Tweet Share TUNIS (TAP) - Le président de l'instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) Kamel Laabidi a annoncé que la décision de l'instance de mettre fin à sa mission résulte de l'absence d'une volonté politique concrète de prendre en compte ses recommandations visant à réformer le secteur des médias. Cette décision a été annoncée lors d'une conférence de presse organisée mercredi au cours de laquelle Kamel Laabidi a passé en revue les principales activités de l'instance depuis sa création au mois de mars 2011, et les recommandations formulées dans son rapport général du 30 avril 2012 en vue de faire avancer le processus de réforme du secteur médiatique. Il s'agit notamment de la nécessité d'inscrire la liberté d'expression et de presse et l'accès à l'information dans la nouvelle Constitution, et de conférer à l'instance de régulation dans le secteur des médias, de l'audiovisuel et de la presse électronique un aspect constitutionnel. A cet égard, M. Laabidi a critiqué la position du gouvernement provisoire de ne pas prendre en considération le contenu du rapport général de l'instance et l'absence de toute initiative réelle en vue de garantir l'application des recommandations de l'INRIC, s'agissant particulièrement de la mise en oeuvre des décrets-lois 115 et 116. Il a appelé la société civile à protéger le droit des citoyens à une information crédible, fiable, libre et indépendante qui respecte les standards professionnels et déontologiques, et d'agir rapidement pour protéger ce droit "menacé aujourd'hui plus que jamais". "Huit mois après la publication du décret-loi n°116 relatif à la liberté de l'audio-visuel et la nomination de responsables à la tête des médias audio-visuels publics, a-t-il relevé, l'INRIC regrette le refus persistant du gouvernement de respecter et de mettre en oeuvre ces décrets-lois qui, selon des organisations professionnelles et juridiques tunisiennes et internationales, sont conformes aux standards internationaux en matière de liberté d'expression". Kamel Laabidi a, dans ce sens, fait remarquer que ce refus a provoqué "un vide juridique qui a laissé le champ libre à l'immixtion dans le paysage audio-visuel tunisien de parties qui ne sont pas prêtes à respecter la loi, ni les cahiers de charges, en vigueur dans les pays démocratiques". La décision du gouvernement de ne pas appliquer le décret-loi 116 qui stipule dans son article 19 que l'INRIC doit être consultée dans la nomination de présidents directeurs généraux des établissements audio-visuels publics "est une preuve du recours aux mêmes méthodes de nominations et de limogeages pratiquées au cours des dernières décennies", a-t-il relevé. Il a précisé que les récentes nominations (2 juillet 2012) de nouveaux directeurs des chaînes de radios régionales et centrale sans consultation aucune avec les régions ni les structures et syndicats professionnels, rappelle les mêmes procédés du gouvernement, en janvier dernier, et qui avait pourtant considéré "ces nominations comme une erreur qui ne se répéterait plus ». Présents à cette rencontre, plusieurs journalistes et représentants de la société civile se sont opposés à la décision de l'INRIC de mettre fin à sa mission, qualifiant cette décision de « soumission à la volonté des décideurs au sein du gouvernement provisoire ». Ils ont, à cet égard, demandé aux membres de l'instance de renoncer à cette décision. Les intervenants se sont interrogés sur les raisons du choix de ce timing pour annoncer cette décision ainsi que sur l'organisme qui doit protéger les journalistes en l'absence de l'INRIC, précisant que le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) ne peut pas défendre les droits des journalistes tout seul». « L'INRIC refuse d'être qu'un simple décor », a répondu Kamel Laabidi, estimant qu'il est possible qu'en mettant fin à la mission de l'INRIC, la voie s'ouvre pour la création de la haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle. « La fin de la mission de l'INRIC n'est pas synonyme de démission ou d'abandon », a-t-il lancé. « Nous allons continuer notre lutte, chacun de son côté, jusqu'à ce qu'on réussit à réaliser l'un des objectifs de la révolution, à savoir la garantie du droit du citoyen tunisien à une information libre et indépendante », a-t-il conclu. Tweet Share Suivant