A cette occasion, cet homme d'affaires, amoureux invétéré du sport en général et du football en particulier, a exprimé toute sa frustration de voir le football tunisien dégringoler, en quelques années, bien bas au classement de la Fédération Internationale de Football (FIFA), pour passer de la 20ème lorsqu'il présidait aux destinés du sport roi dans notre pays- à la 60ème place aujourd'hui. Khaled Sanchou a même analysé les raisons du mal. Outre les médias -qui «affirment aujourd'hui qu'on peut gagner la Coupe du monde avec le nationalisme»-, l'arbitrage, l'ancien président du Stade tunisien incrimine les infrastructures, les finances, la formation des jeunes, et le choix des dirigeants de clubs. D'abord avocat des clubs, M. Sanchou se demande comment ceux-ci peuvent faire du sport d'élite ou de masse alors qu'ils «n'ont pas les infrastructures qu'il faut» pour la pratique du football. Puis accusateur, il relève l'absence de surveillance des finances de ces clubs par l'autorité de tutelle, alors que, selon lui, des choses peu orthodoxes s'y passent. «Dans les clubs, c'est la pagaille au niveau financier», observe le conférencier. «Ni la Fédération ni le ministère (de la Jeunesse, du Sport, et de l'Education physique) n'exercent le moindre contrôle sur les clubs dans ce domaine», affirme-t-il. Observant que «les clubs présentent, certes, des bilans certifiés», l'ancien président du Stade Tunisien verse un peu dans la provocation : «moi je vous certifie que 90% des présidents de clubs ont la main dans la caisse». Et M. Sanchou de citer le cas de l'un d'entre eux «qui, lors des derniers jours de son mandat, a vendu 2 joueurs pour 320.000 dinars qui n'apparaissent pas dans le bilan». Pour éviter cela, l'ancien président de la FTF propose d'adopter une solution en vigueur en France. Pour garantir la transparence, on a instauré dans ce pays un formulaire que «les présidents de clubs et les commissaires aux comptes remplissent chaque mois». Autre faiblesse de notre sport-roi : la quasi absence de formation des jeunes. «Personne ne s'en occupe. Aujourd'hui, aucun centre de formation ne fonctionne chez nous. Car les présidents de clubs veulent des résultats immédiats, or la formation des jeunes ne porte pas ses fruits rapidement». D'où l'absence de grands joueurs dans le pays. Et, naturellement, cela se répercute sur les résultats de l'équipe nationale. Alors que ce sport «baigne dans la passion», Khaled Sanchou pense qu'on ne peut sortir le football de l'ornière qu'en adoptant «une approche rationnelle et dépassionnée». Que l'on trouve notamment chez les ingénieurs des grands écoles dont «le sport d'élite a grandement besoin».