La Ligue tunisienne des droits de l'Homme (Ltdh) a organisé, hier matin, à Tunis, un atelier sur les «moyens de protéger le droit du citoyen à une information libre et à des médias indépendants», avec la participation d'organisations de la société civile, d'experts et de journalistes. A ce propos, M. Messaoud Romdhani, membre de la Ltdh, a mis l'accent sur la solidarité de la Ligue avec tous les journalistes face aux pressions qu'ils subissent que ce soit de la part de leurs chefs hiérarchiques ou de certaines parties qui cherchent à limiter la liberté de la presse. Il a indiqué qu'il «est du droit du citoyen d'avoir une information libre et crédible», faisant part, en même temps, de ses craintes face à la dissolution de l'Instance nationale indépendante pour la réforme de l'information et de la communication (Inric). Pour sa part, le président de la Ligue, Abdessattar Ben Moussa, a tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde toutes les composantes de la société civile et les journalistes contre «les dangers pouvant émaner des travaux de la commission des droits et des libertés de l'Assemblée nationale constituante qui cherche à inscrire dans la Constitution la répression des libertés, surtout à travers les deux articles 6 et 14 de la nouvelle Constitution». Il a, dans ce sens, appelé les différentes composantes de la société civile et les partis politiques à «organiser des conférences, dans les différentes régions, afin de sensibiliser à la nécessité de faire face à toute tentative de retour à la dictature en Tunisie et à la répression des libertés». De son côté, Le président de l'Inric, Kamel Labidi, qui avait, dernièrement, annoncé la fin de la mission de l'instance indépendante, a expliqué que l'Inric «a été acculée à arrêter ses activités, après avoir constaté que depuis sa création, aucune mesure positive n'a été prise de la part du gouvernement pour réformer l'information». Il a indiqué que «la décision de se retirer est intervenue afin de ne pas leurrer les citoyens concernant l'existence d'une information libre, alors que le pouvoir exécutif effectue des nominations sans consulter les gens de la profession». Kamel Labidi a, en outre, appelé à la nécessité «d'accélérer le lancement d'une instance indépendante pour la communication audiovisuelle et d'une instance régulatrice spécifique à la presse écrite». Il a ajouté que «la création de ces instances est la responsabilité des gens de la profession, du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) et de l'Association des directeurs de journaux». Le président de l'Inric a, d'autre part, insisté sur l'importance d'inscrire dans la Constitution le droit à la liberté de la presse et d'interroger l'Assemblée constituante sur la nature de l'instance qui va superviser l'information et dont on a parlé à la séance plénière lors de l'annonce de la dissolution de l'Inric. A cet effet, il s'est interrogé sur la méthode qui sera utilisée pour l'élection de cette instance qui sera composée de 9 membres de l'Assemblée nationale constituante, estimant que ce projet incohérent n'est pas digne d'un Etat qui œuvre pour l'instauration de la démocratie. « Nous craignons que cette instance se substitue à l'ex-ministère de l'Information et à l'Agence tunisienne de communication extérieure », a-t-il dit. Par ailleurs, la présidente du Snjt, Nejiba Hamrouni, a souligné que «le droit du citoyen à l'information n'est pas seulement l'affaire des journalistes et du syndicat, mais qu'il intéresse toutes les parties actives de la société». Elle a rappelé qu'il «n'est pas possible de parler de liberté de l'information sans une réforme du système législatif ce que refuse le gouvernement provisoire actuel. Elle a insisté sur la nécessité de renforcer l'indépendance des médias et la protection des droits des journalistes», ajoutant «qu'il n'est pas possible de satisfaire ces deux revendications, sans réaliser la réforme du système législatif».