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Un événement plastique à Djerba la douce
Exposition : Paris-Tunis — Peintres en mouvements
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 06 - 2010

Lorsque les peintres de l'Ecole de Paris croisent à Djerba ceux de l'Ecole de Tunis, cela crée forcément un big bang culturel retentissant. Cette exposition, qui se déroule jusqu'au 20 juin 2010, a marqué l'ouverture récente de Dar Chérif, Centre international privé d'art et de culture de Sidi Jmour.
En fait, c'est grâce au capital de confiance dont jouit le directeur de ce nouvel espace culturel, Hamadi Chérif, esthète et galeriste de renom, que des œuvres prestigieuses lui ont été confiées par des musées européens et des collectionneurs privés tunisiens et étrangers pour organiser cet événement artistique.
Que peuvent avoir en commun des plasticiens venus pour leur majorité d'Europe centrale et attirés par l'effervescence artistique qu'offrait Paris en cette fin de XIXe siècle et ceux, également d'origines diverses, qui en 1946, ici sur une terrasse de café de la capitale, fondèrent l'Ecole de Tunis ? Qu'ils s'appellent Picasso, Modigliani, Chagall, Pascin, Derain, Matisse, Soutine, Krogh, David, Vassilief ou Farhat, Turki, Ben Abdallah, Yahia, Boucherle, levy, Mifsud, Bellagha, Naccache, Berraies…ce qui unissait les uns et les autres, c'était de vivre au sein d'une époque florissante en mouvements plastiques. Et le désir d'échapper à toute classification. Chacun représentant une figure originale située en marge des académismes classiques.
L'exposition qui se déroule actuellement au Dar Chérif reflète cette grande diversité stylistique, caractéristique des écoles de Paris et de Tunis.
Pour tous ceux qui élirent domicile au quartier Montparnasse à Paris " soudés et en même temps en compétitions", écrit dans le catalogue Sylvie Buisson, l'un des commissaires de l'exposition, le Louvre devient leur terrain d'étude favori. " Ils y puisaient notamment dans l'œuvre de Watteau et dans les images des peintres libertins du XVIIIe siècle ", souligne Rosemarie Napolitano, autre commissaire de l'exposition et experte du peintre Pascin.
Liberté, liberté
"Les mouvements d'avant-garde tels que le fauvisme, le cubisme, l'expressionnisme, le dadaïsme, impressionnaient beaucoup ces jeunes artistes étrangers tous préoccupés de création artistique et épris de liberté ", note encore Rosemarie Napolitano à qui nous devons la très belle exposition sur les dessins de Pascin en Tunisie, organisée il y a trois ans à la galerie Chérif Fine Art.
Derain explore la puissance expressive de la sculpture africaine et met en place un style marqué par l'art nègre. Le portrait de Jean Louis Barrault signé par Derain et exposé à Djerba rend compte de cette découverte plastique issue " du soleil et de la terre ", comme le note Sylvie Buisson. Modigliani comme Picasso s'en inspirent profondément. Matisse collectionne les nègres et fonde une nouvelle académie (Dar Chérif expose une magnifique lithographie intitulée " La Persane " de ce peintre).
Arrivé du Japon, Foujita se métamorphose au contact d'un " primitivisme " rencontré à travers les civilisations assyriennes, égyptiennes et mésopotamiennes au musée du Louvre. On revient aux origines de l'art. A sa simplicité, à sa pureté, à la légèreté de ses lignes…
Des femmes artistes se mêlent à ce groupe à la sensibilité bohème : Hermine David, l'épouse de Pascin, Marevna, Chana Orloff, Kiki de Montparnasse...Les poupées de Marie Vassilief, faites de bric et de broc, que les visiteurs peuvent admirer au Dar Chérif gardent une étonnante modernité.
Rien que par sa créativité toujours renouvelée, son humour, ses critiques acerbes de la société bourgeoise, son amour du voyage et son ouverture sur les autres cultures, Pascin fut l'un des maîtres de l'Ecole de Paris. Auteur de quatre catalogues raisonnés de cet artiste, né en Bulgarie en 1885 et mort (il se suicide par dépit amoureux) à Paris en 1930, Rosemarie Napolitano s'est prise de passion pour ce peintre, dessinateur et caricaturiste depuis vingt ans.
L'exposition de Djerba montre toute la palette de son talent en présentant des toiles de sa période nacrée, des dessins satiriques publiés dans le journal Simplicissimus et des scènes de vie captées à travers la Tunisie où " il ressentira la plus grande émotion au contact de sa population, un monde cosmopolite composé d'Arabes, de juifs, de Français, d'Italiens, de maltais… ", écrit encore Rosemarie Napolitano.
Elève de Derain, rentré de Paris dans les années 40, Pierre Boucherle se lie d'amitié avec Moses Levy, Antonio Corpora, Jules Lellouche, Yahia Turki, Ammar Farhat, Jallel Ben Abdallah, Aly Bellagha et tous les autres…Justement, c'est ce cosmopolitisme et cette pluriconfessionnalité ayant tant séduit Pascin, qui feront la richesse de l'Ecole de Tunis.
Dorra Bouzid, auteur d'un ouvrage intitulé Ecole de Tunis " (Alif- 1995) relève cette indifférence au racisme ambiant. Elle affirme : " Tous ne parlaient que peinture, riaient peinture, mangeaient même peinture ".
Ils se détournent de l'orientalisme dominant, réduisant un pays arabe comme la Tunisie à ses chameaux et ses bédouins. Ils sont férus de peinture moderne et veulent l'imposer dans un pays iconoclaste et sans traditions picturales. Zoubeir Turki, Ammar Farhat, Abdelaziz Gorgi, Nello Levy et les autres s'activent dès lors à vouloir transmettre des images authentiques de leur culture dans toute sa diversité ethnique.
" L'apparition de cette école est un événement fondamental de l'histoire du mouvement artistique tunisien. Son influence fut déterminante tant au niveau du développement de ses propres conceptions que sur la nature et les orientations d'autres expressions artistiques. Elle réussit à sortir l'Art de la marginalité ", écrit Hamadi Chérif dans le catalogue.


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