«L'accès préférentiel au marché élargi de l'UE par le biais des accords d'association Euromed ne peut garantir à lui seul un plus grand flux d'investissements étrangers dans la zone méditerranéenne, ni ne saurait rendre automatiquement la région plus compétitive». C'est ce qu'a affirmé M. Tonio Borg, le ministre des Affaires étrangères maltais, en marge de la 7ème Commission mixte tuniso-maltaise, réunie, pour l'occasion, à La Valette. Et les relations notamment économiques entre les deux pays ont été au centre des débats lors d'un séminaire organisé dans la capitale maltaise, mardi 24 mars. Un événement co-organisé par l'Union tunisienne de l'industrie du commerce et de l'artisanat (UTICA), le Centre de Promotion des Exportations (CEPEX) et l'ambassade de Tunisie à Malte. Une délégation d'hommes d'affaires tunisiens a aussi fait le déplacement, histoire de tirer le meilleur parti du partenariat entre les deux Etats. Les chiffres provisoires pour 2008 indiquent que les échanges entre la Tunisie et Malte ont atteint les 13 millions d'euros, soit une augmentation de 100% par rapport aux chiffres de l'année 2004. Ce dont s'est félicité M. Tonio Borg. Il a d'ailleurs rappelé que de «nombreuses entreprises maltaises sont impliquées avec leurs homologues tunisiennes dans divers secteurs, tels les loisirs, l'hôtellerie, la banque et le textile». Il a d'ailleurs considéré la visite de la délégation d'hommes d'affaires tunisiens à Malte comme «un pas dans la bonne direction». Selon le CEPEX, les exportations tunisiennes vers Malte sont passées de 7 millions de dinars en 2001 à 17,2 millions de dinars en 2005. Quant à nos importations sur la même période, elles étaient de 6,7 millions de dinars en 2001 pour atteindre les 12,6 millions de dinars en 2005. M. Abdelwaheb Abdallah, le ministre tunisien des Affaires étrangères, a du reste «exprimé sa satisfaction de la nouvelle dynamique que connaît la coopération bilatérale, marquée par l'échange régulier de visites et la périodicité des consultations politiques». Autant dire, donc, que c'est sous des auspices on ne peut plus favorables que la 7ème Commission mixte tuniso-maltaise s'est réunie. Mais ce n'est pas réellement une surprise. Et pour cause : les relations entre les deux Etats méditerranéens ne datent pas d'aujourd'hui. Au milieu de XIXe siècle, déjà 6 à 7.000 Maltais vivaient en Tunisie, selon les estimations les plus restrictives. Une communauté totalement intégrée, à l'époque dans le tissu social tunisien. Dans notre pays, certains corps de métiers étaient presque leur chasse-gardée. Ainsi, les forgerons, menuisiers, et surtout les cochers maltais étaient réputés. La langue maltaise elle-même est issue du métissage de l'arabe et de l'italien. Les Tunisiens s'y reconnaîtront. D'autant plus que certains linguistes font même état de l'origine carthaginoise de la langue maltaise. Si cette thèse est controversée, toujours est-il qu'il s'agit de la seule langue européenne partiellement arabe écrite avec l'alphabet latin. Cette caractéristique culturelle unique leur a permis d'établir des réseaux commerciaux dès leur arrivée. Du XVIIIème siècle et jusqu'au milieu du XXème, les visiteurs Nord-européens considéraient même la communauté maltaise de Tunisie comme une «population intermédiaire», un pont jeté entre Orient et Occident. Un contexte historique très favorable donc, et autant d'affinités (culturels) qui peuvent notablement contribuer à renforcer naturellement les échanges. Les Tunisiens, grands amateurs de métissage devant l'Eternel, apprécieront.