Qui n'a pas envie d'y revenir ? Djerba la douce, dont on succombe au charme de la splendeur d'un coucher du soleil méditerranéen avec des pêcheurs enroulant leurs filets, est une «Polynésie» méditerranéenne, un concentré de trésors naturels, qui s'érige telle une aquarelle de couleur camaïeu au charme irrésistible, cernée par une kyrielle de plages de sable fin et d'hôtels de standing qui s'ouvre aux milliers de visiteurs étrangers pendant cet été. Elle se livre à ses visiteurs tel un rêve qu'elle invite à découvrir à travers ses jardins intérieurs, ses vergers de figue, de pomme et de grenade. Ils sont un peu partout cet été à errer paisiblement parmi des plantations d'oliviers, à visiter ses ruines, ses vestiges et ses sites archéologiques ou à se faire raconter les histoires de ses pirates, de sa synagogue de la Ghriba et de ses forteresses. Un temps chaud, mais magnifique, se prête à toutes formes de sports et activités nautiques, encourage les estivants à mettre toute voile dehors en direction de l'île aux Flamants. Reportage. «L'air y est tellement doux qu'il empêche de mourir», disait Flaubert de l'île des Lotophages. Dès qu'on y pose les pieds, une brise légère aussi douce que les plumes d'un oiseau nous caresse les bras et nous emporte dans une longue rêverie songeuse. Les visiteurs, qui ont préféré la mer aux cieux et qui ont décidé de prendre le petit bac qui assure la liaison entre le Jorf et Ajim, ne pourront résister au charme, dès l'accostage du bateau, de ces petites barques à la peinture éraillée des pêcheurs qui flottent tranquillement sur l'eau turquoise. Ici, l'air doux et chaud incite à fermer les paupières et à se laisser aller à la nonchalance et au farniente. Les insulaires ont, depuis la nuit des temps, fait leur le dicton "pas trop vite le matin, doucement le soir". Sur la route qui mène jusqu'à Houmt-Souk, qui se trouve au nord de l'île, on croise assis à l'ombre des arcades badigeonnées à la chaux, des commerçants qui palabrent paisiblement autour d'un verre de thé, attendant que le soleil darde moins fort ses rayons, pour reprendre leur activité. Plus loin, derrière les oliviers, des menzels, flanqués de tourelles et auxquels on accède par des pistes de sable qui serpentent entre les tabias, dressent leurs coupoles qui opposent leur blancheur immaculée à un ciel d'un bleu éclatant, créant cette magnifique harmonie qui a fait la réputation de l'île. Derrière les murs de ces petites maisons traditionnelles, à l'architecture bien particulière, bordées de cactus et d'arbres fruitiers, la modernité n'a pas eu de mise sur la vie des habitants où le code de vie ancestral est resté inchangé. C'est le silence qu'on écoute dans ces menzels, interrompu, de temps à autre, par le bruissement des feuilles des palmiers géants qui étendent leur ombre sur les grandes cours des maisons. Il est bon d'y faire la sieste dans la ghorfa, à laquelle on accède par de petits escaliers peints à la chaux, et très bien aérée grâce à ses petites fenêtres aux coquettes persiennes d'un beau bleu. Proche de la nature Ainsi, la vie s'écoule sans trop de heurts dans les cités conçues et aménagées dans le plus grand respect de la nature qui les abrite et il est difficile de résister au calme et au charme ensorcelants de l'île qui n'a cessé, depuis des siècles, d'attirer des populations venues d'ailleurs et tombées amoureuses de ce coin de paradis perdu où elles s'y sont installées pour l'éternité, en faisant un refuge et une seconde patrie pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Au début, il y a eu Ulysse et ses compagnons qui, égarés en mer, après la guerre de Troie (1185 av. JC), ont échoué sur l'île et goûté au Lotos, ce fruit mystérieux qui leur aurait fait oublier leur patrie d'origine. Après la fondation de Meninx, un grand comptoir commercial phénicien, créé au Xe siècle av. JC et qui symbolise la rivalité entre les Grecs et les Phéniciens pour la maîtrise de la rive sud de la Méditerranée, l'île connaît un développement économique très important et devient prospère. A la fin de la première moitié du millénaire av. JC, une communauté juive s'installe sur l'île de Djerba et fonde les deux grandes localités de Hara Kbira et Hara Sghira. Après l'occupation vandale et byzantine au Ve et au VIe siècles ap. JC, l'île devient le siège de la conquête arabo-musulmane qui apporte avec elle deux grandes doctrines, la doctrine ibadite et la doctrine malikite. Aujourd'hui, l'île porte encore toutes les empreintes des populations qui ont foulé son sol. L'histoire est restée figée dans les murs de plusieurs monuments historiques, dont le majestueux borj d'El Ghazi Mustapha, fort espagnol qui se trouve au nord de la ville de Houmt-Souk et qui a été construit au XIVe siècle sous le règne de Abou Farès, sultan de la dynastie hafside, pour subir par la suite les assauts des Espagnols et des Turcs. Cafés et soleil couchant Au petit matin, il n'y a rien de mieux que de plonger dans les eaux turquoises de la mer et s'étendre ensuite sur le sable fin et doré de la plage à l'ombre des palmiers, en se laissant caresser par les rayons encore tièdes du soleil. Direction ensuite Houmt-Souk, pour se perdre dans les dédales du vieux marché, humer les senteurs d'essences et d'épices qui grisent les sens et, ensuite, assister aux enchères de la pittoresque criée des poissons. L' après-midi, il est possible de visiter la synagogue de la Ghriba qui conserve l'une des plus vieilles Torahs du monde, pour ensuite se rendre à Guellela, ville des potiers qui parlent encore la langue berbère ou suivre la piste de la côte ouest pour admirer au soleil couchant la mosquée de Sidi Jmour, forteresse blanche perchée sur un rocher. Mais Djerba, ce sont aussi ses restaurants et ses cafés coquets qui longent la mer et où il fait bon s'installer pour admirer le soleil couchant et profiter de la tiède brise marine. En effet, ces dernières années, afin d'impulser le tourisme sur l'île, celle-ci a fait l'objet d'une stratégie visant à développer les espaces d'animation et de loisirs.