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La démocratie, un objectif ou une berceuse ?
«Les islamistes à la conquête démocratique du pouvoir»
Publié dans Le Temps le 05 - 10 - 2012

Les pays arabes ont essayé toutes les théories politiques, à commencer par le communisme au Soudan, le marxisme au Yemen du Sud, le Baas un peu partout, l'économie libérale ; maintenant il y a les mouvements islamistes qu'on voit arriver sur la scène.
Même si les révolutions arabes sont l'œuvre de sociétés civiles, de populations diverses ou même d'un ensemble de tribus liguées contre les pouvoirs, les islamistes ont réussi, en peu de temps, à se faire une nouvelle virginité à travers la légitimité démocratique qu'ils ont pu acquérir à travers le processus électoral. C'est dans le cadre de ses activités que l'Association Tunisienne d'Etudes Politiques (ATEP)- présidée par le professeur de sciences politiques M.Hatem Mrad a organisé hier les IVèmes Conférences de l'ATEP portant sur « Les islamistes et la conquête démocratique du pouvoir à l'hôtel Safir Palace à Hammamet Sud.
L'urgence n'est plus la conquête de Dieu, mais celle de l'urne. Certains partis islamistes comme l'a démontré Pr Mrad ont réussi leur conquête démocratique en obtenant la majorité dans les élections constituantes, législatives et présidentielles(Ennahdha en Tunisie, Parti de la Liberté et de la Justice, issu des Frères musulmans, et Parti Al-Nour, salafiste, en Egypte), d'autres, électoralement minoritaires (Parti Justice et Développement, PJD, au Maroc ; Alliance pour l'Algérie Verte formée de trois partis islamistes, Mouvement pour la Société de la Paix, Al-Islah et Ennahdha en Algérie, Parti Justice et Reconstruction, des Frères musulmans, en Libye), sont acculés à jouer le rôle de l'opposition démocratique. Il faut dire aussi qu'avant les révolutions arabes, les islamistes ont pu déjà viser la conquête démocratique du pouvoir à travers le processus électoral, comme c'était le cas de Hezbollah au Liban, de Hamas en Palestine ou du Parti pour la Justice et le développement (AKP) en Turquie. Toutefois, le phénomène est devenu plus net et plus général après les dernières révolutions arabes. Désormais, toute la difficulté est de savoir si les islamistes vont jouer réellement ou pas le jeu démocratique. Outre l'analyse du phénomène de l'islamisme en tant que tel, plusieurs juristes, historiens, sociologies et représentants d'associations civiles ont essayé d'analyser aussi bien l'expérience tunisienne en pleine gestation que sur les expériences comparées égyptienne, algérienne, libyenne...

Islamisme et printemps arabe

Toute la difficulté est de savoir si les islamistes vont jouer réellement ou pas le jeu démocratique. Et là s'interrogent les chercheurs : Ont-ils la compétence politique nécessaire pour gérer démocratiquement leurs sociétés? Ont-ils l'expérience nécessaire de conduire les changements démocratiques après des décennies d'exil et d'emprisonnement ? Sauront-ils faire les compromis nécessaires à la gestion des conflits en démocratie ou refuseront-ils l'abandon de la chariâ ? - Sauront-ils expurger leurs programmes politiques des vestiges archaïques de la tradition islamique, incompatibles avec les exigences des sociétés modernes ? Pourront-ils concilier islam et démocratie à la manière du modèle turque? Sont-ils acculés à faire des concessions en la matière sous la pression des puissances mondiales ? - Réussiront-ils à calmer les plus intransigeants et les plus violents d'entre-deux, notamment les salafistes, encore enclins au jihadisme ? Sauront-ils inspirer confiance à l'ensemble de l'opinion publique ? - Réussiront-ils la conquête démocratique du pouvoir ? Depuis les années 60 et jusqu'au début des années 90, les islamistes considéraient que la démocratie était un concept «kufr», «mécréant», qui était étranger à la culture musulmane et aux valeurs islamiques. Progressivement, on a vu un certain nombre d'islamistes, par exemple le Tunisien Rached Ghannouchi, qui se sont mis à réfléchir à la compatibilité de l'islam avec la démocratie et qui ont conclu que l'islam était porteur de valeurs démocratiques. Le politologue tunisien Hamadi Redissi estime qu'il y trois types d'islamistes : les prédicateurs apolitiques et qui prêchent par la bonne parole, les jihadistes violents et agressifs et les partis politiques qui ont rompu avec l'islam radical et acceptent les règles du jeu démocratique. Depuis la révolution, on assiste à un éclatement du champ religieux, une sorte de privatisation de la religion entre mouvements traditionnels, mouvements post islamistes et salafisme. L'Etat a perdu le monopole de la gestion de la religion et de nos jours la révolution n'est pas encore arrivée à résoudre cinq zones grises. Il s'agit du statut de la femme, la charia comme référence, la démocratie, la liberté religieuse et la violence politique ». Aujourd'hui, les sirènes de l'optimisme chantent à tue-tête qu'il n'y a rien à craindre, que c'est un islam modéré, «intermédiaire», qui donne le la des nouveaux régimes, qu'il ne s'agit que d'invoquer des principes sans corseter la vie quotidienne ni bâillonner les libertés au berceau. Elles n'ont à la bouche que l'exemple de la Turquie, où islamisme et démocratie barbotent en harmonie dans le bain de miel de la prospérité économique. Amin Mahfoudh maitre de conférences agrégé à la Faculté de droit de Sousse a expliqué que L'usage courant de cette expression à la mode « le printemps arabe » est au moins confronté à deux problèmes. Le premier s'attache au terme « printemps ». Celui-ci est, selon le dictionnaire Robert, « la première des quatre saisons qui va du 21 mars au 21 juin dans l'hémisphère nord, et où la température s'adoucit, la végétation renaît. » Néanmoins faudrait-il, souligner que dans le Coran, texte sacré des musulmans, on ne parle que de l'Hiver et de l'Eté. Le printemps! Il faudrait l'inventer. Le second problème est inhérent à l'adjectif « arabe ». Celui-ci renvoie aux « peuples originaires de l'Arabie qui se sont répandus avec l'islam autour du bassin méditerranéen ». Or on ne peut s'empêcher de rappeler la présence en ces terres, visées par cette expression, de citoyens non arabes. Evoqué, en politique, le printemps signifierait, probablement, la fin des turbulences et le commencement d'une ère démocratique. Il serait le beau temps pour tout un peuple. Ayant vécu pendant longtemps sous le joug des dictatures à facettes multiples, certains peuples des pays qualifiés d'« arabes » se sont révoltés contre la dictature et la corruption. Leurs aspirations démocratiques sautent aux yeux. C'.est le peuple tunisien qui a entamé ce processus révolutionnaire. Suivi en cela par les peuples du Maroc, de l'Egypte, de la Libye, du Bahreïn, du Yémen et de la Syrie. Il faut avouer que ces islamistes représentés par Ennahdha sont organisés en partis politiques. Ils ont accepté l'organisation des pouvoirs dans le cadre d'une instance inédite appelée Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Après les élections du 23 octobre, ces islamistes se trouvent à la tête des partis. Ils gouvernent le pays. Ils soutiennent que la future constitution sera une constitution révolutionnaire. Mais ces islamistes explique Pr Mahfoudh font peur. « Ce sentiment d'inquiétude est partagé aussi par les observateurs en Tunisie qu'à l'étranger. Il est fondé sur deux facteurs importants : le rejet catégorique du projet démocratique par certains islamistes mais surtout l'absence d'une motivation claire et ferme pour ceux qui sont déjà à la commande de l'Etat. Ceci consiste au rejet de la théorie positiviste des droits de l'homme, l'instrumentalisation des mosquées, la volonté d'appliquer la chariaa, l'utilisation de la violence, une constituante islamisée, la montée des salafistes.... Ces islamistes doivent trancher surtout s'ils croient à cette révolution. Des enseignements doivent, par conséquent, en être tirés. Occuper la première place dans une phase cruciale ne peut être savouré qu'en cas de réussite. Ennahdha, tout seul, ne fera point le printemps. Et c'est a priori loin d'être son ultime objectif sauf s'il est obsédé par « l'Hiver et l'Eté ».

