Dans un récent article, Oxford Business Group (OBG) a mis l'accent sur la stratégie industrielle de la Tunisie dans les prochaines années, laquelle stratégie vise à remonter la chaîne des valeurs en s'orientant davantage vers des secteurs à haute densité technologique, notamment depuis que les fabricants en Europe et en Amérique du Nord cherchent à déménager leur lieu de production vers des régions meilleur marché. Selon les chiffres avancés par le ministère de l'Industrie et de la Technologie, près de 25% des exportations enregistrées en 2009 par la Tunisie concernaient des produits à haute densité technologique. En outre, le ministère espère voir doubler ce taux d'ici 2014. A titre de comparaison, en 1995, le taux de produits de haute technologie exportés par la Tunisie s'élevait à peine les 5%. OBG indique que, malgré le ralentissement de la demande en provenance de l'Union européenne, dans le secteur manufacturier, les industries tunisiennes ont réussi en grande partie à surmonter le pire de la crise économique mondiale et les entreprises exportatrices cherchent désormais à diversifier leurs partenaires commerciaux. Les exportations tunisiennes ont été touchées par la baisse de la consommation liée au ralentissement économique mondial. Par exemple, la demande de biens industriels de la part de l'Europe, son principal marché, a fortement chuté. Selon le ministère de l'Industrie et de la Technologie, les exportations tunisiennes sont passées de 23,6 milliards de dinars tunisiens (12,48 milliards d'euros) à 16 milliards de dinars tunisiens (8,46 milliards d'euros). Constant que la récession dans la zone euro a démontré que la dépendance de la Tunisie aux marchés européens comportait des écueils, selon OBG, les exportateurs tunisiens cherchent de nouveaux marchés dans d'autres régions du monde, dont les pays du Golfe, l'Asie et l'Afrique subsaharienne. «Ces nouveaux lieux géographiques joueront un rôle plus important pour le secteur industriel tunisien, à mesure que le pays se fasse une place sur la scène économique mondiale», a déclaré à OBG Hédi Djilani, le président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA). L'un des secteurs clés qui aidera la Tunisie à atteindre son ambitieux objectif, c'est la fabrication de produits aéronautiques. Suite à une entente signée en 2009, le fabricant de sous-ensembles aéronautiques français Aerolia, une filiale d'Airbus, implantera une nouvelle usine en Tunisie, au cours de l'année. L'entreprise a annoncé qu'elle projetait d'investir quelque 30 millions d'euros au cours des cinq prochaines années. Boeing cherche également à déménager certaines de ses usines de production en Tunisie. Les autorités tunisiennes espèrent que l'usine d'Aerolia aidera à jeter les bases des futurs investissements dans le secteur. «Si nous créons une zone industrielle dédiée à l'aéronautique, cela prouvera que nous avons confiance en nos capacités de soutenir l'industrie ici, en termes de savoir», a souligné M. Djilani. «La notion de zones spécifiques à un secteur d'activité est très bonne dans la mesure où elle permet un regroupement de connaissances, ainsi que des économies d'argent et de temps au niveau des transports». Les industries traditionnelles continuent à jouer un rôle considérable dans la stratégie d'exportation du pays. Par exemple, l'industrie du textile qui représente près de 22% des exportations nationales fut l'un des secteurs les plus touchés par la crise, enregistrant une baisse de 20% au cours du dernier trimestre 2009. Cependant, les premiers signes de rétablissement sont visibles : les exportations de la filière du textile et de l'habillement ont connu une augmentation de 3% au cours du dernier trimestre 2009. Les spécialistes s'attendent à un rebondissement complet pour l'industrie du textile courant 2010.