Attendu depuis plus de trois mois le président de la République l'ayant bloqué, Mehdi Jomaa vient d'opérer un mouvement des chefs de postes diplomatiques et consulaires. Neuf postes d'ambassadeur ont été touchés, à savoir Paris (France), Genève (Suisse), Berne (Suisse), Vienne (Autriche), Berlin (Allemagne), La Valette (Malte), Doha (Qatar), Sanaa (Yémen) et Riadh (Arabie Saoudite); et quatre consuls généraux: Paris, Marseille, Bonn et Milan. Jusque-là tout va bien ou presque. Sauf que, parmi ces nominations, une particulièrement met mal à l'aise certains tunisiens, c'est celle de Ghazi Jomaa, nommé à Vienne (Autriche). Comme on l'aura deviné, il s'agit du frère aîné du chef du gouvernement tunisien, et ce même si, par ailleurs, il est présenté en tant que diplomate de carrière. Du reste, le syndicat du ministère des Affaires étrangères, d'habitude très vigilant, approuve l'ensemble des nominations. Mais si la nomination du frère du Premier ministre est problématique, quelque part, c'est parce qu'en général le couple politique-argent fait rarement ménage propre. Même dans les pays où la démocratie est ancrée dans les murs depuis plusieurs siècles, à plus forte raison s'il s'agit d'un pays arabe et africain. Alors, plusieurs questions s'imposent: la Tunisie manque-t-elle de compétences diplomatiques neutres au point de n'en trouver que dans les familles des ministres en place? Le chef du gouvernement n'est pas sans savoir que le plus grand reproche fait à la Troïka concernait les nominations partisanes. Dans ce cas, pourquoi avoir pris le risque de nommer son frère à un poste éminemment politique, fût-il compétent et neutre? Pourquoi ce risque? On ne doit tout de même pas tolérer pour ce gouvernement ce qu'on a dénoncé pour la Troïka. Et ce même si Ghazi Jomaa est à trois ans de l'âge de la retraite. A noter que Ghazi Jomaa a été ambassadeur de Tunisie à Buons Aires (Argentine), à Istanbul (Turquie), puis Représentant permanent auprès de l'ONU à New York. Soit. Ensuite, Mehdi Jomaa sait pertinemment comment la Tunisie a souffert des nominations des proches des membres du gouvernement au temps de Bourguiba et de Ben Ali à des postes de responsabilité. Rappelons au passage que la nomination de la sur de Socrate en tant que maire d'une localité à Béja avait fait couler beaucoup d'encre il y a quelques mois. Cela aurait dû être un (petit) avertissement. Car, les Tunisiens ne sont plus près à subir ce genre d'agissements. Rappelons encore une fois que, quand on est technocrate, on se doit d'être irréprochable. Ce qui n'est pas le cas de cette nouvelle nomination. Ceci étant, on remarque que quatre femmes figurent parmi les nouveaux ambassadeurs et consuls généraux. Et à quelques jours de la Fête de la femme, cela peut être considéré comme un geste fort. Voici la liste de nouveaux ambassadeurs: Vienne: Ghazi Jomâa Berlin: Néjib Ménif Paris: Mohamed Ali Chihi Genève: Walid Doudech Berne: Sémia Zouari Gorgi La Valette: Narjes Dridi Doha: Slaheddine Salhi Sanaa: Ali Ben Arfa Ryadh: Lotfi Belgaied. Liste des nouveaux consuls généraux: Paris: Nedra Raïs Drij Marseille: Naceur Essid Bonn: Sonia Ben Amor Milan: Karim Boudali.