Réuni, le 25 septembre pour son enclave mensuel, le conseil d'administration de la BCT a mis en valeur la poursuite de la croissance de l'économie mondiale, à un rythme relativement soutenu. Il estime cependant que cette croissance «demeure confrontée à un climat d'incertitude lié surtout à l'instabilité du marché pétrolier». C'est dans cette conjoncture qu'a aussi évolué l'économie tunisienne. En Tunisie donc, les membres du Conseil d'Administration estiment que «l'amélioration du rythme de l'activité économique se poursuit à la faveur, notamment, d'une bonne saison agricole, de la reprise du secteur industriel, du secteur touristique et de celui du transport aérien, ainsi que de la progression soutenue des échanges commerciaux». Resserrement de la trésorerie chez les banques Sur le plan monétaire, le communiqué de la BCT indique une progression, au cours des huit premiers mois de 2004, de l'agrégat M3 avec un taux de 7,9% contre 6,2% pour la même période 2003 . De leur côté, et sous l'effet notamment de l'amélioration du rythme de l'activité économique, les concours à l'économie, du secteur bancaire, se sont accrus de 4,6% contre 3,5% en 2003. Autre agrégat ou ratio, non moins important pour le secteur bancaire, l'état de sa trésorerie. Pour participer au financement de l'économie, et donner des crédits aux entreprises qui investissent, les banques se financent , en partie, auprès de la Banque Centrale. Au mois d'août, selon les chiffres de la BCT, «la trésorerie des banques a connu un léger resserrement». Le volume global moyen de leur refinancement auprès de la Banque Centrale est en effet passé de 631 MDT en juillet à 657 MDT en août. Déjà, cette trésorerie des banques, «après avoir connu une amélioration, en juin 2004, s'était de nouveau resserrée, se traduisant par une augmentation du volume global moyen de refinancement des banques auprès de la Banque centrale qui est passé de 303 MDT, en juin, à 631 MDT en juillet 2004». Décryptage : Qu'il y ait eut plus de liquidité injectée dans l'économie du pays, cela veut dire selon les analystes financiers de la place, que le crédit a soit financé l'économie, ce qui devrait se traduire par de la croissance et de la création d'emplois, soit accentué l'endettement des entreprises. Le resserrement de la trésorerie des banques, toujours selon les analystes, pourrait avoir pour origine un manque de recouvrement des créances des banques sur les entreprises. Ce dernier ratio se confirmerait, au moins par les hausses visibles des provisionnements chez les banques. Cette différence entre l'évolution de la masse M3 (+7,9%) et de l'inflation (+4,6%) représenterait cependant le taux de croissance réelle, réalisé par l'économie tunisienne pendant cette période des 8 premiers mois de l'année. Dans un commentaire, appelé tendances, l'association professionnelle des banques estimait que «pour les banquiers centraux, compte tenu de ces réalisations, les taux d'accroissement attendus des agrégats monétaires pour toute l'année seraient en harmonie avec les objectifs fixés» ! Les choses semblent depuis aller mieux, puisque la BCT affirme qu'«au cours des vingt premiers jours du mois de septembre, la trésorerie des banques a connu une détente ». Baisse de l'indice général des prix Par ailleurs, l'indice général des prix à la consommation familiale a diminué de 0,1% en août 2004, confirmant la détente des prix, attendue pour le second semestre de l'année, sous l'effet notamment de la baisse des prix des produits alimentaires et de l'habillement. Ainsi, le glissement des prix par rapport à décembre de l'année écoulée s'est situé à 1,2%, alors que le taux moyen d'inflation a atteint 4,6% pour les huit premiers mois de l'année contre 2% durant la même période en 2003. Hors alimentation, le taux moyen d'inflation s'est établi à 3,1% contre 1,9% l'année précédente. Sur le marché des changes, et depuis le début de l'année et jusqu'au 20 septembre 2004, le dinar a enregistré une baisse de 1,1% par rapport à l'euro. A la lumière de ces résultats, le Conseil d'Administration a décidé de maintenir inchangé le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie. Restait à savoir si cette baisse était due à une appréciation de l'euro ou à un glissement du dinar tunisien. En effet et de l'avis des cambistes de la place, si l'euro s'apprécie contre l'une des monnaies et notamment contre le dollar US, il est normal que le dinar se déprécie contre l'euro. Ce qui est important, c'est de savoir s'il y a eu ou non glissement du dinar. Pour le savoir, toujours de l'avis des cambistes, il faudrait surveiller simultanément la parité Dinar-Euro et Dinar-Dollar.