En ce mois de Ramadan où la consommation est reine, certains aspects de la cuisine tunisienne attirent, vraiment, l'attention. Ainsi, bien que l'élevage du lapin en Tunisie remonte à très loin, la consommation de la viande de cet animal dans notre pays est restée très faible. En effet, dans l'absolu et en comparaison avec la viande de poulet et de la volaille, en général, la consommation de la viande de lapin ne dépasse pas les 200 grammes par an et par habitant, selon une étude récente parue dans la revue de l'agriculture, éditée par le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Par contre, la consommation de la viande de poulet dépasse 12 kg par an et par habitant. La production nationale de la viande de lapin est estimée à environ 2700 tonnes, par an, contre 190 mille tonnes pour la viande de poulet et de la volaille en général. Et si on sait que la plus grande part de la production de la viande de lapin est écoulée auprès des casernes et des hôtels, on peut mesurer la place dérisoire que la viande de lapin occupe dans la table des Tunisiens. Pourtant, la viande de lapin est considérée comme étant d'excellente qualité, riche en protéines et en oméga 3, pauvre en graisse et en cholestérol, et elle est très appréciée dans certains pays méditerranéens comme la France et l'Italie où sa consommation est forte, de même qu'en Chine, premier producteur mondial en la matière. Les raisons de la désaffection des nouvelles générations des Tunisiens pour la viande de lapin sont difficiles à cerner. S'agit-il d'absence d'habitudes alimentaires et de disponibilité. La viande de lapin est très peu disponible sur le marché, mais c'est parce que la demande est inexistante et n'encourage pas l'élevage intensif. Quant aux prix, ils sont qualifiés d'élevés aussi, par rapport à ceux de la viande de la volaille et du poulet. Il y a, aussi, semble-t-il, la présentation de la viande de lapin en carcasses entières avec têtes, ce qui est jugé rébarbatif, selon certains ! Cependant, ce que les Tunisiens savent encore, à ce sujet, malgré cette désaffection, c'est que la viande de lapin requiert un bon assaisonnement, et beaucoup d'attention à la cuisson. Les temps de la préparation est relativement long, ce qui rend la viande de lapin adaptée à celle des mets nécessitant de pareils soins, comme la sauce noire appelée « mloukhia », à telle enseigne que pour les Egyptiens, la mloukhia au lapin (mloukhia bel araneb) est considérée comme un délice pour le palais.