou d'avoir des liens étroits avec elle dissuade l'agresseur. Elle a, aussi, expliqué que des femmes étaient coupables d'agressions à l'encontre d'autres femmes dans l'espace routier. « Dans 60% des cas, le conducteur commet l'agression après avoir su qu'il s'agit d'une femme au volant. 34% des hommes ont recours à des grossièretés. 42% des participants à l'étude tiennent les femmes pour responsables des accidents routiers », a-t-elle déclaré. Les femmes, selon Mme Ghouaiel, répondent aux agressions verbales par la même chose. La violence face à la violence. Elle a indiqué que les femmes étaient victimes de ce genre d'agressions quels que soient leurs niveaux d'éducation. Selon l'étude, un conducteur de voiture se sentirait plus fort que les piétons, les conducteurs de motos et les femmes conduisant des véhicules. Il croit avoir plus de pouvoirs. Rania Ghouaiel a indiqué que la situation en Tunisie était liée à une crise de valeurs au sein de la famille. L'homme, selon elle, craint les interactions avec la femme chez lui. Il subit des tensions relatives à sa situation financière. Ceci porte atteinte à son rôle au sein de la famille. Il évacue une partie de ce stress et de cette tension dans l'espace routier. « L'intégralité des expressions utilisées est liée à la moitié inférieure du corps… Malheureusement, il y a une approche instinctive liée à la femme… Le recours à ces paroles procure un sentiment de force, de virilité et de puissance... La femme est en train de s'imposer au sein de la société… L'homme a peur de perdre le leadership au profit de la femme… Il a perdu cela au sein de son domicile, mais ne veut pas le reconnaître », a-t-elle ajouté. Rania Ghouaiel a estimé que la lutte contre la violence à l'égard de la femme au sein de l'espace routier était un échantillon de la réalité et du vécu de la femme. Elle a considéré que la violence à l'égard de la femme s'est transformée en un phénomène social. Elle a appelé à la mise en place d'une politique participative visant à lutter contre la violence à l'égard des femmes dans tous les espaces. L'étude s'est, également, penchée sur la violence à l'égard des femmes dont les auteurs étaient des femmes. Il s'agit d'un nombre de cas insignifiants par rapport aux situations dans lesquelles l'agresseur est un homme.