Les chauffeurs de taxi, chapeautés par la Chambre syndicale régionale des taxistes de Tunis sont prêts à payer les dix dinars supplémentaires à condition: bénéficier de stations répondant aux critères requis. Après les grèves de 2011 en contre réaction aux abus en matière d'octroi des autorisations et après les protestations contre l'émergence concurrentielle des taxis collectifs, les maîtres des taxis affichent de nouveau leur désapprobation quant aux mesures municipales réglementant leur domaine. En effet, les membres de la Chambre syndicale régionale des chauffeurs de taxi de Tunis ont organisé, hier, en face la municipalité de Tunis un sit-in par le biais duquel ils rejettent la décision prise par la partie concernée portant sur l'augmentation des taxes sur les stations de taxis et recommandant l'application stricte des lois. Bon nombre de taxistes, représentant les 10.600 taxistes actifs dans la région, de Tunis, ont répondu présent au sit-in, appuyant ainsi la position du syndicat face aux décisions parachutées. Il faut dire que le décret numéro 1428 en date du 13 juillet 1998, réformé le 31 janvier 2000, réglementant la tarification des taxes relatives à l'usage des stations de taxis est clair: le tarif de stationnement que doivent payer les chauffeurs de taxi est fixé à 150 millimes tant pour une durée d'une journée que d'une demi-journée. Cette loi n'est manifestement pas souveraine dans la mesure où elle n'est pas respectée par la partie concernée à son juste sens. «La loi précise que le payement doit être ponctuel, soit pour une journée, soit pour une demi-journée. Le taxiste paie, ainsi, ce qu'il doit à l'Etat et reçoit, en contrepartie, un ticket justifiant son acte. Or, l'année dernière, nous avons été dans l'obligation de payer cette taxe à titre annuel, soit une somme de 54dt d'un coup, ce qui n'est point conforme au décret. D'autant plus que si l'on fait le calcul des 150 millimes par jour et si l'on ne compte pas les dimanches et les jours fériés, la somme annuelle ne dépasserait en aucun cas les 40dt», explique M. Naceur Hlaoui, membre du syndicat. Il est à noter par ailleurs que si les chauffeurs de taxi de la région de Tunis sont amenés à verser 54dt par an, ceux du gouvernorat de Ben Arous (le reçu d'un taxiste issu de la zone de Khlidiya à l'appui) ne payent pas plus de 20dt par an. Si les deux gouvernorats sont mitoyens et font partie du Grand-Tunis, l'écart entre les deux taxes s'avère énorme. Mais la goutte qui a fait déborder le vase, c'est la décision prise, cette année, par la municipalité de Tunis et portant sur l'augmentation de cette taxe d'un montant de 10dt. Les chauffeurs de taxi doivent s'apprêter à payer, désormais, la somme de 64dt par an comme taxe sur l'usage des stations. «Le prétexte de cette augmentation n'a rien de logique: 5dt de plus pour les prestations de contrôle et 5dt pour l'aménagement des stations. Cependant, pour évoquer la question de l'aménagement des stations, il faudrait que ces dernières présentent, d'abord, les critères d'une station proprement dite, soit des sièges et un abribus, ce qui n'est pas le cas», souligne M. Hlaoui. Il a, par ailleurs, fait remarquer que bon nombre de chauffeurs de taxi ne recourent quasiment jamais aux-dites stations. L'un des chauffeurs de taxi présents a mis l'accent sur les difficultés auxquelles se heurtent les taxistes en voulant stationner à La Kasbah, à la Place Pasteur et à l'avenue Hédi-Chaker. «Il suffit qu'un taxiste stationne à La Kasbah pour que les agents de la municipalité lui demandent de céder le passage aux véhicules du personnel de la municipalité. L'emplacement des stations situées à la Place Pasteur et à l'avenue Hédi Chaker ne favorise pas l'accès des taxistes», souligne le taxiste. Le syndicat régional des chauffeurs de taxis de Tunis a sollicité l'intervention d'un notaire dont le procès-verbal a été déposé comme document d'appui aux délégations spécifiques. Le procès-verbal prouve que le notaire s'est déplacé le 17 janvier 2013 aux stations de taxis situées à la place de la République ainsi qu'à l'avenue Bourguiba, où il a constaté la présence de véhicules de particuliers et non des taxis. Le membre de la Chambre syndicale régionale des chauffeurs de taxis de Tunis ajoute que les actions de contrôle des taxis sur le stationnement doivent impérativement être effectuées par les agents de la police municipale. Or, ce sont les agents de la police routière et ceux relevant de la Garde nationale qui interpellent les chauffeurs de taxis en guise de contrôle. Protestant contre ces diverses anomalies et contre l'augmentation injustifiée des taxes sur l'usage des stations de taxi, les membres du syndicat régional des chauffeurs de taxi de Tunis recommandent le respect du décret-loi. Ils se montrent disposés à payer les 10dt supplémentaires à une condition: transformer les pseudo-stations en des stations proprement dites, munies des critères nécessaires à une station. «Si la municipalité nous garantit l'aménagement des stations afin que ces dernières soient conformes aux normes et à leur appellation, nous serons prêts pour payer l'augmentation de la taxe», indique M. Hlaoui. Après un entretien avec le secrétaire général de la municipalité de Tunis, les choses ne semblent pas aboutir à une solution satisfaisant les chauffeurs de taxis. Gobant mal la réticence de la municipalité de Tunis, les taxistes se sont dirigés vers l'ANC en vue de trouver une oreille attentive et une solution convenant à toutes les parties.