Il est révolu le temps où la formation professionnelle était perçue comme le dernier recours après l'échec scolaire, dans un contexte où la généralisation de l'éducation et la formation des cadres supérieurs étaient la priorité du pays après l'indépendance. Actuellement, des programmes sont mis en place pour améliorer la qualité des formations proposées et les adapter aux normes internationales. La formation professionnelle est devenue, ces dernières années, une source d'embauche pour plusieurs de ses diplômés. Les besoins en main-d'uvre qualifiée et spécialisée ne cessent d'augmenter et de se diversifier. "Il s'agit d'une nouvelle vision axée plutôt sur l'aspect économique et non plus social", nous affirme M. Abdallah Ben Abdallah, directeur général de l'Agence tunisienne de formation professionnelle (ATFP). Du côté de l'ATFP, on se montre plus ou moins satisfait du rendement du secteur. Le nombre des diplômés des centres de formation professionnelle est de 105 mille actuellement contre 65 mille en 2006. «Il y a, certes, une amélioration. Mais l'affluence sur les centres de formation n'est pas encore satisfaisante malgré ce qu'ils présentent comme opportunité pour les jeunes. Plusieurs entreprises étrangères se sont implantées en Tunisie dans des domaines à haut potentiel et sont en besoin de main-d'uvre qualifiée», nous indique M. Ben Abdallah. Nouvelles filières La dernière en date, Aerolia, qui s'est dernièrement implantée dans la zone industrielle d'El M'ghira. Spécialisée dans la fabrication des composants aéronautiques, cette entreprise a démarré depuis août 2009 une formation à la carte auprès de l'ATFP pour 40 personnes. Pour l'année en cours, M. Ben Abdallah nous annonce que 240 personnes seront formées sur la demande d'Aerolia, dont 36 pour le compte d'un sous-traitant de l'entreprise. «Un expert étranger animera cette formation ainsi que la formation des formateurs selon les normes internationales. Pour les autres sous-traitants, il faudrait identifier leurs besoins en main-d'uvre», précise M. Ben Abdallah. Par ailleurs, le directeur général de l'ATFP affirme que l'implantation de plusieurs entreprises dans les régions intérieures exige une adaptation de la formation aux besoins de ses entreprises. A l'exemple du secteur textile et habillement qui n'est plus limité aux villes côtières. Il nous annonce, ainsi, l'ouverture d'un centre de formation en textile et habillement à Gafsa, la semaine prochaine (mi-mai 2010), où l'enseigne Benetton a déjà une unité de fabrication. A Kasserine, un autre centre va ouvrir en juin 2010. Avec l'implantation de Yazaki à Gafsa, le centre sectoriel a introduit de nouvelles spécialités pour adapter la formation aux besoins de l'entreprise nippone. Améliorer la qualité de la formation Pour le responsable de l'ATFP, l'avenir de la formation professionnelle est sûr. Les jeunes prennent de plus en plus conscience des perspectives prometteuses que leur promettent les centres de formation dans des filières où la demande en main-d'uvre est en augmentation continue, essentiellement dans l'électronique, les télécommunications, la mécanique et le tertiaire. Cependant, un secteur semble oublié, celui de la maçonnerie où l'affluence n'est pas à la hauteur des besoins. «Mais ce qui est important pour nous actuellement est de miser sur l'amélioration de la formation pour qu'elle soit plus performante et au même niveau que celui des pays européens», indique-t-il. Rappelons qu'un conseil ministériel restreint s'est réuni, le 27 avril 2010, pour la mise en uvre d'un plan de renforcement et de mise à niveau du système de formation professionnelle. Les mesures promulguées concernent essentiellement : la mise en place de la co-certification des diplômes de formation professionnelle en collaboration avec des organismes internationaux, le renforcement des programmes de formation à la carte au profit des entreprises économiques et le diagnostic des besoins des régions intérieures en termes de formation.