Vers une offre islamique d'Etat séculier ?

La Tunisie est source d'espoir. La Tunisie est source aussi d'inquiétude. Le printemps tunisien, source d'espérance pour beaucoup, est à la croisée des chemins. Ajmi Lourimi, membre du parti Ennahdha au pouvoir, responsable culture et universitaire, reste optimiste, et propose une offre islamique d'état séculier. « La révolution a tranché. L'islamisme est au sein de l'équation». La porte est ouverte à la modernité politique. Nous sommes pour un Etat civil qui défend les libertés et la dignité les islamistes ne veulent pas gouverner seuls, ils veulent un consensus. Ils gèrent le pays avec la Troïka L'avenir de la Tunisie est la démocratie. L'islamisation n'est pas nécessaire. Tout comme la laïcisation du pays. Les libertés individuelles doivent être mises en avant. Le statut personnel des femmes doit être maintenu et garanti. Ainsi la Tunisie est en train de se doter d'une constituante moderne qui répond aux attentes de son peuple. Un grand défi nous attend. Il y a certes des méfiances légitimes mais la construction aujourd'hui d'un état moderne peu devenir possible par le biais d'élections libres et transparentes; la séparation des pouvoirs, un processus déclenché par la révolution tunisienne et qui traverse aujourd'hui toute la région: c'est la fin d'une époque et la renaissance des grands espoirs, jamais le champ du possible n'était aussi ouvert qu'aujourd'hui. Droit aux jeunes générations de tenter l'impensé et l'impossible ». Certes seul un compromis permis de renforcer cette démocratie et comme l'a dit Pr Hatem Mrad « Cet apprentissage du compromis démocratique est difficile.
Comme le pluralisme et la démocratie. Le compromis est à la base même du régime démocratique. Il est la conséquence du sentiment qu'a un groupe de renoncer à quelque chose qu'il estime lui appartenir ou lui «revenir de droit», parce que l'autre partie renonce, elle aussi, à quelque chose qui lui appartient ou qui lui «revient de droit». Le compromis est donc le mécanisme qui permet à divers groupes de tendances opposées de vivre ensemble dans une même structure sociale et politique. Certes les problèmes politiques sont insolubles. En politique les données sont contradictoires. Certaines questions peuvent être réglés ensemble et selon un arrangement. Il est vrai que la sacralité du pouvoir n'est pas favorable au compromis. Et si l'on ajoute à cela la question de l'honneur, à propos duquel ni l'individu ni le groupe ne peuvent transiger, on s'aperçoit que toute question liée aux droits du groupe est présentée, à un stade ou à un autre, comme «une affaire d'honneur», et par conséquent le groupe s'interdit tout compromis. Mais certains éléments plaident aujourd'hui pour ce compromis en témoigne ce compromis entre Ennahdha et la Troïka. Il s'agit certes d'un compromis partiel, occasionnel et non équilibré. Sans compromis, il n'a aura pas de démocratie Mais peut-on concilier islam et démocratie à la manière du modèle turque ?


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