L'Ipoj sera prête ce mercredi après l'élection de son tiers par l'ANC «C'est une véritable fête pour les juges. C'est la première fois qu'ils sont appelés à élire leurs représentants d'une manière transparente. Ce vote constitue une véritable rupture avec les pratiques du passé», nous confie fièrement Kalthoum Kannou, présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), en ce dimanche consacré à l'élection des magistrats membres de l'Instance provisoire du pouvoir judiciaire. Venus de toutes les régions de Tunisie, les magistrats se sont déplacés hier dans les locaux du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle pour donner leurs voix à ceux qu'ils estiment être les plus à même de représenter le corps de la magistrature au sein de la nouvelle instance provisoire qui remplacera ainsi le conseil de la magistrature, dont les membres «étaient nommés sous couvert d'élections falsifiées», selon Kalthoum Kannou. Trois bureaux de vote ont été mis à disposition des juges électeurs, trois bureaux qui correspondent aux trois niveaux de l'activité judiciaire, à savoir les juges des tribunaux de première instance (4 sièges à pourvoir), les juges des tribunaux d'appel et enfin les juges relevant de la cour de cassation (3 sièges à pourvoir chacun). «Les bureaux de vote ont été ouverts de 10 heures jusqu'à 16 heures. Le dépouillement commencera dès la fermeture des bureaux de vote et le résultat sera proclamé aux environs de 20 heures», explique Omar Oueslati, rapporteur de la commission de vote. 57 candidats étaient en lice, parmi lesquels 19 magistrats de première instance, 23 magistrats des cours d'appel et 15 magistrats de la cour de cassation. Mercredi, l'instance sera fin prête avec l'élection d'autres membres (qui seront des professeurs universitaires) par les députés de l'Assemblée nationale constituante. Des élections qui devraient se passer dans la sérénité, selon Hichem Hosni, député et membre de la commission de vote. Un premier pas «C'est un premier pas vers la réforme du système judiciaire, car c'est une instance indépendante qui aura des prérogatives importantes comme de décider du mouvement, des mutations ou des promotions des magistrats, et ce, en plus de sa fonction consultative en ce qui concerne la promulgation des lois», affirme Kalthoum Kannou. Même engouement du côté de Hela Ben Driss, candidate à l'Instance provisoire du pouvoir judiciaire, qui estime « que quels que soient les heureux élus, l'important c'est que les juges soient correctement représentés», tout en insistant sur le fait qu'elle reste en désaccord avec la composition de l'instance. C'est d'ailleurs l'avis de l'AMT, qui ne conteste pas l'instance provisoire dans son ensemble, mais aurait bien aimé la voir composée en totalité de magistrats. «Nous nous contenterons des trois quarts de magistrats, ce qui correspond aux normes internationales», explique Kalthoum Kannou. Comme le soulignent les juges que nous avons rencontrés, c'est la première fois qu'une telle élection se tient en Tunisie en présence des médias, d'observateurs indépendants ou liés aux candidats. La mission d'observation a été par ailleurs assurée par l'association «Jeunes sans frontières» qui a relevé quelques dysfonctionnements non significatifs parmi lesquels l'encombrement des bureaux de vote et la poursuite de certaines campagnes électorales à l'intérieur du centre de vote, notamment par la distribution de petits flyers contenant le nom d'une liste en particulier.