C'est entouré des tableaux d'Eléonore Fini, de Pascin, de Moses Levy, de Ali Ben Salem et de bien d'autres illustres noms de la peinture moderne tunisienne et européenne, que Hamadi Chérif a tenu, récemment, une conférence de presse dans sa galerie de Sidi Bou Saïd, pour annoncer l'ouverture de Dar Chérif. Ce nouveau Centre d'art et de culture de Sidi Jmour, qui sera inauguré le 21 avril prochain, «est l'aboutissement d'un vieux rêve», a-t-il affirmé. Hamadi Chérif a évoqué son coup de foudre pour Djerba en 1961, ses éternels retours dans l'île lorsqu'il résidait dans les années 60 et 70 entre Paris, Zurich et Beyrouth, puis son acquisition, il y a quinze ans, de ce terrain de plusieurs hectares dans la zone sauvage et vierge de Sidi Jmour, à proximité de l'aéroport. A l'origine de son projet, l'idée de créer une fondation culturelle. Mais la loi tunisienne ne permettant pas le lancement de ce genre de structure, Hamadi Chérif s'oriente plutôt vers l'aménagement d'un lieu de synergie d'artistes de divers domaines. L'espace leur sera donc ouvert pour exposer, se rencontrer et résider afin de créer des œuvres dans des ateliers mis à leur disposition. Le promoteur culturel présente ainsi le Dar Chérif: «Trois pôles de fonctions ont été créés. D'abord, un pôle d'activité muni de salles d'expositions, de six ateliers d'artistes et d'un espace rappelant l'architecture des ateliers de tissage réservé aux répétitions des musiciens et aux plasticiens travaillant sur les œuvres monumentales. Ensuite, un pôle de spectacles avec sa salle polyvalente, espace modulable adapté à toutes les scénographies, un patio pour les manifestations de plein air et un espace extérieur pour des événements culturels pluridisciplinaires accueillant un plus large public. Enfin, le pôle hébergement offre des chambres d'hôte. Le salon de Dar Chérif, dans le menzel accolé au Centre, présente aux visiteurs une collection privée et permanente d'œuvres d'art». Le Centre international d'art et de culture de Sidi Jmour, qui se veut une plateforme d'ouverture et d'échanges permanents entre les différentes cultures, ouvrira donc ses portes mercredi prochain avec le vernissage d'une prestigieuse exposition. Intitulée «Paris-Tunis : Peintres en mouvements», elle présentera une cinquantaine d'œuvres magistrales de l'Ecole de Tunis et de l'Ecole de Paris, toutes réalisées dans les années folles, ces fameuses années 30. L'ensemble comprendra des toiles d'artistes qui ont fait la gloire de l'Ecole de Paris : Modigliani, Chagall, Soutine, Foujita, Derain, Pascin, Loutreuil…, ainsi que des merveilles de l'Ecole de Tunis rarement sorties de chez les passionnés d'art privés, des Farhat, Yahia, Ben Salem, Mifsud, Roubtzoff, Levy, Naccache… Des trésors vivants prêtés par les musées Montparnasse et Oslo, ainsi que par de nombreux collectionneurs des deux rives de la Méditerranée. La cérémonie d'ouverture sera agrémentée d'un spectacle de danse présenté par le danseur étoile «Maurice Béjart» sur un air des années folles de Montparnasse, ainsi que par des performances de jazzmen allemands dont le fils du peintre Otto Dix, Yan Dix.