Des représentants de la Ligue des droits de l'Homme, de l'Association des femmes démocrates, de l'Institut arabe des droits de l'Homme, du Syndicat national des journalistes tunisiens, autant d'autres ONG et associations, une foule de journalistes professionnels, de juristes et d'universitaires étaient réunis vendredi soir au siège de l'Inric... Autour de son indépendance, de son engagement pour la réforme et des principales recommandations de son rapport général, l'instance rassemble un grand faisceau de la société civile et des médias... Dans l'air convivial d'un premier soir d'été, la manifestation tombe à pic. Elle marque le début d'une histoire et signe une sorte de pacte moral. Le 10 mars 2011, à la faveur d'une des revendications essentielles de la révolution, l'Inric voyait le jour dans la foulée d'un décret : le 11 mai 2012 ; après un an d'ateliers, de travail de terrain, d'échanges intra et extraterritoriaux avec les anciennes et les nouvelles démocraties, un bilan conséquent, un sondage approfondi du secteur, un état des lieux et un diagnostic pertinent de ses maux, un cadre législatif conforme aux standards internationaux, un rapport général et des dizaines de recommandations en main, l'instance indépendante suscite, massivement, l'adhésion. Son engagement, la rigueur de sa démarche et son indépendance avérée au fil de ses positions et propositions ont fini par payer, au sein du secteur et bien loin ailleurs. Une société civile presque au complet, un parterre de journalistes professionnels, d'universitaires, de juristes, d'enseignants de l'Institut de presse et d'autres universitaires étaient venus ce vendredi 11 mai pour l'exprimer. L'Inric, que seuls de petits groupes d'intérêt s'acharnent à pousser, via des campagnes de désinformation, vers la porte de sortie, est placée ce soir devant l'histoire. Celle de la réforme des médias ; une histoire qui ne fait que commencer et dont elle semble aujourd'hui détenir les principales clefs, de par son caractère indépendant, son expertise du secteur, son investissement sur le terrain et l'étendue de son réseau de soutien. « Mais comment concrétiser les réformes en l'absence des législations et des structures qui tardent à être activées» ?... interroge le président Kamel Laâbidi, pour répondre aussitôt: « Si on n'est pas vigilants et solidaires, on risque de rééditer les erreurs du passé et de payer de ce capital d'indépendance dont on bénéficie aujourd'hui... ». Il conclura néanmoins sur ce ton assuré : « L'occasion est encore là d'instituer le droit des Tunisiens à une presse libre et indépendante !» Dans l'assistance, un débat franc et spontané s'installe aussitôt. Même conscience « de la précarité des acquis et de l'urgence de la réforme ». Même engagement à « préserver et consacrer l'indépendance des médias en général et des médias publics en particulier ». Mêmes appréhensions quant «aux manœuvres conquérantes de la classe dirigeante et aux risques majeurs qu'encourt la profession au fil des nominations des responsables et autres pressions et ingérences du gouvernement». Les propos abondent. Les arguments et les illustrations aussi. Entre de nouveaux pouvoirs qui exigent des médias un complément de pouvoir et travaillent à se garantir leur soutien, une partie de l'opinion biberonnée à l'info filtrée et dirigée et une poignée de journalistes prêts à sortir de leur rôle et de prêter main-forte aux dirigeants, la pression monte au quotidien sur les journalistes travaillant isolément là où les structures, l'autorégulation, l'indépendance, les lignes éditoriales et les chartes déontologiques tardent à prendre place à l'intérieur des rédactions. Pour toutes ces raisons, la rencontre de vendredi devait à nouveau affirmer l'opportunité de poursuivre et d'affiner la mission de l'Inric qui, forte de son programme, de l'adhésion de la société civile et des professionnels, est toute destinée à constituer un solide groupe de travail sur la réforme et pour l'indépendance du secteur. Et si un décret venait mettre fin à sa mission ? Kamel Laâbidi assure rallier la société civile et précisément le mouvement associatif. En attendant, son agenda est encore plein. Initier le deuxième temps de la consultation nationale autour de la réforme de l'information, après examen des résultats du premier temps que Lotfi Zitoune, conseiller chargé des affaires politiques, a promis de lui communiquer. Soumettre, dans les jours qui viennent, son rapport général à tous les constituants comme une matière de référence et de réflexion....