La méthode est déjà rodée et elle va être généralisée : pour analyser en profondeur les moindres recoins du tissu économique du pays, en révéler les potentialités et les transformer en opportunités exploitables en vue d'accélérer son développement économique, la Tunisie a pris l'habitude depuis quelques années d'avoir recours à des études stratégiques. Cette pratique s'est imposée en particulier depuis la création de l'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) en 1993 et qui a à son actif plusieurs de ces exercices prospectifs ayant fondé certains des choix et politiques des pouvoirs publics. Toutefois, l'ITES n'a pas le monopole dans ce domaine, puisque l'Etat fait réaliser depuis quelques années des études les plus importantes par des bureaux privés tunisiens et étrangers. C'est le cas par exemple de l'étude menée par Comete Enginering au sujet de l'impact du Traité d'association conclu avec l'Union européenne en 1995 et de celle réalisée début 2009, à la demande du ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises, par le cabinet AMC Ernst & Young, afin de dégager les grandes lignes d'une stratégie pour l'industrie tunisienne à l'horizon 2016 en vue de faire de la Tunisie une «Euromed Valley» -c'est-à-dire une base de production, d'innovation et d'exportation dans des secteurs à la fois traditionnels (comme le textile, l'agroalimentaire, le cuir et chaussures) et nouveaux (à l'instar des composants automobiles, aéronautiques et de l'électronique). Le gouvernement entend continuer sur cette voie. En effet, lors de la présentation à la Chambre des députés de la déclaration sur le budget économique et le budget d'Etat pour l'année prochaine, lundi 30 novembre, M. Mohamed Ghannouchi a annoncé le lancement au cours des mois à venir de plusieurs études concernant deux acteurs économiques importants les secteurs économiques et les régions- et une question vitale pour l'avenir du pays : l'eau. Les études sectorielles seront dédiées aux «activités prometteuses», dont les services de santé, les énergies renouvelables, l'offshoring de divers services (comptabilité, ingénierie, informatique, etc.). D'ailleurs, l'une d'entre elles est sur le point d'être lancée. Il s'agit de celle ayant trait à l'offshoring et qui fait actuellement l'objet de négociation entre l'Agence de Promotion de l'Investissement Etranger (FIPA) avec un grand cabinet international qui n'en est pas à sa première expérience en Tunisie. Les régions auront également leur part d'études stratégiques. Tout en continuant à uvrer à la formulation de stratégies sectorielles, le gouvernement entend, selon le Premier ministre, «intensifier les études concernant les potentialités des régions et les moyens de les revaloriser et de renforcer (le rôle de ces entités, ndlr) dans l'élaboration, la préparation et la réalisation de projets dans le cadre d'une vision renouvelée du développement régional». Enfin, une étude prospective va porter sur la question de l'eau à l'horizon 2050 avec l'objectif d'élaborer un plan «tenant compte des dimensions économique, technologique, et environnementale» et permettant «une exploitation optimale de nos ressources».