Le décret-loi 41 était au centre de la rencontre organisée hier à Tunis par la Coalition pour la défense de la liberté d'expression La Coalition pour la défense de la liberté d'expression a organisé, hier à Tunis, un séminaire sur le droit à la liberté d'expression, de presse et à l'accès à l'information. La rencontre a réuni des professionnels œuvrant dans le domaine des médias et des militants pour la liberté d'expression. Elle a permis de faire l'état des lieux de l'un des enjeux primordiaux de la révolution du 14 janvier 2011: la liberté d'expression, l'accès inconditionné à l'information tant pour les journalistes que pour les citoyens et une presse fondée sur les principes de la neutralité, de l'objectivité et de la transparence. Prenant la parole, M. Ridha Jenayah, universitaire à la faculté de Droit de Sousse, a traité du droit à l'accès à l'information dans les pays démocratiques. «Il faut dire que la Tunisie évolue au sein d'un climat politique transitionnel. Le projet de la nouvelle Constitution doit être le garant de la liberté d'opinion et celle d'expression. Toutefois, ce défi démocratique se heurte, à chaque fois, aux obstacles juridiques et aux tentatives visant à restreindre le champ de la liberté d'expression». Ces tentatives servent, en effet, des intérêts antidémocratiques, voire dictatoriaux, comme l'abus de pouvoir, la volonté d'accaparer l'information pour diverses raisons dont le fait de protéger certaines pratiques illégales. L'article 30, par exemple, permet la restriction du droit à la liberté d'opinion, d'expression, de l'information et de la publication dans l'optique de préserver les droits et la dignité d'autrui. Quant à l'article 31, il conditionne le droit d'accès à l'information par la non-perturbation de la sécurité et de l'intérêt nationaux et le respect des informations personnelles. Le défi de la liberté d'expression est loin d'être levé surtout avec cette passivité notable quant à la mise en œuvre des textes de loi susceptibles de réglementer le secteur de l'information. Deux ans et demi après le 14 janvier 2011, l'accès à l'information s'avère compliqué. Certaines informations demeurent secrètes, pour des raisons d'Etat. L'orateur appelle à la révision de certains textes de loi afin de garantir l'accès à l'information et à la liberté d'expression. De son côté, M. Hichem Snoussi, membre de la Haute instance indépendante de la communication audiovisuelle, a rappelé les points forts du décret-loi 41. Il a indiqué que, suite à la promulgation de ce décret, des propositions de réforme ont été faites par l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication sans suite notable. « Ce refus revient-il à des divergences éthiques ou plutôt à des raisons relatives au pouvoir? », s'interroge M. Snoussi. Et d'ajouter qu'il existe un projet alternatif au décret 41, qui n'est pas soumis au principe d'un dialogue général impliquant toutes les parties concernées. L'orateur fustige la crédibilité de certains partis qualifiés de démocratiques et qui – contre tout principe démocratique — s'abstiennent paradoxalement de révéler l'information les concernant. De son côté, M. Saïd Khezami, rédacteur en chef du service infos à la télévision nationale, a évoqué «l'abus de pouvoir en matière d'information». Il a indiqué que «les responsables du gouvernement tiennent à donner la primeur de leurs activités, même celles anodines, sur des évènements de plus grande importance». Il a également attiré l'attention sur l'intolérable inégalité en matière d'accès à l'information en faveur notamment de la télévision nationale et de la TAP au détriment des autres médias, dont les médias privés.